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Re-Anime (Spécial Battle): Saint Seiya Tenkai-hen Josō: Overture (de Shigeyasu Yamauchi)

Re-Anime (Spécial Battle): Saint Seiya Tenkai-hen Josō: Overture (de Shigeyasu Yamauchi)

Note de l'auteur

japonais-tenkai-hen-joso-overtureAujourd’hui, une séance «Re-Anime» un peu spéciale puisque un autre martien, Pierre-Alexandre Chouraqui, va également intervenir, pour deux fois plus de plaisir. La battle du jour concerne le cinquième film tiré de la saga Saint Seiya, intitulé Tenkai-hen Josō: Overture. Sorti en 2004 au Japon, le film avait divisé les fans et avait déstabilisé pas mal de monde avec son approche assez différente. A ce jour, il divise encore, au sein même de la rédaction du Daily Mars. Alors, pour ou contre? 

 

 Brûle Cosmos! (par Mathieu)

 

Les films tirés de licences sont rarement intéressants. En général, c’est parce qu’ils ne s’intègrent pas dans la chronologie déjà existante et même quand c’est le cas, ils n’ont jamais une réelle incidence sur le cours des événements. Parmi les cinq films Saint Seiya, je dirai que trois d’entre eux valent le coup et que les deux restants ne sont pas indispensables. Le sujet est propice aux débats les plus enflammés et nombreux sont ceux qui me jetteront des pierres, mais tant pis, je me lance. A mes yeux, le meilleur est et restera Les Guerriers d’Abel, puis suivent Tenkai-hen Josō: Overture, La Guerre des Dieux, et enfin Eris: La Légende de la Pomme d’Or et Lucifer, Le Dieu des Enfers. Ceci étant dit, revenons donc au Tenkai (pour les intimes) qui fut un échec retentissant au box-office japonais.

 

Sorti dans la foulée du comeback de Saint Seiya avec les OAV sur Hadès, le Tenkai devait en être la suite directe. Toute l’équipe était au complet, Kurumada en superviseur, Shingo Araki au chara-design et à l’animation, Seiji Yokoyama à la musique et Tohru Furuya, la voix officielle de Seiya, bref il y avait un potentiel énorme. Le récit reprend juste après la Guerre Sainte de laquelle Seiya n’est pas sorti indemne. Blessé par Hadès, il est maintenant en fauteuil roulant et se meurt à petit feu. Les dieux de l’Olympe ne peuvent plus accepter tout ces déicides et veulent en finir définitivement avec les chevaliers d’Athéna. Ils envoient sur Terre, trois anges pour faire le ménage mais face à la résistance, très vite, ce sont Artémis puis Apollon en personne qui viennent fouler le sol des hommes.

 

Artistiquement et esthétiquement, le Tenkai est une totale réussite. Shingo Araki fait des merveilles, l’animation est fluide et le chara-design, fidèle à lui même, c’est à dire somptueux. La bande-son de Yokoyama fait des merveilles en ravivant les meilleurs thèmes musicaux de la série d’origine. De ce point de vue, on est pas dépaysé! Là où le Tenkai est assez déstabilisant, c’est d’abord dans ses décors. Alors que l’on est habitué à de vastes temples grecques, le film prend un parti esthétique assez différent. Le temple prend des allures plus surréalistes, plus abstraites. Ensuite, à la réalisation, Yamauchi tente d’apporter sa patte, sa vision de Saint Seiya et donne vie à une œuvre plus mature, plus adulte et même plus profonde. C’est d’ailleurs certainement les raisons qui pousseront Kurumada à renier cet «enfant illégitime» par la suite, ne se reconnaissant pas dedans. Peut-être l’avait-il déjà un peu abandonné, en même temps…

 

Le film aborde la saga sous un autre angle, peut-être de manière plus contemplative. Cependant, il n’en perd pas sa filiation avec la série-mère et tente même d’apporter des réponses (coucou le frère de Marine) qui seront réutiliser dans la suite 2.1, Saint Seiya Next Dimension. La question du déicide ou de la remise en cause des dieux est abordé de manière plus frontale, laissant à la réflexion plus de place qu’à l’action et c’est en partie ce qui a perdu les fans. Est-ce les dieux qui font les hommes ou l’inverse? La voie que doit emprunter Seiya et les étapes qu’il franchit, l’amène irrémédiablement à défier le divin. Tout va dans ce sens et le final plutôt abrupte et quasi-conceptuel abordant l’idée-même de couper le lien unissant Athéna et ses chevaliers n’es pas dénué d’intérêt. Le Tenkai demeure un film incompris et imparfait mais dans sa volonté d’évoluer, il reste une œuvre unique et fascinante offrant des réflexions pertinentes sur l’univers de Saint Seiya.

