
#Critique The Ghost in the Shell 2: Man-Machine Interface
Initialement publié en 2001 au Japon, voici que débarque la réédition du second tome de Ghost in the Shell, intitulé The Ghost in the Shell 2 : Man-Machine Interface. Autant vous prévenir tout de suite, rien ne vous prépare à la lecture de ce monument cyberpunk ! Vous trouviez le premier tome, complexe et difficilement appréhendable ?! Vous risquez fort de vous casser les dents sur cette suite aussi cryptique qu’impénétrable. Masamune Shirow nous plonge en immersion totale dans son cyberspace et nous asphyxie de termes technophiles. On en ressort lessivé avec l’impression d’avoir subi les choses plus que de les avoir vécues. N’en reste pas moins une œuvre matricielle et très en avance sur son temps qui a toujours su rester une référence absolue.
Depuis sa fusion avec le Puppet Master, Motoko est devenue une entité cybernétique quasi omnisciente qui aide le groupe d’investigation du Poséidon, chargé de maintenir la paix mondiale. Elle est désormais un « ghost » surpuissant, disposant d’une multitude de « shell », des corps d’usage disposés aux quatre coins du monde. En parallèle de ses actions, l’officier Tamaki Tamai, aux ordres du Bureau des Forces Spirituelles enquête sur des phénomènes perturbant l’univers temporel et dont Motoko serait l’une des causes. Si le premier tome était découpé en plusieurs enquêtes, ce second tome opte pour un récit continu qui flirte souvent avec une forme assumée d’abstraction. Masamune Shirow ne ménage pas les lecteurs, leur offrant une histoire cybernético -philosophico-mystique ultra-hermétique. Dès les premières pages, on se retrouve submergés d’informations et de dialogues qui en rebuteront plus d’un. Le jargon technique et informatique nous met rapidement K.O. et ne facilite absolument pas la lecture. Avec ce second tome, l’auteur embrasse son sujet et pousse sa réflexion sur l’humain, la conscience, l’intelligence artificielle et Dieu, encore plus loin… Il plonge corps et âme dans la « Hard Sci-Fi » visant un public de niche. GITS 2: Man-Machine Interface s’aborde comme une bible du « hacking » et de la cybernétisation, une hallucinante et fascinante allégorie sur la vie 2.0.
C’est ici l’occasion pour Shirow d’explorer plus en profondeur sa cybermatrice et de nous offrir un travail graphique très abouti. De nombreuses scènes se déroulent dans le réseau que l’auteur prend un véritable plaisir à dessiner. Ce tome bien plus que le précédent exploite les possibilités en alternant couleur et noir et blanc. De plus, le mangaka travaille de nombreuses planches sur ordinateur, superposant dessin 2D au crayon et 3D générée par ordinateur pour un rendu saisissant et en parfaite adéquation avec le propos. Son univers interconnecté trouve avec ce second tome, son essence, sa représentation, sa matérialisation. Vertigineux, fascinant et inaltérable, Man-Machine Interface est une œuvre pour initiés, un objet complètement hermétique, sans réelle prise à laquelle se raccrocher ou porte d’entrée. L’expérience peut s’avérer, il faut bien le dire, un peu laborieuse, mais elle reste, au même titre que de nombreuses œuvres SF tout aussi impénétrables, unique et enrichissante. L’éditeur Glénat, avec cette réédition, remet l’œuvre de Shirow au cœur du débat. Encore aujourd’hui, elle est essentielle et toujours autant d’actualité. Bref, indispensable ! Ne reste que quelques mois à notre cerveau pour se reposer avant l’arrivée du troisième et dernier tome, The Ghost in the Shell 1.5: Human Error Processor.
The Ghost in the Shell 2: Man-Machine Interface
De Masamune Shirow
Édité par Glénat