
DOCTOR WHO 7×12 – The Crimson Horror (Critique de l’épisode)
‘‘Do you know what these are? The wrong hands!’’
1893. La nouvelle de morts étranges survenant dans le Yorkshire arrive jusqu’à Londres et au trio formé par Madame Vastra la Silurienne, Jenny et le Sontaran Strax. La rétine de la dernière victime semble avoir enregistré l’image du Docteur. Jenny infiltre Sweetville, ville nouvelle et mystérieuse usine fondée par Mrs Gillyflower et son partenaire silencieux, Mr Sweet. Les plus beaux sont sélectionnés pour venir y habiter, mais personne ne semble jamais en ressortir. Que deviennent-ils ? Qu’est-il arrivé au Docteur et à Clara ?
Après le consternant et incroyablement paresseux « Journey to the Center of the Tardis », il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que de respirer un grand coup et de remonter sur le cheval pour découvrir le nouvel épisode apporté par Mark Gatiss, après l’assez soporifique « Cold War ».
« The Crimson Horror » est le 100e épisode de la série depuis son retour en 2005 (sans compter les mini-épisodes comme ceux de Children Relief), mais aucune célébration particulière de l’évènement n’est incluse, pas même un clin d’œil comme le nom du vaisseau Crusader 50 qui marquait le cinquantième épisode, « Midnight ». Il faut dire que cette année entière est une gigantesque célébration (dommage que le champagne soit coupé à l’eau) mais aussi que l’ordre des épisodes dans cette deuxième partie de saison a été modifié jusque tardivement (au moment du tournage, « The Crimson Horror devait arriver en quatrième au lieu de sixième).
Mark Gatiss est un scénariste compétant mais au style moins affirmé que ses amis Steven Moffat et Russell T Davies et il commet bien plus souvent qu’eux des erreurs de structure (« Victory of the Daleks ») ou de tonalité (« Cold War »). Par bonheur, « The Crimson Horror » le montre au meilleur de sa forme. C’est sans doute mon préféré parmi tous ceux qu’il a signés depuis 2005, même si j’avais déjà fortement apprécié « Night Terrors ».
Il est possible aussi que ce soit l’épisode qui lui ressemble le plus : horrifique, même presque gore, très camp, foutraque, fourmillant de détails parfois incompréhensibles (Thomas Thomas) et plein de personnages hauts en couleur, y compris quand ils sont très vilains.
Les personnages, c’est probablement ce qui m’a le plus frappé dans cet épisode. C’est un des points sur lequel Gatiss est très inégal (j’ai déjà tout oublié de ceux qu’on voyait dans « Cold War ») mais pour cette fois, ils sont très mémorables.
Steven Moffat, lorsqu’il a assigné cet épisode à Gatiss, lui a demandé d’inclure le trio Vastra, Jenny et Strax, et de commencer l’histoire par une investigation menée de leur point de vue qui les amènerait à rencontrer le Docteur et Clara. « The Crimson Horror » tire partie de ces personnages truculents (aussi invraisemblables soient-ils) qui n’avaient été jusqu’ici écrits que par Moffat lui-même. Tant pis pour les quelques lourdeurs (l’homme qui s’évanouit trois fois) ou maladresses de réalisation (le voile de Madame Vestra est loin d’être suffisamment opaque pour que les gens puissent être surpris quand elle l’enlève). Strax est sidekick comique très efficace, qui me ferait presque pardonner à Moffat d’avoir décidé après coup de le ressusciter. Sa scène avec le cheval est tordante.
Mais le plus surprenant, c’est que Gatiss arrive aussi à donner de la vie aux deux autres personnages de l’épisode, la très, très vilaine Mrs Gillyflower (Diana Rigg s’en donne à cœur joie dans l’interprétation de cette vieille femme indigne qui n’a plus une once d’humanité) et sa fille, perdue et touchante, incarnée par la propre fille de l’ex-icône de Chapeau Melon, Rachael Stirling. Mark Gatiss, dans son autre carrière de comédien, a joué au théâtre dans des pièces différentes avec Rigg et Stirling, et a proposé lors d’un dîner de leur écrire leurs premiers rôles ensemble.
L’innovation structurelle suggérée par Moffat en amène d’autres, notamment le récap du point de vue du Docteur et de Clara, racontée en ‘‘version courte’’, comme une sorte de court-métrage d’époque. Au final, « The Crimson Horror » va à 100 à l’heure et ne perd guère de temps à expliquer ce qu’il a montré (franchement ce n’est qu’au deuxième visionnage que la découverte de la méga sono dans le hangar a pris sens pour moi). Cet enthousiasme et la délectation que prend Gatiss à introduire ses transgressions (la bestiole ignoble) et faire tourbillonner son univers semi-parodique emportent l’ensemble, même quand le tout dépasse de très loin les limites de la cohérence (notamment lorsque les personnages se trouvent à l’intérieur d’un étroit conduit de cheminée à l’intérieur duquel une fusée décolle, et que cela ne défait même pas leur brushing alors qu’ils auraient logiquement du être carbonisés).
