
Dessinez, c’est pas gagné…
Vous souvenez de l’apparition de cette gigantesque boite bleue qui arriva dans nos foyers vers la fin des années 80 ? Sorti – ce qui est très fort – en même temps que l’émission de télé du même concept (« Dessinez c’est gagné » animé par un Patrice Laffont qui faisait une pause entre 17 ans de « Chiffres et des lettres » et 10 autres à épuiser les animatrices de Fort Boyard), le Pictionary reste encore aujourd’hui un jeu remarquable.
D’abord à cause de son fantastique format rectangulaire TRES allongé, qui le rend aussi pratique à ranger qu’une girafe (de bière ou en peluche selon votre âge) ! 20 ans plus tard, je n’ai toujours pas trouvé de façon élégante de le caser dans ma ludothèque.
Ensuite parce que, pour ceux qui comme moi, dessinaient comme des pieds, une partie de Pictionary était annonciatrice d’une honte cuisante et de moqueries infinies sur le ridicule de nos crayonnages. M’en fous, je gagnais quand même parce que je dessinais mal mais vite. Toutefois je sens encore le rouge sur mes joues.
Mais l’heure de la vengeance a sonné ! Réunissez autour d’une table ceux qui vous ont persécutés de leurs persifflages (vous savez, ceux-là mêmes qui dessinaient avec grâce une Ikea Birkeland, portes ouvertes et étagères en perspective, pour faire deviner une table de chevet) ! Nous allons voir s’ils rigolent toujours autant J
PIX
Que j’aime ce jeu ! PIX c’est LE jeu que tous les geeks doivent avoir chez eux ! PIX c’est comme le Pictionnary, mais avec des PIXels!
Chacun joue avec une grille de dessin aimantée de 9 cases sur 9 et des pixels, aimantés eux aussi (20 noirs, un rouge et un « accent »). A l’aide de ce superbe matériel, vous allez devoir « dessiner » le mot ou le concept écrit sur votre carte, le plus vite possible, et en utilisant le moins de PIXels possibles.
Le système de jeu, très bien pensé, fait dessiner tout le monde en même temps, et met chaque joueur en concurrence sur sa carte avec un ou plusieurs autres joueurs. Le premier qui a fini son dessin hurle PIIIIIIIIXXXXXXXX et déclenche un TRES court chrono, avant la fin duquel lequel TOUT le monde doit finir le sien. Puis, ceux qui ont le moins de PIXels présentent en premier leurs œuvres au public (c’est-à-dire ceux qui jouaient avec une autre carte bien sûr !). Sont récompensés la personne qui devine le concept PIXélisé, et celle dont la grille a permis d’y parvenir. C’est rapide, simple, élégant et super drôle !
Si ça peut sembler facile, je vous laisse essayer de conceptualiser comment représenter de l’herbe ou de la grêle avec des PIXels et une grille de 81 cases (c’est très petit) et seulement 20 pixels ! En plus PIX, ça va vite, très vite, surtout si vous jouez avec des amis qui, comme les miens, croient pouvoir faire deviner un tracteur avec 5 pixels et déclenchent le chrono au bout de 6.2 secondes ! PIX vous pousse dans vos derniers retranchements et sollicite bien plus vos neurones que vos qualités artistiques ! « Alors Picasso, ils te servent à quoi maintenant tes talents de dessinateur ! Tu fais moins le malin hein ! »
Je profite de ce billet pour remercier l’éditeur de PIX, qui avait sorti les premières éditions de ce jeu dans une superbe boîte carrée – un très bel objet vraiment – avec ses règles écrites sur les côtés de la boîte (tellement pratique !) et d’une hauteur idéale d’environ 1.07 étagère, ce qui vous laissait le choix entre la faire trôner comme objet décoratif au milieu du salon ou la mettre sur l’étagère spéciale des trucs inarrangeables, avec la boîte de Pictionnary donc. Depuis, le jeu est réédité dans une boite d’un format bien plus classique, et c’est tellement dommage…
PIX, de Laurent Escoffier et David Franck édité par Game Works en 2012. De 4 à 9 joueurs.
CONCEPT
Voilà un autre jeu qui reprend l’idée du Pictonary, sauf que cette fois, on ne dessine pas du tout (quel soulagement !) Les dessins sont déjà faits, ou plutôt les concepts puisque c’est toute l’idée du jeu : utiliser un plateau présentant toute une iconographie pour faire deviner un mot, un film, une expression…
Vous disposez, pour faire deviner votre propos, de petits carrés et d’un point d’interrogation. Vous posez alors le point d’interrogation sur l’icône du concept principal, puis les petits carrés sur les concepts servant d’indices. Comment ça vous ne comprenez rien ? Mais si c’est simple, concentrez-vous !
