#Critique Une génération française (T.1 Nous vaincrons) de Gloris et Ocana
Fini le bon temps des années 30, place à la guerre et à ses affres. La France bascule dans l’horreur et plusieurs générations avec elle. Un jeune étudiant est pris au piège d’un conflit qu’il ne voulait pas et qu’il n’a pas vu venir.
L’histoire : la vie est belle pour Martin, étudiant volage et insouciant, dans le Paris de la fin des années 30. Le son du canon se fait bien entendre en Tchécoslovaquie et en Pologne mais pas de quoi inquiéter ce garçon bohème et germanophile. Après la mobilisation générale, il se retrouve dans l’artillerie. Les vicissitudes de la guerre et la débandade française le font fuir. Jusqu’où ?
Mon avis : jeune, aisé et bien portant, jouisseur, sans autre souci que son propre être, Martin, c’est le portrait d’une jeunesse française avant le déclenchement de ce qui sera la Seconde Guerre mondiale. Pas celle qui a soutenu le Front populaire, pas celle qui a se perd dans les Ligues d’extrême droite. Celle qui, par un pacifisme bêlant sur l’autel du « Plus jamais ça » et des œillères rabougries, ne prend pas position. N’envisage pas les bouleversements qui pourraient intervenir. Où si elle les entrevoit, elle s’en fout, elle veut vivre. Quand l’horrible boucherie se déclarera, elle n’aura plus pour but que de survivre. Martin est germanophile, pas une bonne idée à cette époque, pas antisémite, ce qui n’est pas partagé par tout le monde et même pas raciste, cela renvoie à la dernière affirmation.
Comme son pays, il va glisser dans la guerre et se faire très très mal. Comme la France et son armée, Martin, artilleur en deux mois, n’est pas prêt. En 37 jours, la première puissance militaire geint et renonce. Les conseils du jeune colonel de Gaulle n’ayant alerté personne ou presque, la République française va se réfugier dans les bras d’un vieillard héros de 14-18. Martin n’en est pas encore là. À la fin de ce premier opus, il est contraint à fuir, son unité ayant été décimée.
Cette série, qui se propose de nous narrer la guerre, qui fit plus de 60 millions de morts, est prévue en six tomes. Avec le fil conducteur de trois personnages, Martin Favre, donc, Elizabeth Moore, anglaise, et Kurt Dietrich, allemand, qui étudient en France. Des profils similaires mais des nationalités différentes qui vont bientôt s’entrechoquer.
Si vous aimez : Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine de Coluche et Marc Monnet.
En accompagnement : Les Deux Oncles de Georges Brassens, le génie qui se trompe de combat sur le coup.
Autour de la BD : Thierry Gloris, au scénario, est un spécialiste des histoires dans la grande Histoire. Toujours aussi précis. Eduardo Ocana nous offre un trait précis.
Extraits : « Tu veux ta raclée Martin ? Toi aussi, t’aimes pas les juifs ? »
« Le seul israélite que j’aie connu portait jupons. Elle s’appelait Violette Rosenbaum et avait les plus beaux yeux de Paris. Alors, non, j’ai rien contre les juifs ! »
« Hormis, s’ils veulent me mettre une tête au carré. »
« Désolé. Bertico m’a mis hors de moi. »
Une génération française (t.1 Nous vaincrons)
Écrit par Thierry Gloris
Dessiné par Eduardo Ocana
Édité par Soleil
