
Des Clips & Des Claps, Episode 5: Michel Gondry
Il n’y a pas que le ciné et Game of Thrones dans la vie et c’est pour cette raison que pour accompagner votre été, le Daily Mars vous propose un dossier sur une sélection de clips réalisés par de grands, parfois très grands noms du 7ème Art. Que ce soit avant, pendant ou après leurs carrières cinématographiques, que ce soit une tentative isolée ou un exercice répété à plusieurs reprises, leurs détours par le clip ne sont jamais passés inaperçus. Passage en revue des troupes…!
Cocorico les enfants! Pour ce cinquième épisode retour sur la carrière bouillonnante du petit français de la bande, l’espiègle Géo Trouvetou du clip, j’ai nommé bien sur ce grand iconoclaste de Michel Gondry. Arrivé dans le biz un peu par hasard, le bonhomme commence sa carrière en réalisant les clips du groupe Oui-Oui dans lequel il officie au poste de batteur. Leur originalité et le fourmillement d’idées qu’on peut y apercevoir capture l’œil attentif de moult artistes et maisons de disques qui sautent alors sur le prodige pour sucer la moelle de son talent. Oui mais voila, Gondry ne l’entend pas de cette oreille. Traitant moins ses clips comme des commandes et plus comme des terrains d’expérimentation, le réalisateur refuse les concessions et forge ce qui va faire sa patte de cinéaste: utilisation du stop motion, des maquettes, déformation des prises de vues, saturation des couleurs. Gondry dicte sa loi, impose son univers et résultat, tout le monde se l’arrache
Oui-oui – Junior et sa Voix d’Or
Premier clip matriciel, comme on dit pour se la péter dans le milieu, puisqu’on y retrouve déjà une grande partie des ingrédients gondryesques: une intégration de maquettes à l’image filmée, des couleurs pop et saturées, un jeu sur la vitesse et une touche arty cheap. Michel trouve sa voix et Gondry se fait un nom.
Etienne Daho – Les Voyages Immobiles
Pour le Voyage Immobile de Daho, Gondry réussit à filmer du mouvement sans mouvement grâce aux jeux de lumières mouvantes et des kaléidoscopes entrecoupés de passages oniriques fauchés. Le jeune réalisateur se cherche, dévoile ses obsessions et emprunte à David Lynch et à son Blue Velvet une touche de style. Mais qui ne s’est jamais inspiré des grands pour tracer sa route?
IAM – Je Danse le MIA
Pour la bande d’Akhenaton, Shurik’n et les autres, Gondry danse le MIA et joue avec les effets de caméra. Ultra en vogue dans les années 90 (merci Terminator 2 et Black or White) la technique du morphing n’est pas utilisée pour réaliser une transformation physique mais pour mimer un zoom progressif et une fausse absence de coupe dans les plans. On y voit que du feu, plus obnubilés par les chaînes en or et les Stan Smith aux pieds qu’autre chose.
Bjork – Human Behaviour
Sur le titre de Björk, la patte Gondry qu’on retrouvera plus tard dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind est dèjà là. Le jeu de maquettes et de marionettes qu’on avait pu voir dans les premiers clips de Oui-Oui est à la fois plus fou et plus maîtrisé, les couleurs aussi et la fusion des éléments graphiques et réels est accomplie. Si Junior et sa Voix d’Or est la matrice Human Behaviour en est la descendance la plus directe.
The Rolling Stones – Like a Rolling Stone
Voila un clip qui illustre bien la méthode Gondry et le jusqu’au-boutisme du bonhomme. Ici, le réalisateur n’ a visiblement pas grand chose à faire de son sujet et fait plus mumuse avec sa caméra. Résultat: il mélange images fixes et images mouvantes, flou artistique et fish eye comme un épileptique bourré de drogues en tous genre. Et finalement, il illustre très bien l’esprit des Stones. Balèze non?
The Chemical Brothers – Let Forever Be
Qui dans l’assistance s’est déjà tapé un anévrisme en essayant d’imaginer le storyboard de Let Forever Be? Tout le monde? Normal. Dans ce grand clip fourre-tout Gondry se fait un malin plaisir d’utiliser toutes ses techniques d’effets spéciaux en 3 minutes 41, intégrant parfaitement ses délires en carton et ses dédoublements en kaléidoscopes dans un enchaînement fluide et labyrinthique.
Daft Punk – Around the World
Plus « simple » visuellement et reposant moins sur l’esbroufe technique, le clip qu’il réalise pour Daft Punk rappelle bien que le style Gondry ne repose pas seulement sur l’utilisation massive d’effets spéciaux mais aussi sur un vrai talent de mise en scène et une imagination sans limite. Chaque groupe de personnes, des momies aux B-boys, représente un instrument et bouge selon les mouvements rythmiques de la chanson. Facile mais redoutablement efficace.
The White Stripes – Fell in Love With a Girl
Fun fact: Jack White avait choisi Mark Romanek pour réaliser le clip de Fell in Love With a Girl mais la maison de disque des rayures blanches a confondu les deux réalisateurs. Résultat, c’est Gondry qui a sorti ses boîtes de Lego et qui a passé des heures à élaborer ce clip en cubes noirs, blancs et rouges. L’impression de fluidité est impressionnante et montre bien le coté ultra rigoureux du frenchy. Jack White est content et réembauche Gondry pour 3 autres vidéos.
Björk – Crystalline
Avec Crystalline, Gondry recycle ses tours de passe-passe et atteint la limite de son style. Même si la beauté visuelle est là et que la technique est toujours impressionnante, on a le net sentiment que le réalisateur a du mal à se renouveler. Ce qui marchait à ses débuts ne marche plus maintenant. On atteint pas les sommets d’un Tim Burton mais attention tout de même à ne pas s’empêtrer dans les mêmes tics de mise en scène. Car quand un style est aussi marqué, l’overdose n’est jamais très loin.