
On a lu…Star Wars (T1) de Jason Aaron et John Cassaday
A deux mois et quelques jours du débarquement du film le plus attendu de l’année, l’offensive Star Wars commence à se mettre en branle à tous les niveaux. C’est dans cette période propice que débarquent en librairie les aventures des rebelles et de l’Empire façon Marvel. Fer de lance de cette nouvelle collection, la série Star Wars de Jason Aaron et John Cassaday est-elle à la hauteur des espérances ?
Il y a bien longtemps dans une galaxie lointaine appelée les années 70, Marvel éditait déjà les aventures de Star Wars en bandes dessinées. En fait, pendant dix ans, la Maison des Idées fut l’éditeur du comics Star Wars et proposa des dizaines d’aventures dans l’univers initié par George Lucas. C’est à partir de 1991 que l’éditeur Dark Horse récupéra la licence et fut le maître d’œuvre de l’univers étendu à travers des dizaines et des dizaines de séries et miniséries. Avec le rachat par Disney de Marvel puis de Lucasfilms, il était certain que Star Wars allait revenir dans le giron de l’éditeur de Spider-man et des Avengers. C’est chose faite depuis 2015 mais avec une approche bien différente qu’il y a trente-huit ans.
Alors que le premier comics Star Wars s’amusait un peu dans son coin avec les personnages et l’univers sans que cela ait une incidence sur les films, la nouvelle ligne mise en place par Marvel affiche une plus grande ambition. Après avoir annoncé que l’intégralité des histoires précédemment publiées n’était plus considérée comme faisant officiellement partie de l’univers Star Wars (étendu ou non)¹, l’éditeur utilisa ses points forts pour s’imposer. C’est tout d’abord des équipes créatrices renommées au commande de plusieurs séries et miniséries (Jason Aaron, Mark Waid, Kierron Gillen, Greg Rucka, John Cassaday, Alex Malev, Terry Dodson…), puis la mise en place d’un univers partagé et interconnecté entre ces séries, et enfin la confirmation que ces histoires sont considérées comme officiel et faisant partie intégrante de l’univers cinématographique. Ce qui se passe dans ces bd, pourra être cité dans les films à venir.
Autant dire que la pression était assez énorme pour Jason Aaron et John Cassaday en charge du navire amiral Star Wars. Tout simplement le titre qui (re)lance les aventures dans une galaxie lointaine (il y a bien longtemps). Entre nécessité de respecter l’univers et liberté créatrice légitime, le dilemme n’est pas simple à résoudre. Pour ne rien simplifier, les aventures de cette nouvelle série se déroulent entre les épisodes IV et V, avec ce que cela implique comme obligation de coller à un cahier des charges bien épais. Les personnages sont connus et cernés dès le départ et doivent évoluer vers les héros qui apparaissent au début de L‘Empire contre-attaque.
On comprend mieux alors à quel point le challenge est tentant à relever pour un Jason Aaron qui s’en tire avec les honneurs. Déjà connu pour ses excellents Wolverine & the X-Men, son magnifique Thor et, bien sûr, l’immanquable Scalped, le scénariste prend Star Wars à bras le corps. On n’échappe malheureusement pas aux passages obligés tel ce voyage sur Tatooine (le coin perdu de la galaxie le plus visité de l’univers) ou bien encore l’apparition de Boba Fett (le personnage devenu célèbre par son mutisme et sa faible présence devenue aussi exploitée qu’un travailleur sans papier). L’intelligence d’Aaron se trouve alors dans l’utilisation de ce fan-service inhérent à cette reprise afin de le mettre au service de son projet.
Au cours de l’attaque d’une base de l’Empire qui ouvre le premier épisode, Luke tente d’utiliser la force en prenant modèle sur son maître. En faisant référence à la scène de Star Wars où Obi-Wan Kenobi manipule les Stormtroopers recherchant R2-D2 et C-3PO, le scénariste joue sur notre connaissance de l’œuvre et sur un célèbre échange. Cependant, il évite la référence lourdaude par un désamorçage bienvenu qui met, de plus, particulièrement bien en lumière l’arc narratif de Luke Skywalker. Héros de la rébellion à la fin du premier film, il apparaît ici comme en proie au doute et à l’incertitude. Sans maître pour le guider dans la maîtrise de la Force, que va-t-il pouvoir faire ? Les six premiers épisodes composant ce premier album seront donc l’occasion pour le scénariste et un John Cassaday (proposant ici un travail bien meilleur que ses dernières productions) de débuter la construction d’un personnage faisant la jonction entre le courageux et naïf fermier de l’épisode IV et le commandant plus affirmé de L’Empire contre-attaque. Le tout en mettant parfaitement en évidence sa capacité à concilier tous les aspects de son être (fermier, pilote et chevalier jedi) qui en font sa force et sa particularité.
A l’inverse, Dark Vador n’a plus vraiment la grâce de son maître et si ses aventures font l’objet d’une série à part (sur laquelle nous reviendrons également), le scénariste de Wolverine n’hésite pas à le confronter avec celui qui a détruit l’Étoile Noire et dont il ignore encore le lien qui les unis. Il en profite également pour le mettre en valeur face aux rebelles. Défait mais pas battu, le seigneur Sith prouve encore une fois sa puissance face aux machines de l’Empire détournés par l’Alliance. Série chorale, Star Wars met également en avant l’audace d’un Han Solo dont le passé semble ressurgir et la combativité d’une Leia Organa qui met souvent en péril la vie de ses camarades. A la différence d’une prélogie berçant entre l’aventure rococo et la politique pour les nuls, la trilogie originale tirait sa force du lien indestructible du groupe d’amis se formant dans le premier film. Ce qui plait alors d’emblée dans la série de Jason Aaron, c’est de retrouver ce lien et de le confronter à une situation inédite où l’Alliance Rebelle a le dessus (provisoire) sur un Empire déstabilisé.
La pertinence d’un tel projet (doit-on vraiment tout savoir ?) s’efface rapidement devant l’enthousiasme que l’on ressent face aux nouvelles aventures des héros de La Guerre des étoiles. Inaugurant un univers connecté et partagé (certains événements contés ici sont évoqués dans d’autres séries), la série Star Wars remporte tous les suffrages. Énorme succès qui ne se dément pas aux USA, on souhaite le même parcours pour une série qui en vaut la peine.
Star Wars – Tome 1 : Skywalker passe à l’attaque (100% Star Wars, Panini Comics, Marvel Comics) comprend les épisodes US de Star Wars #1 à #6.
Écrit par Jason Aaron
Dessiné par John Cassaday
Prix : 17.50 €
Critique basée sur les épisodes parus dans la revue Star Wars
¹ Sans toutefois mettre les œuvres à la poubelle puisque l’éditeur mit en place toute une vague de réédition à faible coût tandis qu’en France, l’éditeur Delcourt conserve les droits sur ces séries et continue les publications.
Ça va me rappeler mes Titans de ma jeunesse
Très bon texte pour une très bonne série !