
On a lu…The Autumnlands (T.1) de Kurt Busiek et Benjamin Dewey
Mis en avant par Urban Comics lors du Free Comic Book Day, The Autumnlands arrive aujourd’hui dans les rayonnages. Déjà emballé par un dessin et un parti pris auquel on adhère toujours, voilà que nous découvrons une histoire enthousiasmante. Mais est-ce une surprise quand on voit qui est aux commandes ?
Dans un monde divisé entre Ceux Qui Vivent Au-Dessus et les tribus plus sauvages de la Plaine, la magie, garante de l’équilibre, vacille. Pour la revitaliser, les plus grands mages se réunissent secrètement et, dans un dernier espoir, invoquent la prophétie du Sauveur. Malheureusement, la cérémonie provoque la chute de la cité et sa destruction. Réduite au niveau des peuples de la surface, à la merci des terribles bisons, la société se relève et découvre stupéfaite l’apparition de leur prophète.
Moins populaire qu’un Rick Remender, un Mark Millar, un Robert Kirkman ou une Kelly SueDeconnick, Kurt Busiek fait partie de ces scénaristes participant au socle de la bande dessinée par des œuvres souvent excellentes, parfois grandioses et rarement mauvaises. Bref, de ces artistes qui, loin de la hype, produise des histoires qui resteront. Autant vous dire que c’est ce genre de personnages qu’on apprécie surtout quand ils sont à l’origine d’un des plus grands récits de tous les temps sur Superman.
Scénariste de Marvels avec Alex Ross et d’Astro City, Kurt Busiek eu toujours la volonté de traiter le super-héroïsme par le prisme de l’homme de la rue. On le voit dans le personnage de Phil Sheldon, ce photographe témoin des grands moments de l’univers Marvel (la création de la Torche, l’arrivée de Galactus, la mort de Gwen Stacy), ou bien dans ce Clark Kent observateur extérieur de ses contemporains dans le sublime Superman – Identité Secrète.
Busiek va employer de nouveau ce traitement afin d’apporter une approche originale à un récit d’heroic fantasy dont les choix artistiques lui confèrent également une patte unique. En effet, racontant les péripéties d’un monde basé sur une magie dont la source décline de plus en plus, The Autumnlands met en scène des animaux anthropomorphes. Plongé dans un bestiaire incroyablement varié et, surtout, magnifique, le lecteur découvre les caractéristiques d’un univers reposant sur un système de caste qui se voit bouleversé après l’arrivée d’une ancienne légende.
En ne faisant pas de ce dernier le personnage principal de son intrigue (ce qui n’amoindrit pas son importance, loin de là) et en suivant l’aventure du point de vue du jeune Dunstan, le scénariste décale donc un récit classique du sauveur venu d’un autre monde, tel un John Carter, en accentuant d’ores et déjà sa portée mythologique. Une portée déjà mise en avant par des ouvertures d’épisodes sur d’anciens récits d’exploits que le héros est censé avoir accompli. Ce décalage permet donc de conserver une sorte d’aura au champion tout en pouvant jouer avec un personnage plus fragile et malléable.
De fait, Kurt Busiek perpétue le principe de la vision de l’homme de la rue (même si on a ici affaire à un Bull Terrier) sur des êtres inaccessibles a priori. À charge alors au récit d’en démontrer les failles et c’est ce qui arrive au fur et à mesure d’une aventure constituée d’une multitude de personnages tous plus passionnants les uns que les autres. Malgré la présence d’archétype (l’opportuniste, le voleur, le magicien), ils n’en restent pas moins très bien décrits et disposant de facettes multiples contribuant à leurs richesses.
Très bien rythmé et passionnant, on dévore ces six premiers épisodes de The Autumnlands. Au croisement de Kamandi et de John Carter, la nouvelle série de Kurt Busiek arrive à faire du neuf avec du vieux. Portée, enfin, par les dessins magnifiques de Benjamin Dewey, voilà une lecture totalement enthousiasmante qui confirme le talent d’un auteur pas assez reconnu sous nos latitudes.
The Autumnlands – Tome 1 : De griffes et de crocs (Urban Indies, Urban Comics, Images Comics) comprend les épisodes US de The Autumnlands #1 à #6
Écrit par Kurt Busiek
Dessiné par Benjamin Dewey
Prix 10,00
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