Par exemple, si je pose le point d’interrogation sur le concept « élément liquide », et un carré sur le concept « blanc », je tente de vous faire deviner le mot LAIT ! Voilà c’est tout simple !
Sauf qu’en fait, pas tant que ça. Parce que l’ordre dans lequel vous posez les indices et le nombre d’indices utilisés a aussi son importance ! Exemple : si je pose mon concept principal sur « œuvre littéraire », puis que je mets 4 cubes sur le concept « femme, fille », si vous êtes vif, vous avez compris que je voulais vous faire trouver « les 4 filles du docteur March » avant que je ne pose mon cube suivant sur le concept « médecine » Bravo ! Vous voyez que c’est simple en fait !
Sauf que ça se complique quand vous devez faire deviner des expressions telles que « avoir la puce à l’oreille » ou « avoir mauvaise conscience » et tout un tas d’autres idées tellement simples à conceptualiser, que vous avez envie de pleurer en lisant la carte J Vous pouvez alors introduire des sous-concepts, que vous faites deviner à l’aide de points d’exclamation et de cubes d’autres couleurs ! Par exemple… Euh non, fini les exemples, le mieux c’est que vous essayiez maintenant !
Car CONCEPT, on ne l’apprécie vraiment que lorsqu’on y joue. On n’en saisit toute la subtilité que lorsqu’on réussit enfin à faire deviner « Dalai Lama » sans utiliser de sous concepts. Et on n’en comprend réellement la difficulté que lorsqu’on éprouve ce sentiment absolu de traversée du désert, alors que pas un de vos camarades n’est foutu ne serait que d’approcher l’évidence des indices, que vous avez pourtant disposé avec autant d’élégance que d’ingéniosité.
Qu’il me suffise d’ajouter que CONCEPT a remporté à Cannes l’As d’Or du jeu de l’année 2014 (c’est comme les Palmes d’Or, c’est top prestige !), qu’il a fait l’unanimité auprès de tous ceux à qui je l’ai fait essayer, et qu’on peut le sortir pour jouer, sans équipe ou comptage de point, juste pour le plaisir de s’amuser à deviner et faire deviner, même à 4 heures du matin (surtout à 4 heures du matin, c’est tellement drôle), et vous devriez normalement être déjà en train de l’acheter !
CONCEPT, d’Alain Rivollet et Gaëtan Beaujannot édité par Repos Production en 2013.
Voilà, vous devriez maintenant pouvoir descendre la boite de Pictionary à la cave ! N’oubliez pas d’y mettre aussi celle du MONOPOLY si ce n’est pas encore fait ! A moins que vous ne l’ayez déjà brûlée dans la cheminée (si c’est grâce au précédent article, vous avez toute ma sympathie !) ou que vous n’en ayez utilisé les billets pour allumer vos gitanes (ça fait classe et tout le monde n’a pas les moyens de le faire avec des vrais !).
Pour conclure cet article sur « les jeux de devinettes en groupe », je vous invite – si vous l’avez raté parce que vous avez vécu sur une ile déserte pendant 15 ans – à vous essayer aussi à Time’s Up. Je n’en parle pas davantage car il est hyper connu et ne fait pas appel à l’image ou au dessin, mais ça reste un excellent jeu d’ambiance J
Je sens que ça va remplir ma liste de Noël tous ces articles !!
Très bonne initiative, merci !
Si tu cherches des idées, tu vas être content, il y en a encore quelques unes dans les prochains articles ! Et je peux aussi t’en donner ici en direct 🙂
Merci pour ces 2 premiers articles ! Amateur de JdS je suis heureux de voir ce genre d’initiative sur le Dailymars. J’en veux encore !
Je possède Pix et Concept et je ne peux que valider l’avis de l’auteur.
Et bien merci 🙂 Il y a encore quelques articles qui arrivent 🙂
Ahah Pix on l’a oui c’est tellement ça ! Ah ouais je vais la dessiner « comme ça » ma grue de chantier. Euh. non. Euh merde, j’ai déjà utilisé tous mes pixels et ça ressemble à rien. Euh… aaaaah ! XD
Et on a l’ancienne boiboite 🙂
C’est la plus belle 🙂 et merci pour ton retour qui sent le vécu 🙂