
De la richesse du contradictoire (Ramy / Starzplay)
Starzplay propose enfin chez nous l’une des plus belles incursions sérielle de l’année. Ramy, ou les subtils tâtonnements d’un jeune musulman américain pour un portrait contemporain aussi nuancé que désopilant.
La conversion du stand-up vers le petit écran reste un vecteur fort et nombreux sont celles et ceux désireux de suivre les pas des Louis CK, Tig Notaro et autres Aziz Ansari. Si l’on regarde un peu plus loin en arrière, les comédiens de scène ont toujours brillé dans l’exercice du rendez-vous épisodique. Citons Bill Cosby, Roseanne Barr, Jerry Seinfeld, Larry Sanders, Bob Newhart ou bien encore Garry Shandling.
Le contenu a toutefois radicalement évolué. Si la bonne vieille recette du sitcom se pratique toujours, le comique actuel ne se contente pas de produire du rire. L’exemple de Bill Hader (Saturday Night Live) avec Barry pour HBO en est une belle démonstration. On constate surtout qu’il n’a plus peur de privilégier l’enjeu dramatique. Louie est passée par là mais on citera surtout Atlanta de et avec Donald Glover qui concentre les regards.
C’est en bonne partie à cette dernière que l’on pense en découvrant le double fictionnel (très autobiographique) de Ramy Youssef, lui aussi comique de stand-up au préalable, vous l’aurez deviné. Non pas qu’il partage de nombreux points communs avec le dénommé Earn d’Atlanta. Il s’agit plutôt d’un choix de tonalité où il est moins question de générer un gag que d’établir un tableau social profondément ancré dans la réalité de son auteur. L’humour vient alors en second plan, presque par ricochet et se nourrit fondamentalement de l’absurde.
Ramy Hassan est un jeune employé d’une start-up du New Jersey, vivant chez ses parents, immigrés d’origine égyptienne et palestinienne. Son entourage le pousse à se trouver une musulmane pour future épouse, idéalement avant que ses cheveux ne tombent ! Mais Ramy est plus enclin à fréquenter des femmes qui ne pratiquent pas et s’interroge plus largement sur le périmètre très variable de sa foi.
Le jeune Ramy s’avère effectivement très talentueux mais rien n’a été laissé au hasard pour le mettre dans de parfaites conditions et il fait ici ses débuts sériels en étant bien entouré. Le tout est notamment chapeauté par Bridget Bedard (Transparent) dans le rôle de showrunner. Côté casting, Ramy est accompagné de la fabuleuse Hiam Abbass (The OA, Succession) sous les traits de sa mère. Et puis, il y a également cette bande son originale très soignée que l’on doit à Dan Romer (Easy, The Good Doctor, Maniac) et Mike Tuccillo.
Alors bien sûr, la confrontation entre la foi du jeune homme et son environnement de tous les jours créé la sève de cette série. Mais Ramy transcende l’enjeu religieux pour évoquer toutes les attentes contradictoires qui le tiraillent et qui ne sont pas spécialement propre à la jeunesse musulmane. Il en ressort un portrait peut être encore plus significatif, son personnage ne se trouvant ainsi pas seulement définit par ses croyances.
Enfin, Ramy ne se réduit pas non plus à un one-man-show. La série consacre quelques épisodes à ses personnages secondaires. On retiendra l’épisode 6 (Refugees, écrit par Bedard) centré sur la soeur de Ramy, Dena. Véritable révélation, l’actrice (May Calamawy) éblouit la série et donne furieusement envie de la revoir ; autre similitude avec Atlanta et la performance de Zazie Beetz.
Bref, voilà une belle addition au format court qui devrait très certainement se placer avec les honneurs parmi les sélections de fin d’année des critiques avisé.e.s.
RAMY (Hulu) Saison 1 en dix épisodes
Disponible sur Starzplay dès le 12 décembre.
Série créée par Ari Katcher, Ramy Youssef et Ryan Welch.
A noter que Starzplay, déjà disponible via Apple TV, est désormais accessible via Amazon Prime Video, la TV d’Orange et une application tablette/mobile dédiée en France.