
Longue Vie au Roi (Critique de Versailles 2.01 & 2.02)
Avec sa première saison, diffusée en 2015, Versailles avait fait une entrée en fanfare sur Canal+ à coup de décors flamboyants et de vie de château extravagante. La série de David Wolstencroft et Simon Mirren revient ce lundi 27 mars avec une deuxième saison qui nous entraîne cette fois dans une période plus sombre du règne de Louis XIV. ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT QUELQUES SPOILERS !
Laisser une trace dans l’Histoire
Maintenant que les travaux du château ont le vent en poupe et que la plupart des membres de la cour logent au frais de sa majesté, Louis (George Blagden) voit de plus en plus de difficultés entraver le cours paisible du train-train de Versailles. Depuis la mort d’Henriette, que l’on soupçonne d’avoir été empoisonnée, les complots et autres commérages vont bon train à la cour. Le Roi devient de plus en plus paranoïaque et n’a qu’une seule chose en tête, que son règne soit célébré.
En ce début de saison 2, les relations entre la France et la Hollande sont au plus mal et Louis décide de déclarer la guerre à Guillaume d’Orange. Mais si les relations politiques de la France vont mal, celles de la cour ne vont pas tellement mieux. Drogue et poison circulent parmi les nobles et un grand nombre de menaces se multiplient. Louis est préoccupé par l’impact que son règne laissera sur la France, et la question de savoir comment l’Histoire se souviendra de lui le taraude. Elle inquiète aussi son frère Philippe (Alexander Vlahos), qui s’est exilé de Versailles pour ne plus avoir affaire à Louis, mais cherche lui aussi à déterminer quelle contribution il va pouvoir faire à l’Histoire.
Les deux premiers épisodes de cette nouvelle saison se placent sous le signe de la menace et du complot. La cour est désormais un lieu dangereux où personne n’est vraiment en sécurité, en particulier le Roi. Lui qui a conçu Versailles comme le joyau de la couronne de France, le voilà confiné dans un lieu où il ne sait plus très bien à qui se fier. Sa paranoïa grandit et ses inquiétudes aussi. Dans le premier épisode, Louis fait la rencontre d’une voyante, Madame Agathe (Suzanne Clément) sous les conseils de Mme de Montespan (Anna Brewster). L’entrevue tourne malencontreusement au drame lorsque Madame Agathe, refusant de mentir au Roi, lui prédit un avenir des plus sombres. Louis, monarque qui se veut être le soleil de ses sujets, se prend alors une réalité en plein visage : tout le monde le déteste. Les faits sont là, entre la querelle avec Guillaume d’Orange, l’animosité de Philippe, et les tentatives d’assassinats à la cour, une ombre vient voiler le monde du Roi Soleil.
La Gloire et rien que la Gloire
Mme de Montespan a pourtant bien briefé la voyante : ne parler au Roi QUE de sa gloire. Il faut le rassurer, lui dire que tout le monde l’aime, que son règne est une réussite, une inspiration, un modèle. Sauf que ce n’est pas ce que la voyante lit dans ses cartes. Louis est alors à cran et les choses ne s’arrangent pas quand, dans l’épisode suivant, l’Église vient s’immiscer dans sa chambre à coucher. L’évêque de France annonce à Louis que son affaire avec Mme de Montespan doit cesser, car elle ne plait ni à Rome, ni au Seigneur. Une fois encore, l’idée d’ombres et de menace est évoquée, planant sur la tête du Roi parce qu’il refuse de changer ses mœurs. À l’image d’Henry VIII dans Les Tudors, Louis refuse en effet de se voir dicter sa conduite par l’Église, et n’hésite pas à lui rappeler qui est le Roi de France.
Mais si tout cela n’augure rien de bon pour Louis XIV, c’est en revanche une série de bonnes choses pour cette seconde saison de Versailles. En deux épisodes, David Wolstencroft et Simon Mirren ont dressé les fondations d’un bon nombre de conflits qui promettent de maintenir l’intérêt du spectateur tout au long de la saison. Entre enquêtes, complots, guerre et affaires de sexe, cette nouvelle saison de Versailles offre un large choix d’intrigues explorant les conflits internes et externes des personnages. La saison promet alors d’être aussi captivante que mouvementée.
Après une première saison inégale, Versailles semble avoir puisé sur ce qui a marché dans cette dernière pour bâtir son deuxième volet sur des bases plus solides. La série n’a pas pour préoccupation principale de proposer à ses spectateurs un récit de faits historiques, mais plutôt de lui en mettre plein les yeux et faire une fiction intrigante et divertissante. La distribution est aussi convaincante qu’en saison une, offrant par ailleurs aux acteurs interprétant Louis, Philippe, ou encore Mme de Montespan l’occasion d’explorer plus encore leurs personnages. Visuellement la série demeure tout aussi épatante qu’à ces débuts, mais le vrai progrès de cette deuxième saison semble résider pour l’instant dans son scénario, et franchement, c’est tout ce qu’il lui manquait pour être une réussite.
VERSAILLES (Canal+) Saison 2 en 10 épisodes de 52 minutes diffusés à partir du 27 mars
Deuxième saison écrite par David Wolstencroft, Simon Mirren, Andrew Bampfield et Tim Loane.
Réalisée par Thomas Vincent, Mike Barker et Louis Choquette.
Avec George Blagden, Alexander Vlahos, Anna Brewster, Stuart Bowman, Tygh Runyan, Evan Williams, Pip Torrens et Elisa Lasowski.
Musique originale de NOIA et Michel Corriveau.