
#Dans ton PIFFF 3 : palmarès et Godzilla
Le PIFFF a fermé ses portes avec une belle cérémonie de clôture, une fréquentation en hausse et un Godzilla pas content.
Si le PIFFF a fermé ses portes dimanche 10 décembre, cette septième édition au Max Linder a été un succès en or massif et a battu tous les records de fréquentation, avec pas moins de 10 000 entrées en 6 jours. Avant le palmarès, le PIFFF a présenté hors compétition Mayhem, signé Joe Lynch (Everly). Immense nanar, le film est un mix entre Piège de cristal, Le Loup de Wall Street et un épisode de The Walking Dead. Oui, c’est possible ! Dans une tour ultra-moderne, siège d’une cohorte d’avocats tous plus véreux et frappadingues les uns que les autres, Steven Yeun, vu dans la série The Walking Dead, doit tenter de survivre à un mystérieux virus qui infecte ses collègues et les transforme en monstres lubriques, ultra-violents, assoiffés de sang… Armé d’un tournevis, d’un pistolet à clous et deux ou trois outils bricolo-rigolos, l’avocat franchement viré de sa firme, remonte les étages pour affronter les infectés et ses patrons barricadés tout en haut de la tour.
Grosse série Z, Mayhem mise à fond sur la violence, la baston, la vulgarité assumée. C’est un gros doigt d’honneur, un geste punk mal élevé, mais le scénario est tellement bancal, mal écrit, qu’il est difficile de s’identifier aux tocards qui s’agitent sur l’écran. Alors oui, ça pisse le sang, ça baise dans les coins, mais au bout de dix minutes, impossible de s’intéresser à quoi que ce soit, notamment à cause des acteurs qui grimacent et gesticulent comme des babouins épileptiques sous crack. Naufrage total !
Le film en clôture était Shin Godzilla d’Hideaki Anno et Shinji Higuchi. Lors de la présentation du film, Fausto Fasulo, papa du PIFFF et rédac’ chef de Mad Movies, était sur un nuage. Pour lui, Shin Godzilla est le « plus grand film de SF de ces dernières années », une « œuvre kubrickienne », un film pour lequel il a fait l’aller-retour au Japon et qu’il a découvert, sanglotant de bonheur, en japonais non sous-titré (bon courage !)… Même si je suis loin de partager son enthousiasme délirant, Shin Godzilla, 29e de la série, est une œuvre passionnante. Parce qu’avant d’être un « kaïju » classique, c’est un film politique qui se passe dans d’innombrables war rooms, salles de conférences, avec des militaires et des ministres qui tentent de comprendre la situation, qui devisent sans fin avant de savoir s’ils vont se résoudre à utiliser la bombe ou passer la main aux Américains ! C’est incroyablement bavard, perturbant, mais Hideaki Anno (Neon Genesis Evangelion) parvient à emballer le tout à coup de cadrages déments et de plans signifiants, tandis que plane la tragédie de Fukushima. Quant à Gojira, la bestiole subit plusieurs métamorphoses, et si certaines scènes sont cheap (la première apparition de Godzilla, à quatre pattes), d’autres sont vraiment flamboyantes, très graphiques, grâce au talent de Shinji Higuchi, grand maître des SFX. À l’arrivée, Shin Godzilla est un objet radical et tranchant, une vraie curiosité, même si le fan de destruction massive et de monstre en caoutchouc reste un peu sur sa faim…
C’était la première diffusion de Shin Gozilla dans une salle française. Et la dernière puisque le film… ne sortira pas !
Au palmarès de cette année, Tigers Are not Afraid, qui a reçu L’Œil d’or, récompense décernée par le public, ainsi que le prix Ciné+. Ce film mexicain raconte l’histoire d’Estrella une jeune fille qui, après le décès de sa mère, trouve refuge auprès d’un groupe de cinq garçons, tous orphelins. Mais lorsque le spectre de sa mère apparait, Estrella commence à se poser des questions : ce qu’elle voit n’est-il pas le signe d’une déficience mentale ?
Visiblement touchée, la réalisatrice Issa López est montée sur scène deux fois pour récupérer ses prix. Également au palmarès, les courts métrages Scaramouche Scaramouche et Spooked.
Vivement 2018…
Shin Gojira est un très bon film de SF parce que justement il se démarque de tous ces produits interchangeables et décérébrés et Américains qui polluent tous les écrans de la planète depuis 15 ans à un rythme de plus en plus proche de l’hystérie. A croire que tous ces films aux budgets colossaux servent à blanchir de l’argent sale…
Dans Shin Gojira il y a du fond. On y parle de la société Japonaise, de son conformisme, de sa bureaucratie, des luttes internes pour le pouvoir, du pouvoir central inféodé aux intérêts Américains quelles qu’en soient les conséquences pour la population. Mais on y parle aussi de la politique étrangère Américaine et des risques liés au nucléaire. On comprend qu’une ville comme Tokyo est impossible à évacuer et que si les vents avaient soufflé vers le sud en 2011 la capitale du Japon serait probablement une immense mégapole déserte parce qu’inhabitable à l’heure qu’il est.
Les monstre est le résultat de trucages à l’ancienne mis en valeur par les CGI d’aujourd’hui, et ça fonctionne. Il y a des images très fortes comme lorsque Gojira incendie la ville avec son rayon d’une puissance phénoménale.
C’est un film très bavard mais jamais ennuyeux et les scènes de destructions sont vraiment impressionnantes. Le casting est très bon.