On a lu…The Infinite Loop (T.01) de Pierrick Colinet et Elsa Charretier

On a lu…The Infinite Loop (T.01) de Pierrick Colinet et Elsa Charretier

Note de l'auteur
Quand deux auteurs français arrivent à publier leur histoire au pays du comics et que celle-ci est un manifeste pour la tolérance et la liberté d’aimer, il n’en faut pas plus pour faire de The Infinite Loop un petit phénomène. Cependant, entre intention et concrétisation, il y a un chemin à prendre et dans lequel l’histoire s’embourbe un peu.

 

The infinite loop - 4L’histoire : Vivant dans un futur aseptisé, Teddy a pour mission de traquer et d’éliminer les anomalies temporelles qu’envoient notamment un groupe terroriste nommé les Forgeurs. Un travail dangereux et exigeant que la jeune femme accomplie avec talent aidée en cela par son partenaire, Ulysse. Tout se déroule pour le mieux jusqu’au jour où l’anomalie que traque Teddy se trouve être une femme dont elle va tomber amoureuse. Devenues fugitives et pourchassées de toutes parts, les deux amantes vont devoir faire preuve d’ingéniosité pour espérer s’en sortir et faire accepter leur amour.

 

Mon avis : Avec Sex Criminals de Matt Fraction et Chip Zdarsky, The Infinite Loop est probablement la série vedette de Glénat Comics. Il faut dire qu’avec un dessin plaisant et un propos sur la tolérance et la liberté d’aimer, la bande dessinée est très en phase avec son époque. Pour couronner le tout, les auteurs Pierrick Colinet et Elsa Charretier sont français. Ce qui ne gâche rien pour promouvoir une œuvre en mettant en avant l’ascension de ces derniers.

 

Ce qui plait d’emblée dans ce premier tome, ce qui nous fait y revenir même, c’est bel et bien son dessin. Dans la lignée d’un Bruce Timm ou d’un Darwyn Cooke, mais avec une mise en page éclatée et inventive nous rappelant notamment David Aja sur Hawkeye, Elsa Charretier nous emporte dans un univers dont les règles semblent surtout être un prétexte pour la mise en place de l’histoire d’amour. Outre des personnages beaux à regarder et une très bonne caractérisation, la dessinatrice s’amuse à éclater ses pages et à trouver moult idées afin de dynamiser le récit. C’est, par exemple, l’utilisation de motifs pour faire comprendre certains concepts ou bien encore cette manière de poser les choix de l’héroïne ainsi que les différentes conséquences qui en résultent. On retiendra surtout l’idée des différentes versions de Teddy au sein de son esprit. Une belle idée pour illustrer toute l’ambiguïté du personnage et la révolution qu’entraîne sa rencontre avec Ano.

 

The infinite loop - 3Si on regrette que le sujet de l’œuvre et sa mise en avant par l’éditeur (à travers une quantité de bonus très intéressants) fassent de The Infinite Loop une sorte d’étendard pour les minorités gays et lesbiennes au point d’en occulter son aspect artistiques (dans ses qualités et défauts), force est de reconnaître que l’histoire d’amour entre Teddy et Ano est très justement racontée. Malgré des personnages secondaires caricaturaux (le duo Noël et Leon), on appréciera davantage les questionnements de Teddy, les références à Jean-Paul Sartre et la belle métaphore du placard et du coming-out.

 

Il est par contre dommage qu’avec un tel dessin arrivant régulièrement à illustrer certaines idées pouvant facilement apparaître complexes, la série s’embourbe dans un trop-plein de dialogues et un surplace malheureux. Très rythmé à certains moments, The Infinite Loop n’évite cependant pas des passages explicatifs et des digressions assez lourdes comme si le récit avait dû être gonflé pour atteindre le nombre de pages nécessaires. Concrètement, on ressent une grosse pause du récit dès le moment où les héroïnes se cachent dans leur petit nid d’amour. Et si la fin s’ouvre sur des perspectives intéressantes, seule la suite pourra nous dire si l’ensemble se tient.

 

 

The infinite loop - 1

 

 

Si vous aimez : Mad Love, les dessins de Bruce Timm et les romances impossibles.

 

Autour de la BD : Projet lancé via la plate-forme Ulule, The Infinite Loop fut ensuite publié aux USA par l’éditeur IDW. Composée de six numéros, la série sera contenue en France sur deux tomes.

 

En accompagnement : Allez zou Matrix Reloaded (film et bande originale).

 

Extrait : « il ne fait plus nuit à cette époque. On a supprimé l’obscurité il y a déjà quelques siècles. On a quasiment supprimé tout ce qui est plus ou moins extrême en fait… et c’est pour le mieux. Tout le monde est heureux à notre époque. Mieux que ça : Tout le monde est en sécurité. »

 

Sortie : le 26 août 2015. Édition Glénat. 112 pages. 14,95 €

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