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#Critique : aux grands maux les grands remèdes (Westworld Saison 2 / HBO / OCS)

#Critique : aux grands maux les grands remèdes (Westworld Saison 2 / HBO / OCS)

Un an et demi après avoir secoué la planète HBO, Westworld fera son grand retour sur nos écrans lundi 23 avril. Retour sur les cinq premiers épisodes de la saison 2 du phénomène télévisuel.

4 décembre 2016. Après une plongée tout aussi décousue que terrifiante dans les bas-fonds d’un parc d’attraction pour le moins unique, le spectateur se retrouvait confronté à l’inévitable : « Ces désirs violents ont des fins violentes. » Décimés par une Dolores (Evan Rachel Wood) douloureusement consciente de sa condition, quelques invités et plusieurs hôtes avaient fuit aux quatre coins d’un monde alors trop étriqué, dans l’espoir de survivre à ce jeu d’un genre nouveau.

Si les dix premiers épisodes de Westworld fourmillaient autant de belles promesses qu’ils étaient dénués de tenue, les cinq morceaux de bravoure que sont les épisodes que l’on a déjà pu visionner prouvent rapidement que Lisa Joy et Jonathan Nolan ont appris de leurs erreurs. Plus ciselés que leurs prédécesseurs, ils sont certes de facture plus « classique » mais participent davantage à la consolidation d’arcs narratifs à la fois plus complexes et plus divertissants. De là à dire que l’Emmy du meilleur montage est d’ores et déjà acquis à Westworld, il n’y a qu’un pas… que l’on franchira sans sourciller.

Pris entre deux feux

Révélée à elle-même sous la forme du terrifiant Wyatt, la fragile Dolores exerce dès le début de cette deuxième saison un pouvoir glaçant sur ses anciens maîtres comme sur ses pairs. Désormais pleinement consciente, elle semble accorder une importance démesurée à une vérité dont elle s’est sentie privée et se donne le droit de juger hôtes et invités sans distinction. « Tout le monde ne mérite pas de s’en sortir, » admet-elle sans détour. Si elle n’a de toute évidence pas gagné en humanité, la jeune « femme » semble donc plus semblable à ses créateurs que jamais, détruisant et reconstruisant sans ménagement sur les ruines encore brûlantes d’un monde pas encore passé et presque futur.

Si elles ne se retrouvent face à face que quelques minutes au cours des épisodes que l’on a pu visionner, une dichotomie s’installe rapidement entre Dolores et un autre personnage marquant de la première saison : Maeve (Thandie Newton). Plus raisonnée et raisonnable, l’ex mère maquerelle est déjà parvenue à dépasser sa propre condition. Après tout, pourquoi chercher à être humaine quand on peut être surhumaine ? Animée non pas par une soif de vengeance mais par un besoin de justice, elle ne pense qu’à retrouver sa fille, quitte à se perdre en chemin.

Résultante inévitable de conflits tout aussi personnels qu’électriques, cette deuxième mouture regorge de scènes d’une violence formidable. Et bien mal nous en prendrait de blâmer le puritanisme supposé de nos collègues américains : Westworld 2.0 ne ménage ni son degré de cruauté ni son degré de crudité plus tard justifié par une plongée dans un Japon féodal baptisé Shogun World et décrit comme une réplique plus gore de Westworld. On confirme.

 

Essai transformé

S’il est pour l’instant ardu de critiquer une série que l’on n’a pas pu décortiquer dans son intégralité, on pourra néanmoins applaudir la subtilité avec laquelle de nouveaux parcs et plusieurs arcs narratifs prometteurs ont été introduits à Westworld, soulevant avec eux des interrogations déroutantes…

« Westworld a été conçu comme un lieu où l’on pouvait pécher en paix. Il n’était pas question de juger qui que ce soit, » avance l’un des personnages les plus fascinants de l’histoire de la télévision récente, l’Homme en Noir (Ed Harris). Le parc et ses dérivés avaient donc pour but premier de révéler la nature sanglante d’une humanité pervertie, sans se poser ni comme remède ni comme alternative. Insuffler dans cette deuxième saison un besoin quasi impérieux d’une forme plus ou moins définitive de jugement serait donc une façon de souligner que le fait que nos actes aient des conséquences fait de nous des êtres humains ? Confrontés à leur impossible mortalité, les hôtes sont pris entre deux feux. Incapable de souffrir un jugement permanent, sont-ils sensés l’administrer ou accepter leur condition bâtarde ?

Cette deuxième saison devrait donc aboutir à quelque embryon de réflexion sur la religion et les croyances qui peuvent animer les invités mais également les hôtes, dans une mesure encore impossible à saisir. Selon toute vraisemblance, J. J. Abrams a appris des leçons de LOST à ce sujet et amène cette problématique délicate avec plus de doigté et de sensibilité grâce à un discours méta mené d’une main de maître. « Vous êtes incapable de mettre de l’ordre dans vos souvenirs, » lâche Elsie (Shannon Woodward) à un Bernard (Jeffrey Wright) défectueux, faisant ainsi écho à la construction de la série. À croire que les spectateurs sont des hôtes incapables de faire sens de leur propre histoire… La suite au prochain épisode !

WESTWORLD (HBO) Saison 2 en dix épisodes,
Diffusée sur HBO à partir du 22 avril, et sur OCS dès le 23 avril.
Série créée par Lisa Joy et Jonathan Nolan d’après le film de Michael Crichton (1973).
Épisodes écrits par Lisa Joy, Jonathan Nolan, Roberto Patino, Carly Wray, Ron Fitzgerald, Gina Atwater, Dan Dietz
Épisodes réalisés par Richard J. Lewis, Vincenzo Natali, Lisa Joy, Craig Zobel
Avec Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Anthony Hopkins, Ed Harris, Sidse Babett Knudsen, James Marsden, Jeffrey Wright, Tessa Thompson, Jimmi Simpson et Shannon Woodward

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