
On a lu… Your Lie in april de Naoshi Arakawa (Tome 1 et 2)- Ki-oon
Ne plus entendre la musique, tel est le traumatisme de Kosei Arima, ancien pianiste virtuose âgé de 14 ans. Poussé violemment par sa mère à une pratique incessante depuis son enfance, le jeune musicien se voit incapable de jouer depuis le décès de cette dernière il y a trois ans. Amorphe et sans allant, sa rencontre avec une jeune violoniste indisciplinée et au caractère bien trempé va bouleverser ses certitudes et redonner un sens à sa vie.
Des ses premières pages, Your Lie In April étreint avec douceur le lecteur. Bercé par le tempo d’une partition où l’existence des personnages résonne délicatement en nous, on est immédiatement happé par la tendresse et la quiétude du récit de Arakawa. Sous le temps d’une sonate ou d’un récital, l’oeuvre chemine dans les dédales des sentiments de ces jeunes musiciens, que l’on découvre au travers d’une mélodie printanière pleine de sensibilité et de délicatesse.
Jouant un air certes souvent entendu – deux individus que tout oppose sont attirés l’un vers l’autre – Your Lie In April se démarque immédiatement par son approche originale et sa narration maîtrisée. Si Le petit pianiste, à l’image de son instrument fétiche, considère son existence uniquement en noir et blanc depuis son traumatisme, celui de Kaori, violoniste exceptionnelle, contraste harmonieusement par son enthousiasme et son énergie , débordant de multiples couleurs. En résulte un récit pianissimo, tranquille, mais parfois totalement bousculé par des incursions avec une gravité certaine. Car Your Lie In April sait en effet aussi refléter la vie de manière crédible. Esquissant tantôt la mort, plus tard la maladie, l’oeuvre sait surprendre par des notes plus sérieuses, sans tomber dans un pathos artificielle malvenue. Le trait lumineux et bienveillant de Arakawa sait d’ailleurs composer à merveille avec cet équilibre fragile, entre émois juvéniles et réalité d’un quotidien plus tourmenté.
Si la musique classique nous accompagne à longueur de temps dans la narration, elle est aussi superbement restituée par une habile mise en scène dans la composition des planches ainsi que la vivacité de son graphisme. Imaginer les sonorités qui se détachent de ses pages, tel est le tour de force de l’œuvre qui arrive à nous emmener de manière élégante et noble dans un univers que l’on pourrait s’imaginer, à tort, trop balisé. Et si on est curieux des choix musicaux de l’auteur pour introniser son histoire, l’éditeur Ki-oon à penser à tout, avec des codes à scanner entre les chapitres, restituant les morceaux qui ont été choisis lors de notre lecture ! Une belle et grande idée, qui renforce notre immersion dans l’univers de Your Lie In Apriĺ !
A la fois chronique adolescente douce-amère et balade symphonique dans un monde de virtuoses, Your Lie In April se révèle, une fois encore, un choix précieux de l’editeur Ki-oon. Après le superbe A Silent Voice arrivé en début d’année , voici qu’il nous propose à nouveau une splendide petite pépite, qui nous emmène au gré de son air enchanteur et de sa mélodie narrative dans un beau voyage musical, délicat et charmant. Une lecture indispensable.
il est vrai que « a silent voice » met la barre haute mais ce petit manga m’a l’air tout a fait rafraîchissant, affaire a suivre donc…