#Critique Star Wars : Les Derniers Jedi

#Critique Star Wars : Les Derniers Jedi

Note de l'auteur

Derniers remparts de la Résistance, Leia, Luke, Rey, Poe et Finn affrontent le terrifiant Snoke et sa horde de nuisibles. Plus réussi que Le Réveil de la Force, cet épisode 8 séduit, mais la magie n’est définitivement pas de ce côté-ci de la galaxie.

 

Pas évident de faire la critique d’un Star Wars. Une saga intergalactique de huit films tournés sur 40 ans, un spin off, des tas de dessins animés, des jeux vidéo, des milliards en merchandising et produits dérivés, des fans en délire dans le monde entier… On est plus dans la mythologie et le phénomène de société que dans le cinéma et depuis des années, l’Épisode 1 pour ne pas le citer, on a de (tout) petits films pour un immense phénomène. Il y a deux ans, la licence, rachetée par Disney Corp pour 4 milliards de dollars, était de retour avec Le Réveil de la Force, nouvel épisode d’une nouvelle trilogie, avec J. J. Abrams derrière la caméra. Sauf que JJ n’est pas un metteur en scène, c’est un showrunner, un mec qui pense en termes d’orientation globale, capable de donner la direction de la nouvelle trilogie. Mais l’Épisode 7 n’était qu’un best-of sans aucune idée de cinéma, un catalogue de jouets, un opus régressif, raté, avec une intrigue simpliste, avec un JJ n’arrivant pas à torcher une seule scène iconique. Sorti à Noël dernier, Rogue One, spin off inspiré, était quant à lui une bouffée d’air frais dans l’univers Star Wars, un vrai film de commando, speed et jouissif. Pour Les Derniers Jedi, je m’étais donc pris à espérer surtout avec Rian Johnson, le metteur en scène de Looper, au scénario et derrière la caméra (j’ai du mal à croire que JJ n’a pas écrit intégralement l’arc narratif de la trilogie). Bon, à l’arrivée, le bilan est plus que mitigé…

 

L’histoire des Derniers Jedi débute juste après celle du Réveil. On retrouve Rey et Luke Skywalker sur l’île paumée d’Ahch-To, tandis que la guerre fait rage entre les derniers membres de la Résistance et le Premier Ordre, mené par le très méchant et balafré Snoke. Rey va tenter d’entamer une formation accélérée de Jedi, avec un Skywalker pas vraiment enthousiaste. De leurs côtés, la princesse Leia, Poe ou Finn tentent d’échapper à la rage de Snoke et de son âme damnée, Kylo Ren dans l’espace, dans la ville de Canto Bight, la planète Crait, au milieu de X-Wings, des AT-AT, de créatures diverses et variées, dont les Porgs, futur carton de Noël, peluches irrésistibles avec les yeux du Chat potté.

 

Pour son scénario, Rian Johnson démultiplie les intrigues. Son film est construit comme le final de l’Épisode 6, ou comme une série TV avec plusieurs arcs narratifs qui se mêlent et s’entrecroisent. Il multiplie les personnages secondaires ou les bestioles (pour vendre des jouets ?), les intrigues, mais tout ne fonctionne pas et à l’arrivée, le film – le plus long de la saga – dure 2h30, peut-être 30 minutes de trop. Certaines scènes de bastons interstellaires sont inutilement étirées, d’autres inutiles, comme celle assez atroce à Canto Bight, la ville-Casino, avec le personnage très dispensable appelé DJ, qui sera probablement un pivot de l’Épisode 9. Entre deux considérations sur la Force et l’équilibre du monde, Rian Johnson parle de l’échec (« le meilleur professeur »), du sacrifice et de ce qui fait de nous des hommes. Il fait surtout la part belle aux femmes, avec Rey, Leia, mais aussi deux nouvelles venues, Rose Tico (Kelly Marie Tran), technicienne d’origine asiatique, ou encore la vice-amirale Holdo, incarnée par une Laura Dern en moumoute rose. Le motif féminin imprègne tellement le film que Rian Johnson semble avoir perdu pied, surtout dans une prod Disney : quand Rey s’enfonce dans le côté obscur, elle plonge dans un trou, noir, poilu et humide. Véridique ! Quand Luke pénètre dans une grotte, on a l’impression d’être dans un remake à 200 millions de dollars de Calmos, à l’intérieur d’un vagin… D’ailleurs, il est souvent question de portes que l’on ne parvient pas à ouvrir, d’espaces qu’il faut pénétrer, de serrures qui résistent… Et que penser de la fente béante sur le sommet du crâne de Snoke ? Il voit des foufounes partout, ce cher Rian ?

Bon, il n’y a pas que des muqueuses dans Les Derniers Jedi. Il y aussi des créatures velues (Chewie et un bestiaire top kawaï pour les petits), une série de duels au sabre laser et de combats entre des X-Wings et des croiseurs XXL. Johnson n’étant pas manchot, certaines scènes décollent. Je pense notamment à la baston entre Kylo, Rey et des gardes impériaux, mais aussi le titanesque combat final, très graphique, avec les traces rouges sur la surface blanche de la planète (c’est du sel), véritable hommage à L’Empire contre-attaque. Mais très souvent, le temps semble long. C’est prévisible et convenu, donc pas toujours passionnant. On se doute bien que si Skywalker fait la gueule au début, il finira bien par aider la jeune padawan. Même chose pour Snoke, Leia ou Poe qui suivent des trajectoires ultra-balisées. Pourtant, ce que veut le fan, c’est de l’inédit, du jamais-vu, être transporté au-delà de ses désirs, de ses rêves les plus fous, pas de suivre le cahier de charges d’un as du marketing mercantile, obsédé par les contrats avec Renault ou Coca Zéro.

Pour conclure, on peut dire que Rian Johnson fait le job. Les fans seront ravis de retrouver Luke Skywalker dans un rôle de premier plan (pas comme la potiche Han Solo dans L’Éveil), la princesse Leia ou d’autres personnages qu’ils adorent, mais je ne vais pas vous spoiler LA grosse surprise. Ce qui manque néanmoins au Derniers Jedi, c’est la magie des premiers Star Wars, cette mythologie qui nous faisait vibrer, quand la Force voulait encore dire quelque chose. Ou une approche différente, comme Rogue One qui trouvait un équilibre périlleux entre l’ADN de la première trilogie de George Lucas et une réinvention plus moderne du mythe.

 

 

 

Star Wars : Les Derniers Jedi
Réalisé par Rian Johnson
Avec Mark Hamill, Carrie Fisher, Adam Driver, Daisy Ridley, Oscar Isaac
En salles le 13 décembre 2017

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