
Deadset : à dévorer de toute urgence.
Hep, hep, hep c’est encore moi ! Maudit sois-je, ignare et sourd que fus-je aux échos de cyberfoules en liesse sur certains forums, à la vision de la mini série britannique Deadset. Punis moi, O Grand Brouzouf, je ne suis que larve impie et sale, indigne de ta miséricorde !
Une taupe amie de chez Endemol France m’avait pourtant prévenu dés l’hiver dernier de la très grande qualité de ce petit brûlot sanguignolant dans lequel un prime time du tristement célèbre Big Brother anglais se voit brutalement interrompu par ni plus ni moins… qu’une invasion de morts vivants dans tout le Royaume-Uni !
Achetée par Canal +, cette hallucinante et jouissive orgie gore gavée de sens jusqu’à la gueule se voit parquée, à partir du 17 octobre, sur la chaîne Ciné Cinéma Frisson. Qui la programmera en prime time assortie d’un bon gros sigle « -16 ». C’est toujours mieux que pas de diffusion du tout !
Parce que vous savez quoi ? Ma taupe avait raison. Deadset est un putain de choc. Une variation brillantissime sur un thème, les morts-vivants, que l’on pourrait penser bouchonné après les pitreries fatiguées de son ex-général en chef, George Romero.
Suspense haletant dont l’horreur progresse jusqu’à un final absolument traumatisant (et c’est un fan de tripoux à l’écran qui vous parle), Deadset s’avère également une passionnante étude de caractères. Incarné par des acteurs confondants de naturel (pourquoi les nôtres i’font pas des stages en Angleterre ?), ce cauchemar hybride recycle par ailleurs brillamment la critique sociétale de Zombie en l’appliquant à la real TV. Ici, l’addiction des masses aux émotions brutes et au sadisme de la télé-réalité a succédé à celle, chez Romero en 1978, de la consommation sans conscience. L’époque a changé mais le propos reste tout aussi subversif.
Deadset est l’oeuvre d’un certain Charlie Brooker, un des dirigeants de la société Zepetron, productrice du bouzin… et filiale d’Endemol. On me rétorquera ainsi que Deadset est aussi une habile façon pour ce groupe malfaisant de se dédouaner de son Big Brother nauséabond auprès de la critique moralisatrice qui, du coup, se voit gênée aux entournures. Peut-être. Sûrement même. Mais si la démarche atteint le cynisme ultime, elle n’en reste pas moins fascinante. Ne laissant aucune place au doute quant à ce qu’ils pensent eux-même de Big Brother, les pontes d’Endemol, via Zepetron, valident dans Deadset une charge d’une extrême virulence contre le néo-fascisme des valeurs, injectées à coup de prime times bestiaux écoeurants, de cette saloperie de télé-réalité dont nous sommes tous devenu accros.
L’idée brillante (brillante !) du scénario de Deadset est de montrer, dans son sublime acte final, comment ces mêmes valeurs vont causer la perte du groupe qui s’est barricadé dans le loft encerclé par des milliers de macchabées affamés. On reste bluffé par l’intelligence de certains plans, la pertinence des dialogues et l’ingéniosité d’un scénario qui nous évite le coup du huis clos laborieux, en éclatant l’action sur trois groupes différents avant la réunion finale, un peu à la façon d’un Carpenter de la grande époque (au hasard : Assaut).
Ai je déjà dit tout le bien que je pensais des acteurs ? Je le répète : ils sont top. De l’assistante Kelly (jouée par Jaime Winstone, fille de Ray) à l’immonde producteur Patrick (Andy Nyman) en passant par les candidats (et notamment le pathétique Joplin, laideron vieillissant pseudo-intello surnommé Gollum par ses coloc’) : tous jouent leur partition sans accro. J’allais oublier la présentatrice Davina McCall, qui joue dans Deadset son propre rôle d’animatrice de Big Brother… et se fait en toute logique égorger par un zombie peu amène lors de l’invasion du plateau. Vous imaginez, Benjamin Castaldi, éviscéré par une horde de zomblards en direct ? Le pied !
Diffusé en Grande-Bretagne sur la chaîne E4, filiale payante de Channel 4 (qui programme Big Brother, subtile manoeuvre d’autopromo !), Deadset n’échappe bien sûr pas aux figures imposées du genre. Certaines scènes incontournables charrient forcément un petit air de déjà vu (« non, je ne peux pas décapiter ma copine qui s’est faite mordre ! »). Si je devais d’ailleurs adresser un petit coup de griffe, il s’agirait juste de déplorer la sempiternelle caméra épileptique sévissant lors des attaques de zombies enragés, procédé trop à la mode depuis 28 jours plus tard de Danny Boyle. Nuages balayés rapidement par l’exceptionnelle tenue, tant formelle que scénaristique, de cet aller direct vers l’enfer, qui heureusement n’oublie pas de distiller un brin d’humour bienvenu dans sa noirceur apocalyptique sans concession.
Deadset est sûrement une production roublarde. Mais de la roublardise aussi géniale qui me fait hurler debout, trépignant devant mon écran à la fin de son dernier acte, j’en reprends quand ils veulent chez Endemol. Ils sont forts, ces enflures.
Deadset, série en 5 épisodes (un de 52′, puis 4×26′), créée par Charlie Brooker
Diffusion sur Ciné Cinéma Frisson à partir du samedi 17 octobre à 20h40.
Je précise que Deadset a reçu le Sheppard de la meilleur série dramatique.Du coup, s'il la diffuse, ça veut dire qu'ils vont peut-être se fendre d'une sortie dvd, et ça c'est une bonne nouvelle !!!
Sans dec ??? Putain double honte à moi, j'avais pas vu ! Félicitations, j'associe à ton Sheppard mon Plissken ex aequo avec The Shield.
Je ne vous en avais pas parlé quand on s'était vu ? Bon c'est vrai que je l'ai recommandé à tellement de gens que je ne sais plus très bien à qui.Faut vraiment que je rattrape mon retard sur The Shield et The Wire.
Hey!
Comme tu l’as si bien dit, cette série est une tuerie!
Mais faut avouer que ça pioche quand même partout! On se croirait dans 28 jours plus tard avec cette prise de vue « épileptique » (je te cite) et ces couleurs ternes. Mais j’avouerais que j’aime particulièrement ce style So British qui donne un effet pour moi très réaliste, tout comme pour le mémorable « Children of men » de Cuaròn, si diffèrent des productions Hollywoodiennes.
Pareil pour la critique de la consommation (ici « télévisuelle ») emprunté à celle de Zombie! Mais bon, ce thème est finalement très cher aux films de morts-vivant et faut avouer que ça passe bien!!
J’ai bouffé la série en une aprem et je dois pas être le seul quand on voit la qualité du produit! Car l’idée est quand même très forte!
Je suis pas expert en analyse, mais un passage qui m’a marqué est celui où le producteur découpe son « candidat » pour en donner les meilleurs morceaux à la foule, qui demande toujours plus de « divertissement », pour son propre interêt ! Le parallèle est très très juste! et je me risquerais même à penser qu’il est plus flagrant que dans les films de Romero ( génération : »j’ai subis loft story et autre conneries » oblige..) !
Voila!
PS: Je file regarder Spaced ( tout autre registre)