Enfin, la conclusion de l’épisode nous ramène sur la Terre contemporaine, où l’on retrouve les enfants dont Clara est la nourrice, aperçus dans « The Bells of Saint-John ». Cette courte scène permet d’épaissir l’environnement de Clara (le fait que les familles d’Amy et de Rory aient été très peu présentes m’a souvent manqué) tout en renouvelant un peu l’approche puisqu’il ne s’agit pas d’une famille à proprement parlé, comme on en a beaucoup vu pendant la période Russell T Davies. Mais elle fait aussi découvrir à Clara des éléments du mystère qui l’entourent. A deux épisodes de sa résolution, c’est toujours ça.
« The Crimson Horror » est une comédie horrifique enjouée et plaisante, à défaut de réussir à se conclure de manière très crédible, pleine de personnages truculents et de gags, souvent bons, quelques rares fois moins. On ne criera pas au chef d’œuvre, mais au moins j’ai passé un très bon moment.
L’australienne qui parlait trop
Lorsque le Docteur évoque devant Clara ses efforts pour ramener une australienne pipelette à l’aéroport Heathrow de Londres, il fait référence à Tegan Jovanka, comparse des derniers jours du quatrième Docteur et du cinquième dans les années 80.
Le problème de Mark Gatiss, c’est qu’il a souvent une idée, mais pas un scénar et chacun de ses épisodes nous laisse sur notre faim. Je ne dis pas qu’il n’est pas bon mais simplement qu’il est souvent « en dessous ». Si on regarde ses épisodes depuis la reprise de la série, il est loin d’avoir signé les meilleurs. A côté de ça, il y a Sherlock ou il signe a chaque fois le moins bon (pas pour autant de mauvais épisodes, mais juste « moins bon »). Dans Night Terrors on s’en rend vraiment compte. Il a une idée sympa (le denouement) mais fait preuve d’une incroyable faiblesse quand à l’histoire qui gravite autour et va même nous faire intervenir des personnages (la vieille dame et l’homme avec son chien) qui au déla de leur TRES longue introduction ne servent strictement à rien (par ailleurs on a pas de nouvelles d’eux en fin d’épisodes… complètement inutile).
Bref, maintenant, l’épisode qui nous interesse : Et bien je trouve que c’est ce que Gatiss a fait de mieux. Très franchement, à chaque fois que je le sais à l’écriture, c’est un peu comme un Chibnall, je souffle en me disant « bon, allons y ». Et bien là j’ai eu l’impression qu’il restait dans ses cordes. Un scénario plus simple, des gags (beaucoup, peut etre trop au gout de certain), un épisode vraiment raffraichissant et étonnant. En plus son retrouve Madame Vastra, Jenny et Stax… et il se permet même d’offrir des scènes rien qu’à Jenny qui était le personnage le plus faible du trio (pas plus de consistance que l’assistante un peu éffacée). J’adore ce trio, très franchement. Je pense même qu’ils mériteraient leur série (ça ne se fera pas, mais j’aurai vraiment aimé, tout dans l’écriture, les caractères et leur relation est brillant. Le couple Silurian/Human lesbien accompagné d’un Sontaran violemment gentil, je trouve que ça fonctione hyper bien, le tout dans une ère victorienne).
Bref, surprenant épisode, je l’ai aimé, vraiment.
J’ai toujours eu de la tendresse pour l’écriture de Gatiss, malgré toutes ses imperfections. Et j’ai passé un très bon moment devant ce Crimson Horror, dont le style kitsch et baroque est pleinement assumé.
Je suis d’accord avec tout ce que tu as écrit et j’ajouterai que Gatiss est vraiment drôle et doué pour écrire des scènes et dialogues qui me font mourir de rire. Ce qui en dit long sur son talent 😉
Personnellement, cet épisode m’a semblé très médiocre.
Tout est sous-exploité et aurait peut-être mérité un double-épisode (oui je sais, c’est pas la ligne directrice de Moffat sur cette saison).
Comment ne pas être déçu devant les rôles si peu creusés de Diana Riggs et sa fille ? Comment ne pas s’offusquer devant la bouffonnerie constante de cet épisode ?
