DOCTOR WHO 7×08 – The Rings of Akhaten (critique de l’épisode)

DOCTOR WHO 7×08 – The Rings of Akhaten (critique de l’épisode)

Note de l'auteur

Neil Cross. Doctor Who. L’association du scénariste créateur de Luther et de la série de SF délirante et cinquantenaire n’est pas forcément la chose la plus évidente. Mais, grâce à la productrice exécutive Caroline Skinner et en cohérence avec la volonté de Steven Moffat de confier le maximum d’épisodes de la série à des scénaristes ayant l’expérience de showrunners, cette association est arrivée. Verdict.

Clara a demandé au Docteur de revenir la chercher le lendemain, et elle l’attend avec impatience. Lui a profité de l’intervalle pour enquêter sur la vie de la jeune femme. Il a assisté à la rencontre de ses parents, provoquée par une feuille morte (la première page à laquelle Clara faisait référence dans l’épisode précédent, quand le Docteur avait trouvé la feuille conservée dans son livre[1]), il a vu Clara grandir, il était là le jour de l’enterrement de sa mère. Tout semble normal. Et pourtant, Clara est impossible. Et le Tardis, qui ne l’aime pas, le souligne. Pour se premier voyage, le Docteur accède à la requête de Clara de lui faire voir quelque chose de formidable. En l’occurrence les anneaux d’Akhaten, une planète géante gazeuse, au moment d’une cérémonie qui a lieu à chaque alignement. Clara rencontre la petite fille qui sera au centre de cette cérémonie, dépositaire de toute la mémoire des peuples de ce système. Une mémoire que la planète Akhaten entend bien dévorer…

‘‘Il y a une tendance à ce que le Docteur promette des merveilles à ses compagnons, tout ça pour qu’ils se retrouvent finalement enfermés dans un tunnel sous terre, attaqué par des limaces mutantes,’’ admet Steven Moffat. Le showrunner a spécifiquement demandé à son scénariste Neil Cross de lutter contre cette tendance, et de faire en sorte que, cette fois, le Docteur tienne sa promesse.

Tout cela a commencé alors que Moffat et les producteurs Marcus Wilson et Caroline Skinner se trouvaient à New York pour le tournage de « The Angels Take Manhattan ». Ils réalisent alors, un peu inquiets, que si la première partie de la saison pouvait se targuer de deux lieux de tournages à l’étranger, utilisés dans trois épisodes différents (« The Angels Take Manhattan », donc, ainsi que « A Town Called Mercy », tourné en Espagne où furent aussi mis en boite les plans dans la montagne enneigée de « Asylum of the Daleks »), rien d’aussi spectaculaire n’était prévu pour les huit épisodes du printemps. Il est alors décidé de construire un lieu extraterrestre en studio pour la deuxième aventure de Clara. A ce stade, Neil Cross a déjà écrit l’épisode « Hide », que nous découvrirons dans deux semaines. Il est disponible pour en écrire un autre et reçoit donc ce brief, ainsi que quelques instructions sur ce que les équipes de la série savent pouvoir construire sans se ruiner (comme le scooter de l’espace rappelant ceux de Return of the Jedi).

Jusqu’à la limite… et au-delà. L’approche blockbuster voulue par Steven Moffat a ses avantages, mais elle a aussi ses limites. Le problème de vouloir en mettre à l’écran un peu plus que ce que l’on peut se permettre, c’est que le résultat puisse l’exact contraire de l’effet recherché. Exactement comme l’épisode précédent, « The Rings of Akhaten » abuse de l’enchaînement de gros plans fixes avec bruitages censés nous convaincre de quelque exploit accompli par les personnages. Les décollages et atterrissages du Docteur et de Clara sont malheureusement à peu près aussi ridicules que les aventures du Docteur sur sa moto verticale. Le décor de l’arène n’était guère plus convaincant (un concept similaire avait pourtant parfaitement fonctionné dans « Asylum » mais il ne restait probablement plus assez de plans d’images de synthèse dans le budget pour pouvoir avoir plus qu’une unique plan large d’exposition.

