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#Critique Star Trek: Discovery : la vision d’une série post-attentats

#Critique Star Trek: Discovery : la vision d’une série post-attentats

Note de l'auteur

Petit break dans la série de CBS/Netflix Star Trek: Discovery, dont le neuvième épisode a été diffusé ce lundi, avant un retour en fanfare prévu pour le mois de janvier. L’occasion de revenir sur cette odyssée de la rebelle Michael Burnham, tout en DIVULGACHAGE. (Pour la critique du pilote, c’est ici).

Il y a des petits bijoux que l’on aime suivre d’une aventure à l’autre. Celle de l’équipage du USS Discovery en fait partie. Pourtant mal embarquée, avec l’abandon en court de route du vaisseau amiral par le capitaine Bryan Fuller (qui a préféré s’engager dans American Gods, critique ici), cette jolie surprise n’est certes pas exempte de défauts. Mais une chose à la fois.

La part belle est donnée dans ce Star Trek à un seul personnage. Il s’agit de Michael Burnham, tête brûlée pourtant éduquée à la sauce vulcain (comme quoi, la logique peut être une excuse à tous les excès) et dont les parents adoptifs ne sont autres que Sarek et Amanda, parents du fameux Spock. C’est de son point de vue que nous voyons la majorité des épisodes, que nous observons la vie sur le vaisseau et découvrons ses objectifs. C’est avec son humanité, ses maladresses et ses peurs que nous avançons dans la série. Pont entre les civilisations, elle est pourtant aussi au centre de toutes les tensions.
Car Star Trek: Discovery est aussi une allégorie d’un monde post-attentats. Ainsi, chaque faction possède ses traitres, ses meurtriers, ses extrémistes, ses complotistes. Burnham est une criminelle de guerre, une rebelle, sur qui repose la responsabilité du conflit contre les Klingons. Pourtant, les Klingons se déchirent aussi entre eux, aux cris d’un sang toujours pur quand certains suivent les préceptes d’un messie sacrifié dans les premiers épisodes, T’Kuvma. Les Vulcains ne sont pas en reste, et Sarek en fera les frais, victime d’une frange dure de son peuple. La violence et la mort frappent donc même au cœur des ambassades diplomatiques, et chez les peuples qu’on pensait les plus pacifiques (même le lieutenant Saru nous surprendra plus d’une fois). Le capitaine du Discovery, Gabriel Lorca, n’est pas net non plus. Obligé de vivre dans l’ombre suite à une blessure de guerre, il trahira aussi son amante, l’amirale Cornwell, qui souhaitait lui retirer la direction de son vaisseau. Comme l’indique sa maladie, il joue un double-jeu, oscillant entre le bien et le mal. Lorca n’hésite pas non plus à désobéir aux ordres directs, en mettant en jeu la santé et la vie d’un de ses plus précieux atouts, le lieutenant Stamets. Bref, la série se passe en temps de guerre et tout est fait pour ressentir une atmosphère lourde, poisseuse. Qu’il s’agisse des cicatrices de Keyla Detmer, ou du syndrome post-traumatique du chef de la sécurité, Ash Tyler.

Ainsi, le but de cette série n’est pas la découverte de nouveaux horizons. Mais bien la découverte d’une arme, qui permettra d’arrêter la guerre. Il y a un but, précis, en tension à travers tous les épisodes. Un but mortifère : gagner la guerre, mais à quel prix. C’est donc un Star Trek sombre qui s’est dessiné. Haletant, et aux images de toute beauté, un Star Trek qui donne la part belle à des actrices et acteurs de talents, de couleurs de peau, de sexualités et d’âge différents. Mais cette chasse à la paix se fait au détriment d’une cohésion à bord du vaisseau. Tant de personnages ne restent que survolés, et on a plus l’impression d’être dans un huis clos que dans un vaisseau qui abriterait des milliers de personnes. On voit dans le fond de la passerelle des personnages qu’on aimerait découvrir, avec qui on aimerait parler. Je regrette ainsi l’absence totale jusqu’à présent, de communication entre Burnham et Detmer, qui sont pourtant deux survivantes de l’USS Shenzhou. Le récit reste par trop focalisée sur son héroïne et empêche le développement d’une vie qui rendrait plus attachant, et par là plus crédible, l’équipage du Discovery.
On voit la diversité, cette femme noire au poste sur la passerelle, ce drôle d’androïde ici, ce couple de femmes enlacées pendant une soirée, cet homme en fauteuil roulant. On voit la pluralité des situations qui pourraient exister, du cadet Tilly qui joue la séduction, à Saru qui prend son repas seul à la cantine. Mais on ne la sent pas vivre. Tout reste focalisé sur Lorca et sa quête frénétique contre les Klingons. On se met à apprécier des épisodes de boucle temporelle (épisode 7, Troubler l’esprit des sages), ficelle pourtant éculée, parce qu’enfin, on peut visiter le Discovery. L’équipage manque d’épaisseur, et si on est vraiment content de voir les performances de James Frain en Sarek, on aimerait en savoir plus sur ces presque inconnus qui vivent au quotidien avec Burnham.

L’autre point négatif est aussi une promo acharnée, qui a presque trop dévoilé avant la diffusion. On connaissait déjà les couples et les enjeux de chaque personnage avant même leur entrée en action. Même sans faire de recherche extensive sur le sujet. Les acteurs parlaient des failles de leur personnage avant qu’on ait pu voir leur visage sur l’écran. Avec Star Trek: Discovery, le guide du tournage, le fan-book, le chara-design ou autre, se sont écrits avant même qu’il y ait pu avoir un phénomène de communauté de fans. Avant même la célébration de sa réussite, la série s’est marketée. C’est d’autant plus dommage, qu’elle n’en a pas besoin. Star Trek: Discovery est un vrai plaisir pour le profane comme l’expert, même si certaines situations sont plus que prédictibles (surtout avec ce final de mi-saison, suis-je la seule à hurler : mondes parallèles my old friend ?).

Star Trek: Discovery
Diffusée en France sur Netflix, au rythme d’un épisode par semaine en US+24
Série créée par Bryan Fuller et Alex Kurtzman
Avec Sonequa Martin-Green, Doug Jones, Shazad Latif, Anthony Rapp, Mary Wiseman, Jason Isaacs

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