
Earth Defense Force: Iron Rain – Le Starship Troopers Made in Japan
Earth Defense Force est une licence atypique qui a vu le jour il y a presque 20 ans au Japon. Le premier opus, sorti sur Playstation 2 sous le nom de Volume 31: The Chikyu Boeigun ou Monster Attack en occident, faisait partie d’une compilation appelée Simple Series dans laquelle on retrouvait des jeux niches à très petit budget. Développé par le studio Sandlot et édité par D3 Publisher, le jeu présentait déjà toutes les caractéristiques de la future série Earth Defense Force, c’est-à-dire un TPS complètement déjanté où il faut exterminer – sans vraiment se soucier des dommages collatéraux – des hordes d’insectes, des kaijus et robots géants afin de sauver notre précieuse Terre.
Derrière le côté série Z et kitch assumé et typiquement japonais, les Earth Defense Force (EDF) sont des titres sans prétention qui misent avant tout et surtout sur le fun manette en mains plutôt que la claque graphique, affichant un petit air résolument « old-school » qui plaira sûrement aux vieux de la vieille. Malgré son aspect jeu de niche et une réalisation technique horrible, la licence s’est rapidement constitué une base de fan non négligeable permettant ainsi la sortie de neuf épisodes.
En 2011, D3 Publisher confiait aux américains de Vicious Cycle le développement d’un spin-off spécialement pensé pour séduire le public occidental. Correct mais loin d’être aussi épique que les autres opus de la série, EDF: Insect Armageddon fut un échec. Mais probablement motivé par le regain d’intérêt des joueurs gaijins pour les jeux nippons (merci Yakuza 0 et Persona 5 !), l’éditeur japonais retente le coup et annonce à l’occasion du Tokyo Game Show 2017 un nouveau spin-off plus sérieux et surtout plus beau intitulé EDF: Iron Rain. Contrairement à Insect Armageddon, le développement fut cette fois-ci confié à un studio japonais basé à Osaka. Grand spécialiste des jeux de catchs avec WWE et Smackdown vs Raw pour 2KSports, Yuke’s a eu la lourde tâche de combiner toute la démesure d’un EDF classique avec la qualité technique d’un AA moderne.
Je suis de Buenos Aires et je dis, TUONS LES TOUS !
Grosse nouveauté pour la série, EDF: Iron Rain essaye d’introduire un semblant de scénario et de mise en scène. En 2028, la Terre fut soudainement attaquée par des envahisseurs aliens. Un énorme vaisseau mère fit le tour du monde en seulement trois jours en déversant sur les villes des hordes d’insectes géants et autres créatures titanesques. Pour stopper l’invasion, les armées du monde entier s’effacèrent pour former une entité unique, la Earth Defense Force. En 2032, les ingénieurs humains ont réussi à développer une nouvelle technologie d’exosquelettes appelée PA-Gear donnant aux soldats une force surhumaine et une super agilité. Les forces spéciales, équipées du PA-Gear, réussirent à stopper les aliens lors d’un assaut massif à Los Angeles contre le gigantesque vaisseau-mère. Mais le prix de la victoire fut trop élevée, la Earth Defense Force perdit plus de la moitié de ses troupes dont toutes les forces spéciales. Le jeu commence en 2040 et malgré la victoire sept ans plus tôt, la Terre est toujours sous le contrôle des insectes qui se sont multipliés. Plus sérieux que les autres épisodes de la série, EDF: Iron Rain est en même temps l’opus le plus drôle. Entre les dialogues ridicules, les clichés par paquet de dix et les voix japonaises, vous aurez le droit à un Starship Troopers nippon sous stéroïdes complètement WTF !
