
Dans ton #PIFFF 4 : The Mermaid
Réalisateur de Shaolin Soccer et de Crazy Kung-Fu, Stephen Chow revient avec l’histoire d’amour entre une jolie sirène et un méchant homme d’affaires. Une comédie déconno-écolo qui fait plouf.
Chow devant ! Dieu vivant en Asie, l’acteur-réalisateur Stephen Chow, 54 ans, est un comique au physique élastique, sorte de Jim Carrey chinois. Depuis des années, il fracasse régulièrement le box-office grâce à des comédies cartoon (scato-rigolo-dingo) qui parodient les succès du 7e art. En 2003, il remporte enfin un triomphe mondial grâce à la « foot comedy » Shaolin Soccer. Avec Crazy Kung-Fu (2005), il alterne séquences hilarantes, boostées par des effets numériques décapants, et scènes de bastons homériques chorégraphiés par le petit génie de Matrix. Très secoué, Chow se permet tout, et plus encore : les corps s’envolent, des gangsters dansent comme dans une comédie musicale, les héros courent à 200 à l’heure, bref, il remixe Bruce Lee et Tex Avery. Depuis ce sommet, Chow a déçu avec l’anecdotique CJ7 (2008) et le sympathoche Journey to the West (2013), et c’est peu dire que j’attendais son nouvel opus, The Mermaid, en 3D, qui n’aura pas de distributeur en France. Fin du suspens : le film est un gros nanar boursouflé. Énorme succès en Chine (il a battu Star Wars et Deadpool), The Mermaid raconte l’histoire d’amour entre une jolie sirène et le méchant homme d’affaires, pas écolo pour un yuan, qui veut raser sa baie et qui met en péril jusqu’à la survie même de son espèce. Comme il faut meubler pendant 1 h 45, Chow multiplie les personnages excentriques et farfelus (le millionnaire avec son jet pack), les créatures (l’inénarrable Mister Poulpe).
Une nouvelle fois, Stephen Chow mélange gags relou, bastons et slapstick, avec de gros clins d’œil aux dessins animés de Tex Avery, son idole. « Celui qui a marqué le plus profondément mon inconscient, c’est Tex Avery : sur le tournage de Crazy Kung-Fu, il a été mon ange gardien, ma principale source d’inspiration, le destinataire invisible de 90 % de mon travail. Aujourd’hui encore, je rêve qu’il assiste à une projection du film et qu’il me félicite. » Sauf que tout ce qui fonctionnait dans Crazy Kung-Fu, notamment les SFX zinzins et une poignée de séquences émouvantes, ne marche plus ici. Alors c’est sûr, c’est foisonnant, il y a quelques gags mongolos qui cartonnent (monsieur Poulpe obligé de couper et cuisiner ses propres tentacules), des poursuites, des bastons. Mais l’ensemble paraît bien terne, naïf, interminable, avec des images de synthèse foireuses et un couplet écolo final qui tombe à plat. Il manque au film de la chair, une âme, un vrai scénario, une progression narrative, des personnages qui soient autre chose que des clichés sous acide. Il manque surtout Stephen Chow, acteur qui semble issu du cinéma muet, roi du slapstick avec son corps élastique et son sens du timing hallucinant.
Grosse déception.