
#Critique De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles
La rentrée littéraire est toujours un moment difficile où faire le tri. Souvent, on choisit par hasard un ouvrage, parce qu’on connaît l’auteur. Ici, deux éléments attirent le regard. Un titre. Et une photo de couverture.
L’histoire : Paul est un jeune adolescent androgyne. Élevé par sa mère et la compagne de celle-ci, il a le malheur d’être hétérosexuel. Évoluant dans un milieu composé majoritairement de femmes, Paul se cherche, se définit et surtout doit apprendre à devenir adulte. Mais c’est un peu compliqué quand on a une mère qui se comporte comme une enfant.
Mon avis : Paul, c’est un peu cet ado quelque peu relou, qui a l’air si peu sûr de lui, et se laisse flotter sur le cours de son existence. Le mec attachant, pour qui ce n’est franchement pas facile de rencontrer une fille, surtout quand on évolue depuis l’enfance dans le milieu lesbien. Heureusement, il y a Stella, la compagne de sa mère, qui a un peu les pieds sur Terre. Et Alex son meilleur copain. Parce que s’il fallait ne compter que sur sa mère…
Dans cette chronique familiale, douce et mélancolique, Jean-Michel Guenassia nous entraîne sur les chemins musicaux, de Michel Sardou à David Bowie bien entendu. Dans un équilibre précaire, précaire parce qu’adolescent, on aime à suivre Paul d’une rencontre à l’autre, à essayer de contrebalancer une mère qui court après son enfance. Un jeu aussi, sur l’identité de genre, dans lequel Paul aime se fondre, et sur lequel l’auteur écrit dans le plus grand respect des identités sexuelles et des identités tout court. Certes, tout se mélange parfois un peu, la famille, les problèmes d’immigration, la sexualité, et parfois on perd de vue le but premier de l’ouvrage, qui semble parfois aller dans tous les sens.
On apprécie grandement partager cette tranche de vie de Paul, un air de musique dans la tête, et ses grandes phrases d’adolescent qui se croit plus malin que tout le monde. Un héros atypique, un récit de famille qui change un peu dans le rouleau compresseur de la rentrée.
Si vous aimez : Superstars d’Ann Scott, en version rose bonbon, un peu sucré.
Autour du livre : Si le nom de l’auteur vous dit quelque chose, vous avez peut-être lu son Club des incorrigibles optimistes, prix Goncourt des Lycéens en 2009.
Extrait : « Une anecdote vous fera mieux comprendre ce que j’ai vécu. C’est mon plus vieux souvenir. Je devais avoir quatre ou cinq ans. Quand on se promenait avec Léna aux Buttes-Chaumont, ce qui n’arrivait pas souvent, on se tenait par la main, car elle avait une aversion inexpliquée pour les poussettes, on s’arrêtait de temps en temps sur un banc pour se reposer, il y avait souvent d’autres femmes avec des enfants qui voulaient engager la conversation. Ce n’était pas facile, car ma mère a toujours détesté ces papotages débiles, elle répondait par monosyllabes à leurs questions et essayait de m’entraîner plus loin. Les femmes me fixaient avec un grand sourire, quelques-unes réussissaient à me caresser la joue et finissaient toutes par demander : ″C’est une fille ou un garçon ?″ Ma mère me dévisageait et répondait : ″J’en sais encore rien.″ »
De l’influence de David Bowie sur la destinée des jeunes filles
Écrit par Jean-Michel Guenassia
Édité par Albin Michel