
Dead of Winter : Une apocalypse zombie au cœur de l’hiver, c’est doublement la m… !
« Dead of Winter vous plonge dans un hiver au lendemain d’une apocalypse provoquée par des zombies »
Je sais pas vous, mais moi, la lecture des premiers mots du livret de règles de DEAD OF WINTER – A LA CROISEE DES CHEMINS me donne quand même l’impression que ce jeu ne débute pas sous les meilleurs auspices… Déjà se prendre une apocalypse zombie sur la tronche, karmiquement c’est quand même pas bon signe ; mais se retrouver carrément piégé dans un petit camp cerné de monstres voraces au cœur d’un hiver glacial avec à peine de quoi survivre quelques heures, c’est plus de la malchance ! Là, le destin vous en veut personnellement ! Non pas que les apocalypses zombies sur les îles paradisiaques se passent toujours mieux (amis de Dead Island, bonjour) mais au moins il y a le soleil et la mer !
DEAD OF WINTER, c’est quoi ?
Alors DOW – ALCDC (ça va être plus simple non ?) est un jeu de survie semi-coopératif et scénarisé. C’est à dire que c’est presque un jeu coopératif (jeu dans lesquels les joueurs jouent contre le jeu, un sujet que j’aborde dans cet article au nom totalement outrageux), sauf que comme le dit si bien le jeu : Votre groupe et celui des autres joueurs forment une colonie de survivants ayant un but commun, mais chaque groupe a également ses propres aspirations, et si généralement, le but de votre groupe et celui de la colonie auront des aspects communs, parfois, certains auront des objectifs allant à l’encontre de celui de la colonie.
En effet, à chaque partie les joueurs choisissent un scénario auquel correspond une situation et un objectif commun connu de tous. Mais chaque joueur reçoit également un objectif secret, et ne remporte la partie qu’en remplissant ce dernier ! Reste à savoir si ce dernier va vous pousser à tirer juste un peu à vous plus la (trop courte) couverture plutôt qu’à réchauffer les pieds de tout le monde, ou si vous devrez carrément saboter le travail de vos camarades et compromettre leur survie pour sortir vainqueur de cette sinistre situation !
J’ouvre donc la boiboite et oh…
Ben il y a pas à dire, DOW – ALCDC ne se fout pas de notre gueule côté matos ! Le jeu contient 30 survivants avec chacun une sympathique figurine cartonnée, et une fiche personnalisée indiquant sa profession et ses capacités. Les zombies ont eux aussi droit à leur petite figurine. Et une fois tout ça disposé sur les plateaux représentant votre camp et les six lieux (dans lesquels vous devrez risquer quelques incursions pour y récupérer les ressources et le matériel indispensable à votre survie), avec à côté, tous les paquets de cartes, jetons et autres dés par dizaines, la table de jeu est bien occupée, tout en restant très lisible avec un style glacial, gris et glauque !
Ne reste plus qu’à lire le livret de règles qui est plutôt clair lorsqu’on le parcourt, mais qui ne facilite pas la tâche du joueur lorsqu’on y revient durant la partie pour résoudre quelques questions clés. Car tout y est bien expliqué, mais rien n’est jamais répété, du coup chaque petite phrase compte et on peine parfois en jeu à trouver à quel endroit se trouve un point de règle précis.
Le jeu permet de jouer de 2 à 5 joueurs et chaque joueur va donc contrôler un petit groupe de survivants, dont le nombre (2 en début de partie) évoluera en fonction des rescapés qui se joindront à vous, ou des pertes que vous subirez ! Le risque est en effet omniprésent dans le jeu car à chaque combat et à chaque déplacement, vous devez jeter le « dé de risque », qui peut valoir à votre survivant une méchante blessure, mais aussi une contamination par les zombies. Et là, c’est simple : le survivant meurt et contamine de suite son voisin, qui à son tour risque de mourir et contaminer un autre survivant, etc… Un effet domino qui ne sera stoppé que par le sacrifice d’un contaminé ou un peu de chance au dé.