 

Note: 4/5

 

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Cosmos y es-tu ? Auteur que fais tu ? (par Pierre-Alexandre)

 

Stupeurs et révélations : Seiya dans un fauteuil, inerte après son combat contre Hadès, sans cosmos et sans aucune possibilité de porter une armure, se voit abandonner par Athéna. La déesse se sacrifie, laissant le sanctuaire à Artemis, à la condition que Seiya et ses amis soient graciés de leur rébellion constante envers les dieux. Mais Artemis s’apprête à provoquer la fin de l’humanité… Tenkaï annonce d’emblée un pitch de départ retentissant, désireux de briser les codes de la série et des films précédents, en prenant une direction inattendue et véritablement, tout du moins sur le papier, conclusive. Le résultat se voudra alors bien différent de cette volonté première. Dont acte. Tenkaï Hen Joso ressemble à un objet étrange, mal fini, mal goupillé, utilisant toutes les ficelles techniques possibles pour remplir jusqu’à la lie un scénario confinant à l’hérésie narrative la plus totale.

 

tenkai-hen-joso-overture-afficheRythme abscons, apparitions brèves et sans intérêt des chevaliers de bronze, caractérisation du frère de Marine lamentable, moments épiques complètement absent, presque rien ne nous sera épargné, la qualité graphique et l’animation de Tenkaï, certes admirables, serviront alors de tour de passe-passe pour nous faire tenir le temps qu’il faudra. Et tandis que l’on attend la délivrance finale, arrive un revers étourdissant, une gifle ultime, qui achèvera pour de bon le spectateur. En l’occurrence, une apparition improbable du véritable comploteur déifique de toute l’intrigue, nommé Apollon, introduit comme un cheveu gras sur une soupe déjà bien rance dans l’univers de Saint Seiya. Comme ça, sans aucune préparation, ni aucune information préalable, le « big boss » nous est balancé à la figure comme une ligne de scénario bancale qui n’aurait pas dù être écrite. S’ensuit alors un dialogue oblitéré entre le dieu et Pégase, nous laissant complètement sans voix par cet infâme soubresaut scénaristique dénué de sens, culminant sur le concept ultime que l’armure absolue, pour un combat final et total, c’est bel et bien de se battre à poil!

 

Comment une plongée en enfers est-elle possible avec un tel casting aux commandes? Pas besoin de chercher bien loin pour comprendre la dérive de Tenkaï. Si l’idée de départ a été initié par Kurumada himself, les deux scénaristes en charge du film ont dès lors eu fort à faire avec l’auteur lui-même. Pas moins de dix moutures furent en effet misent en chantier, dù aux différents conflits entre ces derniers laissant aux spectateurs l’anime accablant que l’on connait, et son réalisateur, pauvre de lui, de se voir récolter toutes les critiques furieuses des financiers et du public.

 

On peut poursuivre avec une analogie ultime sur Tenkaï et l’influence de Kurumada à son encontre : Ce sont en effet certaines grandes lignes qui ont été repris par ce dernier dans son manga nommé Next Dimension. A sa lecture, l’auteur nous fait bien comprendre que sa vision était la meilleure à l’époque, en y ré-articulant un certain nombre d’idées narratives – y compris un bon paquet de celle de Lost Canvas, tant qu’à faire – ce que son forcing scénaristique sur Tenkaï ne lui avait certainement permis. Le résultat de Next Dimension, encore aujourd’hui en cours d’écriture, est ahurissant de nullité et laisse songeur sur l’implication des directives scénaristiques que Kurumada imposa sur Tenkaï, donnant des airs de fond de commerce graveleux avec le temps à sa série phare.

 

Tenkaï démarre donc d’une grande idée, qui fut trahie, honnie et conspuée par son propre créateur, dont l’égo très mal placé et déplacé, ficha en l’air l’attente ahurissante de milliers de fans, nous laissant un film agonisant, souffreteux et quasiment désireux que l’on l’achève sur place. Si Seiya perdit son cosmos durant quasiment tout ce film, il n’est pas difficile de réaliser que Kurumada, en grande partie responsable de ce gâchis pathétique, a définitivement fait disparaître le sien pour de bon. Et ce n’est pas le nanardesque Saint Seiya Next Dimension qui me fera dire le contraire…

 

Note  1/5 

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