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[Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?] On a lu…Transmetropolitan – Année 5 de Warren Ellis et Darick Robertson

[Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?] On a lu…Transmetropolitan – Année 5 de Warren Ellis et Darick Robertson

Note de l'auteur
Au même titre que pour le cinéma et la musique, on ne cessera jamais assez de remercier les Anglais pour leur apport gigantesque à la bande dessinée américaine. Hasard bien volontaire du calendrier, cette fin d’année voit débouler trois œuvres d’un des plus illustres auteurs britanniques. L’occasion pour nous de consacrer la journée à Warren Ellis avec, comme entrée, une mandale dans la tronche directement servi par votre serviteur : Spider Jerusalem.

 

Rien ne va plus pour Spider Jerusalem. Il vient de perdre son boulot et tout ce qu’il lui restait, une infection du cerveau en phase terminale vient de lui être diagnostiquée et le Président des États-Unis en personne n’a rien d’autre à faire que de lancer une horde d’assassins à ses trousses. Pour autant, le journaliste hors-la-loi n’en perd pas son large sourire jubilatoire. Ses sordides assistantes viennent de mettre la main sur un indice de poids capable de prouver la corruption et les meurtres perpétrés par le chef de l’État. Spider a la Vérité pour alliée, et rien d’autre ne compte.

 

Transmetropolitan année 5 - 5Se posant comme une figure d’intransigeance totale dans une quête pour la Vérité qui ne souffre d’aucune concession, Spider Jerusalem, dont l’image fut souvent détournée et utilisée aux cours des épisodes précédents, devient ici un véritable modèle à suivre. L’image de cet émule d’Hunter S. Thompson en tête d’un cortège de manifestants et tenant la main de ses sordides assistantes peut sembler très classique, mais n’en fonctionne que davantage compte tenu de l’historique d’une série qui brille par la maîtrise de sa construction scénaristique.

 

Ainsi, après une première année de publication en forme de puissant manifeste envoyé à la tronche de toutes les institutions, Transmetropolitan déploya une intrigue basée sur le combat de Spider Jerusalem et Gary Callahan. C’est sur ce fil rouge que les auteurs purent créer une multitude d’histoires courtes et différents arcs narratifs. En ayant constamment en tête une évolution marquée de leurs personnages, les auteurs jalonnèrent chaque « année » de Transmetropolitan de temps forts. Début de la bataille, chute de l’antihéros, libération de ses propres chaînes pour tendre vers une certaine élévation l’amenant au combat final, tels sont les éléments faisant de Transmetropolitan une grande épopée.

 

Transmetropolitan année 5 - 3C’est dans un dernier doigt d’honneur magistral que Warren Ellis, Darick Robertson et leur créature Spider Jerusalem tirent leur révérence après soixante numéros écrits à la rage et dessinés dans la fureur. Menant à terme sa lutte contre Gary Callahan, le journaliste réussit l’exploit d’illustrer un propos qui n’a rien perdu de la vigueur des débuts et qui est d’autant plus fort compte tenu du contexte de l’époque. Pointant le bout de son nez après des attentats qui ont changé le monde occidental, la guerre en Irak et son lot de tromperies véhiculées par des médias à la botte du pouvoir furent la preuve d’un journalisme sclérosé que Transmetropolitan dénonçait déjà.

 

Conscient de la gravité de son état, Spider devient plus sérieux, comme si la volonté de gagner la lutte l’emportait sur tout le reste. Si le changement vestimentaire symbolise bien cette évolution, ses rapports avec Channon Yarrow et Yelena Rossini sont également révélateurs des changements opérés chez l’antihéros. Plus touchant mais n’ayant rien perdu de sa pugnacité, il ira jusqu’au bout d’un combat que Darick Robertson illustre, encore une fois, de manière totalement brillante. On citera cette capacité à modifier au quart de tour le visuel de certains personnages afin d’en surligner la dangerosité ou le ridicule. A ce niveau, le président Callahan est une vraie source de plaisir pour le dessinateur.

 

Transmetropolitan année 5 - 4Entre une scène de massacre et un journal télévisé sonnant le glas ultime, ces derniers épisodes de Transmetropolitan sont à la hauteur de ce qui précède. La série réserve son lot de surprises (dont l’une symbolisant parfaitement le changement radical du héros) jusqu’au bout et recoupe tous les éléments disséminés tout au long de l’histoire pour les clôturer dans un final qui telle une grande enquête journalistique fascine par sa rigueur, ses révélations et la confirmation de la malice d’un Spider Jerusalem qui nous enthousiasmera jusqu’au bout.

 

Alors que les premières pages de Transmetropolitan nous montraient un Spider Jerusalem devenir totalement imberbe après un passage sous la douche, signant alors la rupture avec le père symbolique Alan Moore, le final de la série résonne comme une sorte de retour aux sources. Retiré du monde, le journaliste laisse derrière lui des héritiers prêts à reprendre le flambeau. Tel l’anarchiste V qui ne mourra jamais, la flamme de la vérité continuera à brûler tant que des journalistes seront là pour la défendre. « La liberté de la presse ne s’use que quand on ne s’en sert pas » affirme le palmipède enchaîné. On peut dire qu’avec un gonze comme Spider Jerusalem, celle-ci continuera à briller de mille feux.

 

 

 

Transmetropolitan année 5 - 1

 

 

 

Transmetropolitan – Année 5 (Vertigo Essentiels, Urban Comics, Vertigo) comprend les épisodes US de Transmetropolitan #49 à #60, I Hate Here It et Filth of the City.

Écrit par Warren Ellis

Dessiné par Darick Robertson

Prix : 22.50 €

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