Thomas Thomas, ahah, Tom Tom. Très drôle…
La conclusion est particulièrement représentative du problème. Le Docteur, notre Docteur, celui qu’on aime, ne parait pas une seconde déçu de la mort des antagonistes alors qu’il essaie toujours de leur donner une seconde chance ! On a juste droit à un bête « ah dommage, bon, tant pis ! »
Particulièrement inactif dans cet épisode, le Docteur trouve même le moyen de se faire choper la vedette par une servante adepte du kung fu, Strax et une chaise !
Je n’aime pas le ton pince-sans-rire de Gatiss sur Doctor Who alors qu’il sied à merveille sur Sherlock.
Voilà. Désolé, fallait que ça sorte.
Encore une fois le côté « sauveur pacifiste » du Docteur à été donné par RTD, Moffat s’évertue (à raison à mon sens) de le sortir de ça pour lui redonner un comportement plus dans la lignée des classiques. Que ça choque je peux le comprendre, moi j’ai trouvé ça plutôt bienvenue (même si le « gag » est un peu lourdot je te le concède).
La noirceur du personnage est effectivement de plus en plus prégnante depuis le début de la saison (on se souvient du destin du vilain dans Dinosaurs on a Spaceship ou celui de Mercy). Mais il y avait aussi des rappels sous l’ère Davies, notamment dans The Runaway Bride et Family of Blood. Mais c’est vrai qu’ici, c’était un peu trop à la légère à mon gout. Mais en même temps, c’était un sacré fumier.
Effectivement, un très bon épisode. Scénario bien construit, un vilain original et mémorable, une bonne caractérisation des personnages (en particulier le trio), probablement le meilleur épisode de Gatiss (pas difficile). Je sais pas si c’est parce que c’est justement lui le scénariste mais ça m’a encore fait beaucoup pensé à l’ère RTD.
C’est marrant aussi la façon dont ils ont de jouer avec nos attentes comme lorsque Jenny dit « mais vous n’avez rien expliqué », parlant clairement à la place du spectateur.
D’accord avec la critique donc mais je reviens sur deux légers détails. Le gag est Thomas Thomas est quand même largement compréhensible dans le contexte, les indications du gamin etc. Mais ça n’avait peut être pas sa place, je trouve. Concernant Strax, il faut voir le minisode The Battle of Demons Run: Two Days Later, préquel de The Snowmen qui, même s’il a l’air plutôt d’une bonne grosse ficelle scénaristique, a le mérite d’expliquer cette résurrection : https://www.dailymotion.com/video/xylsfe_the-battle-of-demons-run-two-days-later_shortfilms#.UYjHNLVhiSo
Cet épisode relève un peu l’intérêt pour cette seconde partie de saison 7 qui m’ennuie sévèrement. J’ai eu un vrai plaisir de retrouver Diana Rigg qui s’en donne à cœur-joie et avec la pointe d’humour british qui manquait jusque là. Il y a de bonnes scènes comme tu le fais remarquer, mais l’ensemble reste incohérent sur la longueur.
Mon vrai regret est une liaison feuilletonnante sur tous les épisodes et le mystère autour de Clara ne suffit pas à en faire une saison intéressante et passionnante comme le furent jadis les autres saisons. Espérons que ça s’améliore mais j’y crois moyennement, même si la fin de saison 7 devient spectaculaire.
woaw!!! c’était Diana Rigg la vieille dame?
j’avais pas percuté!
Je vois tout à fait où l’on peut critiquer cet épisode mais personnellement je l’ai vraiment apprécié. Le trio de détective est particulièrement savoureux, le méchant vraiment méchant qui n’a d’autre but dans vie que d’être un méchant, le duo docteur Clara qui fonctionne toujours, bref une comédie horrifique très efficace.
Hormis les quelques petits défauts qui ponctuent l’épisode, le seul vrai point noir à mon goût c’est la fin. Mal amené, on ne sait pas pourquoi elle rentre et le fait elle a chaque fin d’épisode ? Comment ces gosses sont ils tombé sur ces photos et d’où en ont ils concluent que Clara était une voyageuse temporel ? Genre tout le monde le prend bien aucune question c’est la fête.
On sent bien que Gatiss devait introduire la suite de l’histoire mais n’avait pas tellement envie de parasiter son épisode avec ce truc la. Du coup il nous l’expédie en 2minutes à la toute fin, vraiment pour dire que ça a été fait.
Cette fin m’a complètement sorti de l’épisode que j’ai véritable aimé par ailleurs.
Ben moi, autant j’ai compris la blague Thomas Thomas tout de suite, autant la méga-sono du hangar…j’ai toujours pas compris…
Sinon, globalement, cette saison 7 est une déception.