Déchirés : l’Herbe bleue a rencontré Romero

Déchirés : l’Herbe bleue a rencontré Romero

Note de l'auteur

Dans un univers post-apo, que doit-on faire quand la seule façon de survivre, c’est en restant accro à la meth ?

Peter Stenson.

Peter Stenson.

L’histoire : La drogue, c’est vraiment de la merde. Oui, mais quand on se réveille d’un méchant trip et que tout le monde autour de nous s’est transformé en zombies, c’est vraiment, vraiment nul. Il ne reste plus qu’une idée fixe : récupérer son ex, Kay, avec qui on avait vraiment merdé.

Mon avis : Drôle d’histoire que ce Déchiré. À une époque où la mode est plus au récit choral chez les zombies, ou en tout cas, liée à un certain héroïsme, nous voici dans un monde où seule importe la défonce. Où la première pensée est, après celle de son ex qui traverse le crâne de notre héros, où il va pouvoir trouver sa dope. Et l’infernale spirale qui s’en suit. On ne cherche pas, à la façon de Celle qui a tous les dons à savoir ce qui s’est passé, ni comme dans Ex-Heroes à sauver une certaine humanité. Le narrateur, Chase, est le seul à travers lequel nous suivons cette cavale sans fin. Et vu la quantité de casseroles qu’il traîne, ce n’est ni un héros, ni forcément un salaud.

The Walking dead

The Walking dead

Mais point d’espoir malgré quelques moments drôles, de plus en plus absents au fur et à mesure qu’on tourne les pages. Peter Stenson lie d’un seul tenant la question de la survie et celle de la drogue. Ouvrage court qui coupe le souffle, mieux vaut juste après prévoir un petit remontant, quelque chose de joyeux pour éviter de voir tout en noir. Si vous hésitiez à lire Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…préférez tout de même cette histoire, bien qu’imaginaire, qui pose la question de l’addiction de manière très crue.

L’humour comme le ton est très familier, vulgaire. On parle de chatte comme de merde, pour définir un univers où les veines se noircissent, l’air empeste la pourriture, et qu’on s’enfonce de plus en plus dans l’oubli et le désespoir. Une tentative d’alléger l’horreur qu’est devenue une vie après une apocalypse. Ou après la défonce.

UnknownSi vous aimez : Junk de Melvin Burgess. Les histoires de zombies et les histoires de drogués.

Autour du livre : Il s’agit du premier roman de Peter Stenson, publié en France l’an dernier aux éditions Super 8. L’auteur, dans une interview (sur le site Westworld) a aussi déclaré avoir, plus jeune, lutté contre la dépendance et avoir fugué. Ce qui donne un rendu des scènes de drogues, de montées et de descentes très crédibles, même quand on a jamais touché à de l’herbe de sa vie.

Extrait : « Ensuite, on passe aux fusils. J’espère récupérer le petit, je ne sais pas pourquoi, mais c’est celui-là que je veux. Sténo récupère des cartouches et les insère une à une. Il a dû sentir ma préférence, car il me tend le fusil à canon court. Il me fait signe de le pomper. Je m’exécute. Chu-chunk. J’ai l’impression de branler Dieu. Je ne comprends toujours rien à ce qui se passe – les morts vivants, les cadavres, les flingues -, mais mon scepticisme et mon besoin de donner un sens à ma vie se sont mués en quelque chose, une fonction cérébrale primaire. À présent, il n’y a plus que l’acceptation, la survie, le calibre douze à canon scié dans ma main, et le Glock passé à ma ceinture. »

Sortie : le 3 septembre, éditions Pocket, 320 pages, 6,80 euros.

 

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