« Cygne » :  sous le chant

« Cygne » : sous le chant

Note de l'auteur

C1-Cygne-BD--683x1024L’histoire : Corleu est un errant. Il est pourtant différent des autres, avec des cheveux couleur lune et sa capacité de lire. Il aime les histoires, celle du Roi d’or ou de l’Aveugle, du renard roux. Un jour, son peuple se perd dans les limbes. Lui seul peut les sauver, perdu dans la Tenure de Ro. Et les légendes prennent vie pour le faire chanter.

Mon avis : Intégrale de Patricia A. McKillip, composée de deux livres, La Sorcière et le Cygne et Le Cygne et l’oiseau de feuCygne est un vrai voyage en terre de poésie. C’est un type de fantasy bien différent de ceux proposant habituellement des combats millénaires et des destinées royales. Ici, si destin il y a, il se met doucement en place, par des phrases, des chuchotements. La première histoire est celle d’un homme un peu différent, d’une sorcière qui se cache dans le marais, d’un gardien des portes, de trois filles nées de pères différents et inconnus. C’est l’histoire de la vérité qui se cache dans le fond des histoires du coin de feu. Un peu difficile d’accès dans ses premières pages, tant il est compliqué de faire la différence entre la métaphore, la narration, le conte. Et c’est tout le charme de cet ouvrage, qui nous transporte dans un lieu où rien n’importe que le cœur d’un homme.

Le deuxième livre qui compose cette intégrale possède moins de la force de suggestion du premier, et transporte donc légèrement moins loin. L’histoire suit la Tenure de Ro et est plus classique, en ce qu’il s’agit cette fois-ci de chevalerie, de princesses-guerrières, de mages et de dragon. La poésie et le conte sont toujours présents, mais nous sommes moins dans une atmosphère de mystère, de rêves et partons dans un monde de magie. Alors, si c’est distrayant et suffisamment tarabiscoté pour coller au même univers, on peut tout de même se plaindre d’une certaine facilité dans les deus ex machina (un livre, OK, deux fois, mouais). Mais nous sommes dans un conte, alors, en même temps…

photo4Bref, encore une très belle intégrale de chez Mnémos, qui met ici aussi l’accent sur des livres de fantasy différents (comme  Les Nuits du Boudayin dont on avait déjà parlé). Ce sont des romans écrits à plusieurs voix : nous avons ainsi Corleu, un errant, qui n’est censé jamais passer une porte et se contente de peu. Méguet, guerrière à l’instinct qu’elle ne comprend pas toujours, et Nyx, sorcière perdue par le miroir aux alouettes de la connaissance. Et au cœur de l’histoire, le mage Chrysom, disparu, mais dont les tours aujourd’hui encore, impactent la vie des habitants de la Tenure de Ro.

Si vous aimez : Une touche des Princes d’Ambre de Zelazny, un peu d’Andersen, saupoudré des mystères de Brocéliande et une pincée d’American Gods de Gaiman.

Autour du livre : Patricia A. McKillip est née à Salem. Et ça, si ce n’est pas un signe pour écrire sur des sorcières…

Extrait : « – Cervelle de lune. Corleu est tombé de la lune.
Il était de retour dans le foin, en compagnie de Jagger et de Venn, et ils désignaient du doigt le Renard Roux qui rôdait à l’horizon, démesuré et menaçant. Il traînait derrière lui l’ombre ourlée d’étoiles du Magicien.
– Le Delta a combattu le Cygne dans la maison du Renard Roux…. Va fourrer ta tête dans un seau de lait, tête de lait.
Il se redressa, sidéré par ce qu’il venait d’entendre. Un renard de belle taille sortit sans bruit des taillis et traversa la route. Le cheval se cabra, et la secousse réveilla Corleu. Les sabots s’abattirent sur l’ombre de l’animal. En voyant qu’elle avait les mains d’un homme, Corleu manqua de lâcher les rênes. »

Sortie : avril 2015, éditions Mnemos, 432 pages, 27 €.

 

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