Bodybuilder de Roschdy Zem : Culture Club (CRITIQUE)

Bodybuilder de Roschdy Zem : Culture Club (CRITIQUE)

Note de l'auteur

Devant et derrière la caméra, Roschdy Zem raconte, avec émotion, les retrouvailles d’un père et son fils, que tout oppose. Un film au sujet original (le bodybuilding), avec une direction d’acteurs impeccable, qui déboule sur les écrans le 1er octobre !

Antoine (Vincent Rottiers) face à un père peu commode, le M. Muscle François Yolin Gauvin. Crédit : Mars Distribution.

Pour son troisième long métrage en tant que réalisateur, Roschdy Zem revient là où on ne l’attend pas. Après la chronique d’un couple mixte, victime de l’intolérance (Mauvaise foi, 2006) et son thriller judiciaire sur l’affaire Omar Raddad, ce jardinier marocain accusé du meurtre de son employeuse (Omar m’a tuer, 2010), l’acteur a en effet choisi de s’attaquer à un sujet surprenant et rarement traité au cinéma : le culturisme (on voit d’ailleurs au début du film un extrait d’un documentaire culte sur le sujet, datant de 1977 : Pumping Iron avec Arnold Schwarzenegger et Lou Ferrigno – sacré clin d’œil !). Un monde à part, avec ses rites et ses codes, que l’on va découvrir par le biais d’Antoine, un voyou de 22 ans (le très juste Vincent Rottiers).

Crédit : Mars Distribution

Crédit : Mars Distribution.

Surnommé “le Madoff des Minguettesˮ (ce quartier résidentiel de la banlieue sud de Lyon), ce magouilleur doit de l’argent à une bande de petites frappes. Son grand frère (Nicolas Duvauchelle) lui conseille de se réfugier quelques temps chez leur père à Saint-Étienne pour se faire oublier. Alors qu’il n’a pas vu ce dernier depuis cinq ans, Antoine le retrouve radicalement changé : à 58 ans, Vincent s’est mis au culturisme et se prépare intensément à un important concours de bodybuilding (il est joué par l’ex-champion du monde de la discipline, François Yolin Gauvin, dans un rôle prévu au départ pour… Antoine de Caunes*). Les retrouvailles entre ce propriétaire d’une salle de muscu et son fils ne vont pas se faire sans heurts…

Roschdy Zem, qui s’est réservé le rôle du sparring-partner, s’est imprégné totalement de cet univers où des athlètes sacralisent le corps parfait en s’infligeant de sévères régimes. Une philosophie – et un mode de vie – qui valorise l’idée de l’effort, du sacrifice, avec une rigueur parfois excessive. Zem fait aussi un parallèle stupéfiant entre les drogues que consomment le jeune délinquant et les produits anabolisants, tout aussi dangereux, que son père absorbe au quotidien. A noter également la bonne prestation de Marina Foïs dans le rôle de la petite amie de ce roi de la gonflette, assez maladroit avec la gent féminine.

Avec une folle énergie, le cinéaste signe, sur fond de rap, une œuvre souvent hilarante, parfois émouvante, qui porte un regard tendre et bienveillant sur cette bande de gros bras au cœur tendre. Les Expendables peuvent se rhabiller !

Film de Roschdy Zem (France, 2014). 1h44. Avec Vincent Rottiers, François Yolin Gauvin, Nicolas Duvauchelle, Marina Foïs, Roschdy Zem, Dominique Reymond. Sortie le 1er octobre.

* Antoine de Caunes devait à l’origine tenir le rôle du père du héros. Mais la préparation physique de l’acteur retarde le projet, comme il l’explique lui-même en 2013 sur France Inter : “Il y avait un entrainement physique très intense, qui durait depuis quatre mois, avec un régime alimentaire assez hard et puis on s’est rendu compte que ça ne marchait pas, il fallait plus de temps. À moins d’avoir recours à des produits interdits… Et donc le film a été retardé, déplacé. Du coup, quand la nouvelle de ma disponibilité est arrivée aux oreilles – qui sont grandes – de Canal+, ils m’ont sauté dessus pour me proposer de reprendre Le grand journal…ˮ

Partager