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[Marche à l’ombre] On a lu…Warren Ellis présente Hellblazer
Entre le scénariste de Transmetropolitan et le magicien au trench-coat, la rencontre était inévitable. Poursuivant sa politique éditoriale centrée sur les auteurs, Urban comics profite de la sortie de Trees pour proposer les épisodes d’Hellblazer de Warren Ellis. Un cycle dont la courte longévité n’entame pas la grande qualité.
Lorsque Constantine apprend que son ancien amour a été brutalement assassiné, il se lance sans aucune hésitation à la poursuite du dangereux et mystérieux criminel. Qui a bien pu s’en prendre à la jeune femme et, surtout, pourquoi ? Quelles vérités John est-il sur le point de mettre à jour ? Sa quête est-elle uniquement motivée par une soif de vengeance ou cache-t-elle de plus sombres motivations ? Le voyage risque d’être éprouvant.
Parcourant régulièrement le travail du scénariste, la figure du détective de l’occulte se retrouvait déjà dans Excalibur, Thor, Stormwatch ou bien encore Planetary, à travers des personnages comme Pete Wisdom ou Jenny Sparks. Il apparaissait alors évident que la confrontation entre Warren Ellis et John Constantine allait provoquer des étincelles. Malheureusement, un événement allait changer la donne. L’histoire est désormais connue. Suite à l’annulation du récit Shoot pour cause de ressemblance involontaire avec la fusillade de Columbine survenue quelques mois avant, Warren Ellis mit un terme à un cycle qui s’annonçait aussi long que celui de Garth Ennis ou Paul Jenkins.
Les regrets face à un cycle aussi court (dix épisodes) sont d’autant plus grands que l’intégrale proposée par Urban démontre, si besoin était, que l’auteur et la création étaient faits pour s’entendre. Composé d’un long récit et de plusieurs histoires courtes, Warren Ellis présente Hellblazer nous plonge de nouveau dans l’univers de l’occulte, de la magie et de l’étrange. Série célèbre pour sa grande qualité artistique et la malléabilité d’un univers prompt à s’adapter à ses auteurs, Hellblazer devient, le temps d’une petite année, le terrain d’exploration d’un poète de la langue et d’un artiste sachant jouer sur tous les genres.
Sous la plume de l’auteur de Transmetropolitan, John Constantine apparaît comme une sorte de démon rédempteur d’une noirceur incroyable. Long récit qui le voit se confronter à un autre magicien, Hanté est ainsi traversé de passages tétanisants où le verbe de Warren Ellis est sublimé par le dessin de John Higgins. On se souviendra ainsi longtemps de l’énumération de crimes dans Londres et de leurs illustrations tout comme le tabassage en règle de John qui marquera les esprits. Toujours fidèle à lui-même dans son attitude autodestructrice et sa manière d’utiliser les autres, John Constantine n’en reste pas moins fascinant et démontre, là encore, que son plus grand pouvoir réside dans sa roublardise et sa tchatche. A ce titre, Hellblazer #143 – Révélations, montrant un journaliste boire les paroles d’un détective se foutant de plus en plus de lui, est un véritable régal.
Écrit en parallèle de Transmetropolitan, les épisodes d’Hellblazer mettent en scène un personnage s’affirmant comme la voix d’un peuple. Si c’est une caractéristique fondamentale du personnage depuis sa création, on ressent bien ici à quel point l’auteur entre en résonance avec son sujet. Comédie, poésie, policier etc., le cycle de Warren Ellis alterne les genres et les tons tout en restant dans une résonance fantastique indéniable. Seul le récit de la discorde, Shoot, s’éloigne de ces contrées pour verser davantage dans une critique sociale. Même si la mise en scène du personnage de Constantine semble tirer le récit vers le fantastique, il n’en est rien. Et la manière de renvoyer à la gueule notre propre responsabilité dans ces drames atteint les cimes qualitatives du fameux Transmetropolitan #40 consacré à la prostitution enfantine.
Cycle court mais remarquable, Warren Ellis présente Hellblazer se pose comme un incontournable pour tous ceux qui veulent explorer l’univers d’un des plus grands scénaristes de bande dessinée. Avec ce volume qui vient s’ajouter à ceux consacrés à Garth Ennis, Urban Comics confirme la pertinence d’un choix de publication de la série via ses auteurs. Après le papa de Preacher et celui de The Authority, on a hâte de découvrir le prochain à venir.
Warren Ellis présente Hellblazer (Vertigo Signatures, Urban Comics, Vertigo) comprend les épisodes US de Hellblazer #134 à 143 et Shoot
Ecrit par Warren Ellis
Dessiné par John Higgins (#134 à #139), Frank Teran (#140), Timothy Bradstreet (#141), Javier Pulido (#142), James Romberger (#143), Marcelo Frusin (#143) et Phil Jimenez (Shoot)
Prix : 22.50 €