
Total War: Attila- Age of Charlemagne – Guerre et Paix
Après un Rome II Total War catastrophique à son lancement, Creative Assembly avait su se réconcilier avec les fans de la franchise grâce à un très bon Attila Total War (test ici). Épisode plus sombre que d’habitude, Attila avait des airs d’apocalypse et de fin du monde très bien retranscris à l’écran. Néanmoins, comme d’habitude et malgré la colère de nombreux joueurs, la politique de mini DLC de Sega a continué sur cet opus. Toutefois, parallèlement, des DLC plus ambitieux ont vu le jour comme la mini campagne intéressante Le Dernier Romain et plus récemment L’Âge de Charlemagne. Le temps de Charlemagne est une ère charnière pour l’Europe, une transition définitive entre les ruines d’un ancien monde et l’avènement des royautés du Moyen Âge. Les développeurs ont-ils réussi à capter l’atmosphère de cet âge si particulier ? C’est ce que nous allons voir tout de suite.
Tout d’abord, un petit rappel à toi ami lecteur. La série Total War, qui a récemment fêté ses quinze ans, est composée de jeux de stratégie historiques. En mélangeant le côté purement wargame à la Risk avec un gameplay au tour par tour et des batailles épiques en temps réel, Creative Assembly a visiblement trouvé une recette qui marche auprès des joueurs. Pratiquement toutes les périodes de l’Histoire ont été visitées, soit par les épisodes officiels, soit par des mods. La franchise est friande de mods et de la même manière que Bethesda (Skyrim, Fallout et tout ça), Creative Assembly soutient activement la communauté modding. Pour ce test, c’est donc L’Âge de Charlemagne, une campagne DLC d’Attila Total War, qui va être analysé par votre Prof préféré.
L’époque à laquelle se situe L’Âge de Charlemagne est une période assez méconnue du grand public et pourtant ô combien fascinante et intéressante. Après un Attila Total War qui avait marqué la fin du monde antique, l’époque de Charlemagne fait office de transition et de renaissance. C’est des cendres de l’Empire romain et des invasions barbares que sont nés les grands royaumes européens. On entre officiellement dans le Moyen Âge. Paradoxalement, Charlemagne est aussi une figure contemporaine. En essayant de rétablir l’Empire romain, le Roi des Francs peut être considéré comme l’un des Pères de l’Europe. Son héritage politique sera âprement disputé et en obsédera plus d’un, comme Napoléon. Mais cette époque ne se limite pas uniquement aux aventures des Francs de Charlemagne, puisque c’est aussi l’ère des raids Vikings. Ces peuplades païennes de Scandinavie ont décidément le vent en poupe en ce moment grâce aux séries TV Vikings et The Last Kingdom. Si vous êtes un féru des aventures de Ragnar, sachez que L’Âge de Charlemagne correspond plus au moins à la même période. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le studio anglais a visité le Haut Moyen Âge, et notamment les Vikings, puisque une expansion pour Medieval Total War (en 2003) nommé Vikings Invasion était déjà passée par là.
L’Âge de Charlemagne commence donc en 768 après J.-C. et se focalise sur l’Europe. La nouvelle carte de campagne centrée sur le continent est divisée en plus de 52 provinces. Les civilisations disponibles sont au nombre de huit (soit deux de moins que le jeu de base). On retrouve bien évidemment les Francs, mais aussi les Vikings Danois, les Anglo-Saxons (Royaume de Mercie), les Saxons de Germanie (Westphalie), les Lombards en Italie, les Avars dans l’Europe de l’Est, les Asturiens au Nord de la péninsule ibérique, et pour finir, l’Émirat de Cordoue en Andalousie. Chaque faction possède évidemment diverses caractéristiques et bonus en tout genre qui lui est propre.
En fonction de votre civilisation, les objectifs seront différents et variés. Pour L’Âge de Charlemagne, j’ai vraiment ressenti un effort de la part des développeurs de respecter l’Histoire le plus possible. Par exemple, les Vikings ont pour mission de faire des raids sanglants sur toute l’Europe et en particulier sur la Grande-Bretagne, tandis qu’avec les Francs de Charlemagne, le but ultime est de rebâtir un grand Empire en occident. En plus de tout cela, Creative Assembly a gardé le système des événements historiques (inspirés de faits réels comme l’appel à l’aide du Pape) en les adaptant à chaque faction. Cette différence d’objectifs permet une bonne rejouabilité du titre, ce qui est très appréciable.