Parlons mécanique
Côté mécanique de jeu, les connaisseurs auront de suite l’impression que le jeu lorgne du côté de BATTLESTAR GALACTICA avec son système de crise à résoudre à chaque tour à l’aide de ressources que les joueurs fournissent face cachée, permettant ainsi à un traitre de saboter les efforts de ses camarades. Mais DOW – ALCDC a toutefois un aspect plus stratégique, en particulier dans la planification des actions, puisque les dés indiquant la réussite des actions accomplies par les survivants sont lancés en début de tour, puis affectés par les joueurs aux actions de leur choix. Les joueurs savent ainsi ce qu’ils seront capables de réussir au cours du tour à venir, et peuvent planifier et se coordonner en conséquence. De plus, cela réduit la place du hasard dans le jeu, et celui-ci sera surtout présent lors des fouilles des bâtiments, ou lorsque sera lancé l’affreux dé de risque (et encore, on essayera vite de réduire le nombre de ces lancers aux conséquences désastreuses, à l’aide de ressources ou de capacités spéciales des survivants, comme le ninja qui ne lance pas de dé de risque lorsqu’il affronte un zombie).
Autre spécificité importante du jeu, l’apport des cartes « A la croisée des chemins », la meilleure idée du jeu pour moi, tant elle renforce l’immersion dans le jeu. En effet, à chaque fois que débute le tour d’un joueur, son voisin tire une carte, dont il entame la lecture si l’élément déclencheur de celle-ci se produit, et ce à tout moment. Ces cartes ont un fort aspect narratif et décriront au joueur une situation dans laquelle il devra faire un choix cornélien qui se répercutera sur le jeu (allez un exemple : « enfant vous regardiez passer les avions et justement vous en voyez un parachuter un conteneur à quelques centaines de mètres d’ici, en pleine zone infectée. Montez vous une expédition pour aller le chercher ou préférez vous l’ignorer au vu des risques ? »).
Pour le reste, le jeu est des plus classiques : les zombies attaquent inlassablement la colonie et les lieux que viennent fouiller les joueurs. Et ces derniers ne peuvent que les ralentir, en construisant des barricades qu’ils devront sans cesse reconstruire, ou tenter de les éliminer à leurs risques et périls en combat (avec le fameux dé de risque). Seul objectif : survivre suffisamment longtemps pour accomplir l’objectif de la mission et bien sûr le votre ! Sans oublier que vous vivez dans un monde vraiment pourri, et qu’il faut donc chaque tour résoudre une crise (plus de carburant pour la chaudière, un gros blizzard s’abat sur le camp, une brèche dans la palissade, etc… que des bonnes nouvelles donc !), nourrir tout le monde (et faut la trouver la bouffe pour nourrir toute cette troupe !) et accessoirement s’assurer que votre décharge ne déborde pas de partout, sans quoi vos survivants qui pataugent dans la merdasse, vont en prendre un coup au moral !
Votre seule chance d’y parvenir sera de vous coordonner pour équilibrer une défense efficace de la colonie (car si les zombies y rentrent, c’est le carnage), et une indispensable exploration de ces six lieux situés en dehors (avec un trajet chaque fois risqué) où vous pourrez dénicher des ressources (qui ont deux utilisations : une utilisation immédiate pour un bonus, ou une mise en commun pour résoudre les crises et nourrir la populace), de l’équipement (oui un fusil, ça aide contre les zombies !), et des événements qui seront souvent l’occasion de découvrir d’autres rescapés qui se joindront à vous (y compris des survivants vulnérables genre enfant ou personnage âgée qui seront surtout des bouches à nourrir !). D’ailleurs en parlant de fouille, le jeu propose là aussi une autre excellente idée : l’option de pouvoir fouiller de façon plus approfondie pour augmenter ses chances de trouver ce que vous étiez venus chercher en faisant du bruit, au risque bien sûr d’attirer encore plus de zombies…
Et donc ça donne quoi ?
