#Critique The Orwells – Terrible Human Beings (Atlantic)

#Critique The Orwells – Terrible Human Beings (Atlantic)

Note de l'auteur

Encore un (relatif) nouveau groupe pour vos oreilles cette semaine, très relatif même puisque The Orwells sévissent depuis 2009 dans un anonymat coupable dans nos contrées ! Pourtant les mecs ont tout pour plaire, jeunes, musicalement bien éduqués, reconnus par leurs pairs, il ne manquerait plus qu’on finisse par parler d’eux !

Natifs d’Elmhurst dans l’Illinois, The Orwells est avant tout une affaire de famille… Des mômes de la banlieue de Chicago, deux cousins et deux frères jumeaux qui traînaient leurs guêtres ensemble depuis le berceau et qui décidèrent qu’à force d’écouter les Pixies en boucle, ce serait pas mal d’essayer de brancher deux ou trois instruments et de voir comme ça se passe.

Bonne pioche ! À l’instar de leurs homologues britanniques des Arctic Monkeys (qui n’ont de cesse de vanter leurs mérites au point de les embarquer avec eux sur leur tournée américaine en 2014), The Orwells ont décidé qu’il importait peu d’avoir l’air de sortir du lycée pour enregistrer de bonnes chansons. Dont acte en 2012 avec l’album Remember When et le single imparable Mallrats (La La La), suivi en 2014 de l’excellent Disgraceland emmené par la chanson Who Needs You qui achèvera de les placer sur la carte comme on dit là-bas.

The Kids Are Alright

The Kids Are Alright

Terrible Human Beings représente donc le difficile tournant du troisième album car comme chacun sait, sur un premier effort on met tout ce que l’on a écrit depuis les répétitions au fond du garage de papa, sur le second on case ce qui traînait et qui a été écarté la première fois et sur le troisième… Eh bien ma foi, il faut se remettre à écrire !

D’où l’appellation fallacieuse souvent employée par notre corporation de plumitifs avec option perfecto, le fameux album de la maturité. Sauf que lorsque les intéressés viennent d’atteindre péniblement la vingtaine, le terme semble un poil ridicule ! Bienvenue dans la génération Spotify/Deezer/Napster… Désormais, à quinze piges, on peut avoir écouté et digéré plus de disques qu’il n’aurait été possible de s’offrir au même âge il y a deux décennies, et cela se ressent.

Exemple, They Put a Body in the Bayou qui ouvre le bal nous entraîne immédiatement sur des terres connues, guitares à la saturation torturée, ambiance surf décadente, vocaux langoureux, mais ne serait-ce pas l’ombre des petits lutins de Boston qu’on aperçoit dans le lointain ? Une ombre, rien de plus, une note de-ci de-là dans les intros (Fry, le génial Heavy Head), l’héritage de Joey Santiago parfaitement assimilé sauf lorsque l’hommage est carrément frontal (l’inquiétant Creatures) et s’amuse à jouer au name dropping.

Black Francis, objet du culte

Black Francis, objet du culte

Parce que voilà, quand on intitule une chanson Black Francis (en référence à l’imposant chanteur des Pixies), il faut s’attendre à voir quelques sourcils se hausser. De dédain d’abord, (« qu’est-ce que c’est que ces gamins qui essayent de jouer dans la cour des grands ? »), de surprise ensuite (« hey mais, ça sonne ce truc ! »), et avec respect enfin (« ce serait pas meilleur que le dernier Pixies leur machin là ? »).

De fait, lorsque l’on écoute des titres comme Buddy (une minute trente au compteur sans lâcher la pédale d’accélération), le faussement sucré Ring Pop ou encore l’hypnotique Double Feature et ses longues plages instrumentales noyées de reverb, on peut légitimement se poser la question. Plus que des disciples, The Orwells fait tout simplement figure de relève.

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La pochette dans sa glorieuse totalité

Dernière chose, la pochette. Cela faisait longtemps qu’on n’avait pas eu à se mettre sous la rétine une image aussi intrigante, à la fois puissamment érotique mais aussi mystérieuse car munie de nombreux tiroirs, littéralement et symboliquement (le préservatif dans le cendrier, le dentier près du téléviseur hors d’âge, l’ambiance vintage seventies de la chambre contrastant avec le nouvel iPhone branché sous une liasse de billets). Raison de plus de s’offrir l’objet en vinyle, on vous aura prévenu !

 

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