La grosse nouveauté de cet opus est la Fatigue de Guerre. Les conflits, non seulement ils coûtent beaucoup d’argent et des hommes au front, mais ils minent aussi le moral du peuple. Dans L’Âge de Charlemagne, plus vous vous embourbez dans une guerre longue et harassante, plus le moral de vos troupes sera en berne et l’ordre public en déclin. Il va donc falloir changer de stratégie en privilégiant des campagnes courtes, bien préparées à l’avance et surtout victorieuses (un peu à la manière du Blitzkrieg allemand). La paix est, de ce fait, un peu plus mise en avant par rapport aux anciens titres. Même si, sur le fond, je suis tout à fait pour (le Moyen Âge étant une période beaucoup plus pacifiste qu’on ne le croit), dans la forme, c’est compliqué dû à une IA complètement aux fraises, notamment pour la diplomatie (les alliés sont toujours aussi inutiles). En cas de guerre, l’ennemi accepte très difficilement un cessez-le-feu. Il faudra donc souvent l’annihiler le plus rapidement possible sous peine de voir la Fatigue de Guerre se transformer en une révolte contre votre pouvoir.
Une autre nouveauté sympathique est la plus grande place accordée à la spécialisation non seulement des généraux et armées, mais aussi des agents et des villes. Au fur et à mesure que vous débloquez des points de compétences, vous pourrez spécialiser votre général (et armée) pour des missions spécifiques comme le raid, la défense d’une ville, le siège, les combats en mer etc. Il en va de même pour les villes où vous pourrez privilégier soit le commerce, soit l’hygiène, soit l’ordre public ou encore la religion. Chaque ville aura donc un côté unique avec son lot de nouveaux bâtiments. Mais contrairement aux anciens opus, c’est toute la province qui profite de la spécialisation de votre ville. Par exemple, disons qu’une province possède trois cités, la première peut servir de lieu de commerce tandis que la deuxième se développe plus autour de l’ordre public et la troisième est réservée à l’hygiène publique et à la religion pour un parfait équilibre. L’arbre technologique a également changé pour coller le plus possible à la nouvelle époque dépeinte dans L’Âge de Charlemagne. On sent qu’on s’approche de plus en plus du Moyen Âge comme on l’imagine, sans toutefois vraiment y être.
Graphiquement, le jeu est toujours aussi joli qu’Attila Total War, même si on ressent un peu moins le côté apocalyptique qui faisait le charme de cet opus. Par contre, je suis relativement déçu du gros manque de diversité entre les unités. Énormément de troupes semblent être de pâles copier-coller d’Attila, ce qui casse un peu l’immersion. Pire encore, les cartes de batailles sont exactement les mêmes que le jeu de base. J’aurais quand même apprécié un effort pour que les villes qui ressemblent à de simples hameaux barbares respectent un peu plus la période du Haut Moyen Âge (où sont les églises ??). Même les grandes capitales comme Paris ou Londres n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière. Peut-être que de futurs mods viendront améliorer tout ça. En attendant, la direction artistique est le gros point noir du DLC. Je salue toutefois le retour de vignettes à la fois claires et esthétiques pour les cartes d’unités.
On le savait déjà, mais je préfère le répéter : L’Âge de Charlemagne n’est pas le Medieval III Total War que tous les fans attendent avec impatience. Néanmoins, pour un petit prix, vous aurez droit à un contenu énorme qui manque toutefois légèrement de profondeur. Pour les fans de la série, vous pouvez y aller les yeux fermés. L’Âge de Charlemagne est un très bon Total War. Les amoureux d’Histoire trouveront ici une période rarement mise en avant, que ce soit dans les jeux vidéo ou au cinéma. Pour les petits nouveaux, je vous conseillerais plutôt d’essayer d’abord l’excellent Attila Total War (test ici) avant de vous lancer dans cette nouvelle campagne. Si vous voulez une expérience encore plus immersive, je vous invite à jeter un coup d’œil aux Mods du Prof spécialement consacré à L‘Âge de Charlemagne ici. On se donne rendez-vous en avril pour le prochain et très attendu Warhammer Total War !
L’Âge de Charlemagne, DLC pour Attila Total War
Développé par Creative Assembly
Edité par SEGA
Prix : 14 euros