
Cromo, les belles histoires se dissolvent dans l’eau (Séries Mania)
Du 15 au 24 avril se déroule la septième saison de Séries Mania à Paris, et comme chaque année, le Daily Mars vous offre une couverture du festival. Au programme, critiques, bilans de conférences et autres surprises…
Valentina, biologiste, prélève des échantillons d’eau dans une réserve naturelle du nord de l’Argentine. Elle les envoie pour analyse. Le lendemain, son corps est retrouvé sans vie dans les marécages. Son mari, Diego, et son amant, Simon, mènent l’enquête… Ces trois réalisateurs de la nouvelle vague du cinéma argentin signent, avec Cromo, un thriller écologique captivant.
Cromo, série en 12 épisodes créée par Lucía Puenzo, Nicolás Puenzo et Pablo Fendrik, nous interroge sur l’équilibre fragile entre l’humain et son environnement.
Dès les premières minutes de la série, une idée vous emplit le cerveau : notre monde est bôoooo ! Pourtant on le maltraite. Située dans des paysages aquatiques, la série porte un double regard sur la nature dans la province de Corrientes en Argentine et les glaciers de l’Antarctique. En faisant de ces paysages un personnage à part entière, la parole de la nature est présente dans le silence, les bruits. On la voit souffrir dans des bancs entiers de poissons morts, des eaux viciées de produits chimiques. Dans le premier opus, nos trois protagonistes principaux sont en prise directe avec elle.
Cependant, le format sériel ne peut être exclusivement contemplatif et les humains se perdent un peu dans ses grandes étendues. Les informations que le spectateur reçoit sur les personnages, en particulier tous les personnages secondaires, leurs relations, leurs buts peinent à faire surface. Deux épisodes entiers ne permettent pas réellement de saisir les enjeux du récit et de générer l’empathie dans leur quête de réponses.
Heureusement, la relation entre les deux héros retient l’attention qui s’évade. Après la mort de Valentina, Diego et Simon sont perdus. Diego réalise le lien romantique qui liait son ami à sa femme et son cerveau ne peut empêcher son imagination torturée de prendre le pas sur le souvenir. Simon joue tout en finesse à l’équilibriste entre la pudeur due à son ami et le chagrin légitime de son propre amour meurtri. La déstabilisation géométrique d’un triangle amoureux en une ligne délicate engage enfin dans cette histoire nos émotions plutôt que nos yeux.
Finalement, en ayant passé un bien joli moment, en sortant de la séance il nous manque au ventre un ingrédient essentiel du format sériel : l’envie de la suite.
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