Développé sur l’Unreal Engine 4, EDF: Iron Rain bénéficie d’une réalisation technique soignée et marque un vrai bond en avant pour la série. Très propre, le jeu perd néanmoins en fluidité avec un framerate en dents de scie sur PS4 Slim. Mais cela reste compréhensible. EDF: Iron Rain reprend la formule des autres opus et affiche un nombre impressionnant d’ennemis dans des grandes zones urbaines entièrement destructibles. Pour la première fois dans l’histoire de la série, EDF est enfin au niveau des autres productions AA d’un point de vue graphique et ça fait plaisir, même s’il reste encore beaucoup de choses à améliorer, notamment les animations qui restent trop rigides et datées.
Les seuls bons parasites sont les parasites morts !
Derrière son concept simpliste, EDF: Iron Rain cache un véritable beat’em all/run and gun à l’action frénétique dont seuls les Japonais ont le secret. Les développeurs ont réussi avec brio à garder le côté défouloir qui caractérise l’ADN des EDF. On retrouve un système d’armures avec les classiques Trooper (fantassin), le Heavy Striker (tank) et Jet Lifter (fantassin volant) ainsi que le nouveau Prowl Rider qui utilise des grappins façon Attack on Titans. Massacrer des vagues envahisseurs au milieu des bâtiments qui s’effondrent n’a jamais été aussi jouissif !
Les armes sont toujours aussi nombreuses et ont pour la plupart des munitions illimitées, de quoi satisfaire les fous de la gâchette. Mais attention, les armes les plus puissantes, souvent cruciales si le joueur se fait submerger, ont par contre des munitions limitées et il sera impossible d’en récupérer au milieu des ruines fumantes. De la même manière, votre amure possède également un mode Overdrive permettant de booster considérablement vos dégâts et minimiser le temps de recharge pendant un court laps de temps, mais seulement une fois par mission. C’est au joueur de bien juger la situation et faire bon usage de ce joker au moment décisif. Et croyez-moi, vous en aurez besoin pour défourailler les hordes de fourmis et araignées géantes ! Toujours aussi dingue, le bestiaire est rejoint par une faction humaine hostile appelée Kindred Rebellion qui se fera une joie de piquer votre loot pendant que vous essayez tant bien que mal d’abattre le petit frère de Godzilla.
Pour débloquer des armes, des objets ou améliorer les compétences de vos armures, il vous faudra engranger de l’argent en accomplissant les missions et en ramassant des energy gems. À l’inverse des anciens EDF où chaque classe avait son propre arsenal, dans EDF: Iron Rain vous avez accès à l’ensemble de vos armes depuis toutes vos armures, à condition bien sûr de les avoir achetées. Dernière petite nouveauté sympathique mais anecdotique, vous pourrez enfin personnaliser votre personnage principal. Au total, EDF: Iron Rain propose 50 missions (également jouables en coop local) qui devraient vous tenir largement occupés pendant de longues heures, d’autant plus que le jeu encourage énormément le scoring et le grind si on veut avoir toutes les armes. Les amateurs de challenge seront aussi servis, EDF : Iron Rain n’échappe pas à la règle de la licence et propose cinq modes de difficultés dont un quasi-impossible surnommé Apocalyptique (bonne chance !).
Conclusion
Avec Earth Defense Force: Iron Rain, la licence tient enfin un opus faisant office de parfaite porte d’entrée pour les néophytes. Grâce à sa solide réalisation technique et des graphismes enfin acceptables pour cette génération de consoles, les amateurs de la série n’auront enfin plus honte de proposer un EDF lors des soirées Pizzas. Tout comme ses prédécesseurs, EDF: Iron Rain n’est certes pas le jeu le plus beau, mais il est assurément l’un des titres les plus amusants (surtout en coop) auxquels j’ai joué cette année. Préparez-vous à des fous rires devant le sérieux nanardesque du scénario, à des moments tendus quand les vagues de fourmis semblent ne jamais s’arrêter et des combats complètement fous contre des aliens insectoïdes gargantuesques !
Earth Defense Force: Iron Rain
Développeur : Yuke’s
Éditeur : D3 Publisher
Prix : 60 €
Disponible : PS4/PS4 Pro