DeadLight Director’s Cut : l’apocalypse en générique

DeadLight Director’s Cut : l’apocalypse en générique

Note de l'auteur

Quatre ans après la sortie de leur jeu sur les consoles d’ancienne génération, les petits gars de Tequila Works copient sur leurs voisins développeurs quand ils manquent de thunes et que leur production a « pas trop mal » marché : ils font une version Remaster. Mais-mais-mais comme on veut un tant soit peu se démarquer et justifier le prix un poil trop élevé pour un titre de cet acabit, on va plutôt appeler ça « Deadlight Director’s Cut ». Ça fait classe sur les étalages et ça peut éventuellement flouer les myopes à la recherche de la version rallongée de leur film de super-héros préféré.

deadlight-820x410Seattle, 1986. Alors que Tchernobyl fait des ravages de l’autre côté de l’océan, en Amérique aussi on s’amuse avec le nucléaire et ses ogives. Mais au lieu de vaporiser proprement les habitants, ces nouvelles bombes ont la bonne idée de transformer les gens en zombies fort belliqueux. Bon, le jeu les appelle « ombres », mais nous ne sommes pas dupes : ça mord, ça infecte, ça fait des bruits de vaches grelottantes, n’importe qui y reconnaîtra un zombie (ou un infecté, suivant votre culture post-apo). Vous dirigez Randall Wayne, policier vétéran qui réussit à survivre tant bien que mal, et qui se retrouve séparé de son groupe en plein centre-ville. Il va partir à leur recherche histoire de les ramener autour de leur feu de camp pour brûler des Chamallows et rigoler en imitant le râle du dernier zombie tué sur le chemin.

On ne peut pas dire que DeadLight fasse dans l’originalité. C’était vrai il y a quatre ans, ça l’est encore plus aujourd’hui. À l’heure où Walking Dead cartonne toujours sur les écrans, Deadlight apparaît un poil chiche dans sa proposition et n’arrivera jamais à se détacher de son étiquette « post-apo générique » qui lui colle à la peau. Ville dévastée, protagoniste au trauma pas vraiment mystérieux, personnages secondaires sacrifiables : tous les ingrédients sont là, mais aucun ne supplante l’autre. L’univers de DeadLight fait le job, sans trop se fouler ni chercher à pousser le concept un peu plus loin. C’est joli, ça affiche des panoramas appréciables mais on a néanmoins l’impression que tout cet univers dévasté n’est qu’un prétexte pour raconter l’histoire de son personnage et justifier son gameplay.

Deadlight-Directors-Cut-Review-2-555x312DeadLight prend ses inspirations du côté de Limbo, Prince of Persia et même FlashBack. Dans un gameplay 2.5D (comprenez : le personnage ne se déplace que sur deux axes par rapport à la caméra, jamais en profondeur), le jeu se résume en une longue traversée de niveaux où Randall pourra grimper à des échelles, sauter au-dessus de pièges vicieux, passer par des fenêtres, tout en récupérant quelques armes et des trousses de soins pour soigner ses blessures engendrées par les griffures des infectés. Jusque là rien d’extraordinaire, surtout que le jeu n’est pas foncièrement désagréable. Mais l’héritage de ses aînés (en particulier Flashback) l’empêche d’être totalement irréprochable sur sa maniabilité. En effet, certains éléments légèrement pénibles viennent entacher quelques passages qui en deviennent retors. De la lenteur de certains mouvements (les grimpettes sur certains obstacles) à d’incompréhensibles mélanges de touches pour faire peu ou prou la même chose (descendre ne se fera qu’avec la touche « bas » mais sur un grillage, votre personnage fera forcément un saut, que ce soit avec « bas » ou la touche « X »). La multiplication des actions par des moyens similaires rendent certaines phases un peu chaudes voire complètement pétées. Le saut entre les murs ne marchera que si vous avez assez d’élan pour bondir dessus, mais se coller au mur ne marchera pas. Certains rebords ne seront pas accessibles car trop hauts alors que l’on pourra monter sur la caisse d’à côté à peine moins grande de deux centimètres. Je rajouterais certains passages où il est difficile de vraiment savoir où grimper tellement le visuel graphique parasite complètement la recherche des plates-formes accessibles (surtout le long des immeubles).

Deadlight-Directors-Cut-Review-1-555x312C’est d’autant plus frustrant que des passages de course-poursuite deviennent rageants parce que votre personnage ne répond jamais au doigt et à l’œil. Je pense à l’épisode de ce foutu hélicoptère qui vous canarde alors que vous gambadez gaiement sur les toits de Seattle. Vous appuyez donc naturellement sur la touche de sprint pour distancer le dangereux opposant, mais arrivé à un grillage, votre personnage mettra une éternité pour passer de l’autre côté, ce qui rend le timing ultra-serré pour échapper aux balles. On pestera aussi contre ces zombies incapables de rendre l’âme sous vos coups de haches sauf si vous chargez la touche pour les achever (ce qui ruine votre endurance). Étant donné que la précision de vos coups est la même que celle d’un aveugle dans le noir, on sortira très vite les deux armes à feu disponibles, armes qui d’ailleurs vous seront confisquées régulièrement durant l’histoire, juste pour forcer le personnage à se servir de ses dix doigts. Et alors que Randall arrive à escalader n’importe quoi et se sortir de situations toutes plus périlleuses les unes que les autres, on apprendra très vite que le bougre ne sait pas nager. Voilà.

117208Je peste contre le titre, mais mis à part ces errements et deux-trois passages mal fichus, ce mélange de plates-formes/énigmes fonctionne globalement assez bien, mais sans jamais transcender le genre. Surtout, le jeu est très court. À peine deux petites heures, c’est le temps qu’il vous faudra pour atteindre le générique de fin. Évidemment, ça regorge de secrets à trouver dans les niveaux, histoire de faire croire au joueur un peu naïf que l’univers n’est pas totalement inintéressant, libre à vous donc de pousser le vice un peu plus loin. Pour augmenter la durée de vie, on trouvera un mode Cauchemar qui est simplement le même jeu mais sans les checkpoints, et un mode Survie, qui opposera Randall à des vagues de zombies dans une salle d’hôpital. Vu la gestion désastreuse des collisions dans le mode principal, le mode survie apparaît comme une vraie tannée qui n’atteint jamais le plaisir qu’il devrait procurer. On pourra se rabattre sur la section des bonus pour se sustenter maigrement d’artworks et de making-of non sous-titrés en français.

DeadLight Director’s Cut apparaît comme un Remaster qui tente de justifier son prix par l’ajout de contenu produit un peu à l’arrache. Le jeu original se voit rehausser d’un 1080p flambant neuf, pour un titre assez mignon artistiquement. Le problème est que l’univers post-apo totalement générique du titre original l’est toujours autant quatre ans plus tard. Tequila Works nous gratifie d’un titre pas désagréable mais bardé de défauts largement évitables (problèmes de collisions, de maniabilité) et qui se termine en l’espace de deux heures. Si vous avez déjà fait le titre auparavant, tout ça ne vaut clairement pas le coup. Les quelques ajouts pour cette version Director’s Cut n’y changeront malheureusement pas grand-chose. Le seul apport supplémentaire qu’on retiendra sera les cinq euros supplémentaires par rapport au prix de la version originale, qu’on a décidément du mal à expliquer.

DeadLight Director’s Cut
Développeur : Tequila Works
Éditeur : Deep Silver
Prix : 20 euros

 


Deadlight Director’s Cut – Trailer de lancement par play3-live

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