L’équipe de production de Doctor Who accomplit régulièrement des merveilles, mais elle gagnerait à redevenir plus réaliste. Malgré cela, l’épisode réussi son pari du dépaysement : la ménagerie alien, nouvelle variation autour de la Cantina de Star Wars, est convaincante, et les images de synthèses poétiques (quoi que parfois pas toujours merveilleusement intégrées à l’action live).

Nitpicks mis à part, j’ai enfin retrouvé dans « The Rings of Akhaten » ce sentiment d’émerveillement et d’émotion positive que j’associe à Doctor Who, et qui commençait à vraiment me manquer. Même l’épisode final d’Amy et de Rory, que j’ai adoré, était sombre, gothique et tragique, finalement assez éloigné de l’essence même de la série. Je ne suis pas étonné que les retours ne soient pas unanimement positifs. D’abord, le scénario a quelques véritables faiblesses : l’intrigue est un peu courte et, surtout, est par moments franchement confuse (cela s’estompe au deuxième visionnage). Surtout, si on ne rentre pas dans l’atmosphère, tout cela peut ressembler un peu trop à une comédie musicale Disney vaguement horripilante. Je me contenterai de confesser que, sur moi, cela a marché à fond. J’ai trouvé la petite Reine adorable, j’ai été impressionné par le discours du Docteur, espérant étancher la soif d’Akhaten avec sa mémoire millénaire, et j’ai écrasé ma larmichette lorsque Clara a sacrifié cette feuille conservée par sa famille depuis plus de trente ans.

Clara est l’autre point positif de cette histoire. Parce que j’ai eu l’impression d’avoir eu affaire à un vrai personnage, avec une histoire, un passé, des douleurs et des joies. Bien loin de l’espèce d’étrange tableau blanc qu’a souvent été Amy, qui semblait trop n’existait que lorsque le Docteur posait ses yeux sur elle. Clara donne semble devoir s’épaissir, et être plus qu’un mystère.

Notez tout de même que tout cela est assez roublard, puisque cette histoire est délibérément mise en avant pour renforcer le mystère lui-même. Car Clara est d’autant plus mystérieuse qu’elle semble avoir une vie parfaitement normale. Le Docteur la provoque et la teste, notamment quand il la force à payer d’un effet personnel la balade en scooter de l’espace. Il est évident qu’ils pourraient emprunter le Tardis pour faire le trajet, mais le Docteur veut savoir si Clara a de vraies attaches, de vraies émotions. Le Docteur lui rendra d’ailleurs la bague, ne voulant pas la priver de cet objet de forte valeur sentimentale juste pour un test. Surtout que le sacrifice de la feuille a prouvé au Docteur que l’enracinement émotionnel de Clara est tout ce qu’il y a de plus sincère. Ce qui ne la rend que plus impossible.

Malheureusement, il aura fallu que cet épisode encourageant pour la suite se termine sur une note finale agaçante. J’espère vraiment que le retour à la case maison de Clara ne sera pas systématique, la rupture permanente de continuité de la première partie de la saison ayant été assez insupportable. Le Docteur et sa comparse à bord du Tardis sans ellipses incessantes est peut-être une formule convenue, mais c’est aussi une formule qui marche.

« The Rings of Akhaten » renoue avec le merveilleux et l’émotion qui avaient un peu déserté la série ces derniers temps,  et parvient à adosser ces éléments à une intrigue convaincante et touchante bien qu’elle ne soit pas très touffue. Espérons que Clara puisse, sur cette lancée, continuer d’être bien plus qu’une simple énigme.

 

Clara et le cinquantenaire

La référence méta du jour (à moins que l’on se mette à en chercher même là où il n’y en a pas), est à chercher du coté de la date de la mort de la mère de Clara. Ellie Oswald est décédée le 5 mars 2005, soit le jour où le neuvième Docteur a rencontré Rose. On connaît cette date parce que les affiches vues dans « Aliens of London » mentionnent que Rose a été vue pour la dernière fois le 6 mars 2005. Elle avait embarqué dans le Tardis le lendemain de cette première rencontre. Le speech du Docteur fait aussi des références obliques à quelques aventures passées, et il mentionne par ailleurs à Clara, ce qui est très rare, sa petite-fille – Susan était un personnage du lancement de la série et a voyagé avec le premier Docteur.

[1] Dommage quand même que l’accessoire utilisé dans l’épisode précédent et celui-ci n’aient quasi rien à voir.

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