#Critique Wonder Woman

#Critique Wonder Woman

Note de l'auteur

Superman absent, Batman mal en point, et le reste de DC qui n’est pas vraiment mieux… Ce Wonder Woman avait bien du boulot pour rectifier le tir, et sauver un univers en perdition. Pas de chance, en plus de mal viser, la pauvre se tire une balle dans le pied, et nous livre l’un des pires chapitres du DC Extended Universe.

2017-The-Wonder-Woman-Gal-Gadot-wide

L’affrontement épique proposé par Batman V Superman en avait laissé plus d’un dubitatif, avant que le film ne se rattrape dans sa version Director’s Cut. À sa suite, le Suicide Squad de David Ayer avait lui confirmé les doutes sur le manque de vision et de cohérence de ce DCEU. Autant dire que Wonder Woman portait sur ses épaules une responsabilité énorme, celle d’arrêter l’hémorragie et de regonfler à bloc tout ce petit monde pour le grand rassemblement de la Justice League qui sortira en salles le 15 novembre prochain.

Tous les espoirs étaient permis : un long métrage ambitieux sur la plus importante super-héroïne du 20e siècle, dirigé par Patty Jenkins qui promettait d’amener une vision féministe rafraîchissante sur le sujet, libéré de toutes adaptations antérieures parasites. Un canevas quasi-vierge, sur lequel il y avait encore tout à faire, tout à bâtir, tout à promettre. Et là est peut-être le plus désolant, puisque loin d’atteindre les sommets qui lui étaient promis, ce Wonder Woman touche le fond à tous les niveaux. Et pire, il creuse encore.

wonder-woman-2017-qhd

Pourtant, le film se veut rassurant d’emblée, et part sur les rails éculés mais efficaces de l’origin story, nous présentant l’enfance de la Princesse Diana de Themyscira, l’arrivée de ses pouvoirs, de ses conséquences, des doutes et des épreuves que cela amène. Rien de bien nouveau sous le soleil, le peu glorieux Doctor Strange nous avait déjà ressorti la même soupe en octobre dernier. Seulement, Wonder Woman se repait tellement de cette formule ressassée, y retournant encore et encore, jamais rassasié, que l’ensemble tombe rapidement dans la parodie, renvoyant aux enjeux arriérés des films du genre d’il y a plus de 10 ans.

Un monologue ridicule par-ci, un acte héroïco-dramatique par-là, le film multiplie ainsi les scènes embarrassantes les unes après les autres, donnant l’impression d’avoir été écrit par un étudiant en cinéma apprenant ses gammes. Peu aidé par ce scénario d’une régression et d’une indigence folle, les acteurs donnent tous l’impression de s’ennuyer ferme, suivit sans doute par les spectateurs affligés. Et quand on a la chance d’avoir Robin Wright, David Thewlis et Danny Huston à son casting, un tel constat frôle le scandale.

WONDER WOMAN

Chargée de donner un peu d’ampleur à ce chantier, Patty Jenkins ne parvient que trop rarement à décoller sa caméra du visage de ses acteurs, n’offrant de rares bouffées d’oxygène à ses images que lors de larges panoramas en CGI hideux. Aucune mise en perspective, aucun recul, la réalisatrice rate même le travail d’iconisation basique de son héroïne, pourtant pré-requis du genre. Bien sûr, avec ce type d’images, pas évident de montrer des combats décents, et Wonder Woman prend sa place avec aisance dans le paquet de films à l’action décousue et au montage chaotique, amputant une bonne partie du fun d’un tel projet, et rabaissant un peu plus encore la figure puissante et charismatique de son héroïne.

NIGHTINGALE

Diana Prince. Justement, parlons-en. Il paraît évident que ce Wonder Woman, en tant que premier long métrage d’une super-héroïne post-MCU (Marvel Cinematic Universe, après 2008) – en oubliant donc Catwoman, Elektra, et évidemment le Supergirl de 1984 -, avait la lourde tâche de tracer la voie à la représentation féminine dans le genre, particulièrement dans le contexte actuel, où les femmes sont encore et toujours en lutte à tous les niveaux de la société pour exister et être dûment considérées. À ce titre, le film s’était même targué d’être « féministe ». J’insiste sur les guillemets, car sur ce point, là encore, c’est un violent échec.

Le film prend le parti pris de faire de Diana, qui a vécu toute sa vie sur l’île de Themyscira, un personnage naïf et innocent (aux pouvoirs surhumains, rappelons-le) largué au cœur de la Première Guerre mondiale. Si le principe de cinéma connu du « poisson hors de l’eau » amuse un temps, il devient rapidement embarrassant, absurde et ridicule. Constamment renvoyée à sa vision puérile du monde, l’héroïne est tantôt objet burlesque, tantôt gamine prise par la main et corrigée constamment (et par des hommes, bien sûr). Le comble pour une héroïne de ce calibre. Arrivée au moment de s’imposer et d’impressionner, il ne reste de Wonder Woman qu’un joli costume et quelques effets impressionnants. Mais c’est bien trop tard, car c’est une coquille vide, et elle n’incarne plus rien.

GalleryMovies_1920x1080_WW-01748c_581be0d043d5a5.54352008

J’ai personnellement une ligne de conduite : j’espère toujours que le film sera bon. Et voir ainsi un projet gonflé de tant d’espérances échouer à tous les niveaux, sans qu’il n’y ait rien à sauver, est profondément attristant. Wonder Woman manque de rythme, d’ampleur, d’âme, d’intérêt, et s’enfonce si joyeusement dans le ridicule et dans ses partis pris obsolètes, qu’il confirme à chaque scène qu’il n’est ni le renouveau DC tant attendu, ni le film féministe espéré. Un gâchis.

 

132789.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxWonder Woman

De Patty Jenkins

Avec Gal Gadot, Chris Pine, Robin Wright, Connie Nielsen, Danny Huston, David Thewlis, Saïd Taghmaoui, Ewen Bremner, Elena Anaya…

C’était avant qu’elle ne devienne Wonder Woman, à l’époque où elle était encore Diana, princesse des Amazones et combattante invincible. Un jour, un pilote américain s’écrase sur l’île paradisiaque où elle vit, à l’abri des fracas du monde. Lorsqu’il lui raconte qu’une guerre terrible fait rage à l’autre bout de la planète, Diana quitte son havre de paix, convaincue qu’elle doit enrayer la menace. En s’alliant aux hommes dans un combat destiné à mettre fin à la guerre, Diana découvrira toute l’étendue de ses pouvoirs… et son véritable destin.

Sortie le 7 juin 2017

 

Partager