Au vu de toutes ces bonnes nouvelles, vous pouvez le devinez, une partie de DOW – ALCDC a une ambiance très particulière. Narrative et immersive, très noire mais également très réfléchie, très stratégique, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, pas du tout trépidante. En effet, beaucoup de jeux ménagent le suspense et fournissent des occasions de sauter de joie lorsqu’un jet de dés chanceux permet un retournement de situation ou une réussite extraordinaire. Ce n’est pas le cas de DOW – ALCDC, dans lequel les joueurs planifient à l’avance leurs réussites et dans lequel un jet de dé est au mieux synonyme de statut quo, et le plus souvent apporte des emmerdes supplémentaires ! En même temps, cela traduit aussi totalement une ambiance désespérée, comme celle de THE WALKING DEAD dans laquelle les choses ne peuvent qu’empirer, et dont on sort au mieux pas totalement anéanti !
De plus, j’ai surtout évoqué jusque là, via sa mécanique, la difficulté intrinsèque du jeu à laquelle les joueurs sont confrontés et doivent faire face ensemble ! Mais n’oubliez pas que le jeu va vous diviser, d’abord en vous fournissant un objectif personnel, mais aussi en faisant peser sur vous le risque permanent qu’un traitre, qui n’a absolument pas pour objectif la réussite commune, se soit glissé parmi vous ! Dès lors, pourrez-vous vraiment faire confiance à vos coéquipiers pour vous couvrir comme ils l’ont promis, ou pour vous aider à résoudre une crise ? Et si ce n’est pas le cas, ne devrez vous pas prendre le risque d’exiler hors de la colonie quelques survivants ? Pour le bien commun bien sûr ! Et qui sait, si la situation dégénère vraiment, il n’est pas dit que vous ne devrez pas faire usage de ce beau fusil contre un des vôtres finalement…
A la difficulté du jeu et à son ambiance très sombre vient donc s’ajouter ce qui est finalement le plus intéressant dans la thématique zombie : cette facette de l’âme humaine, et de la difficulté que nous avons à vivre, voire à survivre ensemble, et ce que l’on est prêt à faire en tant qu’individu pour s’en sortir mieux que notre voisin. Bon rassurez-vous, le jeu traite cette facette de façon plutôt légère (ouf, on ne sombre quand même pas dans l’ultra glauque !) mais ça reste une composante du jeu importante !
Du coup, DEAD OF WINTER – A LA CROISEE DES CHEMINS est un jeu bien particulier, avec son ambiance ! Et si vous êtes fan de ZOMBICIDE ou autres ZOMBIES, ce n’est pas du tout signe qu’il faut vous ruer sur un DEAD OF WINTER qui aborde le thème du zombie de manière totalement différente, avec une atmosphère beaucoup plus proche de celle d’une série comme THE WALKING DEAD. Ce jeu ne parle pas de combat, mais bien de survie, un peu comme le font ROBINSON CRUSOE ou BATTLESTAR GALACTICA, mais avec des morts vivants partout dedans ! Et c’est du coup, pour moi le, jeu qui aborde le thème de l’apocalypse zombie de la façon la plus intéressante.
DEAD OF WINTER – A LA CROISEE DES CHEMINS
Par Isaac Vega et John Gillmore, illustré par Fernanda Suarez
Editions Plaid Hat Games, traduit et édité en France par Filosofia
Recommandé pour les joueurs de 13 ans et +
Prix éditeur : 55 €
Bonjour, bon article. Je me tâtais à le prendre mais on ne joue qu’à 2 chez moi en général, du coup ça perd beaucoup de son attrait, non ?
Disons que ça perd une partie de son attrait puisque normalement, à 2, le jeu se joue en pur coopératif : pas de traitre, pas d’objectif personnel, on joue en équipe contre le jeu. Donc on perd un pan du jeu…
Après, le jeu est déjà difficile en pur coopératif et propose en plus sur chaque carte d’objectif une face « hardcore » pour ceux qui veulent un VRAI challenge (aka les fous).
Donc pour des personnes jouant le plus souvent à 2, DoW est un jeu 100% coopératif qui devient semi-collaboratif s’il y a des joueurs supplémentaires. Après faut voir si ça répond à vos attentes ! Voilà 🙂
merci pour la réponse 😉
Ben voilà, c’est malin, l’article m’a donné vachement envie et le jeu est en rupture…
Réjouissez vous !
Il est à nouveau disponible depuis le 23 juin.
Pour l’avoir testé, c’est fun et immersif à souhait.
Je recommande !!!
Merci pour l’info, et pour le retour ! 🙂