
Doctor Who : les 5 failles du showrunner Steven Moffat
Personne ne pourra remettre en cause le talent de scénariste de Steven Moffat. Même ceux qui n’en sont pas fans (il y en a par ici) doivent lui concéder son sens du rythme et son imagination débordante. Mais un scénariste brillant fait-il forcément un bon showrunner ? Depuis son arrivée à la tête de Doctor Who, cette idée est contestée, et ne l’a jamais été autant que lors de la septième saison, en cours de diffusion sur France 4. Récapitulatif de ses failles en cinq points.
(Spoilers notice : j’ai vu la totalité de la saison 7, y compris sa deuxième partie qui sera diffusée à partir du 15 juin sur France 4. Sans être orienté spoilers, cet article y fait nécessairement référence.)
1) Steven Moffat n’a jamais trouvé sa Julie Gardner
Les premières années du retour de la série ont été personnifiées par le scénariste Russell T Davies. Il ne fait pas de doute que celui-ci a injecté beaucoup de lui-même dans la série, dans les scénarios, bien sûr, mais aussi dans la manière dont la série était produite. Néanmoins, cette époque était moins l’histoire d’un homme que celle d’un duo.
Julie Gardner, productrice exécutive de la série pour le compte de la BBC (l’équivalent du chargé de programme de la télévision française, en beaucoup, beaucoup plus impliqué) et directrice du département fiction de BBC Pays de Galles, était la seconde moitié de cette équipe à l’efficacité redoutable. Le duo avait déjà collaboré précédemment sur la mini-série Casanova, à partir de laquelle Julie Gardner a en quelque sorte remplacé la première productrice de Russell T Davies, Nicola Schindler, qui l’avait accompagné sur Queer as Folk, Bob & Rose et The Second Coming. Le lecteur du Writer’s Tale de Davies et Benjamin Cook comprend vite l’importance qu’avait Gardner, parfaitement en phase avec le scénariste et capable de l’orienter efficacement.
Pour citer une anecdote parmi d’autres, au moment de plancher sur le premier jet de « The Waters of Mars », RTD s’était retenu d’écrire le suicide final d’Adélaïde Brooke. Il y pensait mais il avait peur que cela soit trop violent pour la série. Dès sa première lecture, Gardner lui avait fait remarquer que l’histoire qu’il avait écrite aurait dû logiquement se conclure par la mort du personnage. La direction à deux têtes de Doctor Who avait alors été célébrée en chanson par David Tennant, Catherine Tate et John Barrowman.
Steven Moffat, lui, n’a jamais bénéficié d’une telle complicité créative. Dans un premier temps, c’est Piers Wenger qui occupe l’ancien poste de Julie Gardner. Mais rapidement, il fait venir une deuxième personne pour alléger sa part de travail, Beth Willis – le duo devient alors un trio. Wenger et Willis quittent la BBC après deux saisons et sont remplacés par Caroline Skinner qui ne reste qu’une saison avant de claquer la porte début 2013. Brian Minchin vient d’arriver pour la remplacer. Clairement, cette valse des producteurs est un handicap pour Steven Moffat, mal cadré, mal soutenu, au risque de partir en roue libre. Un handicap qu’il ne rencontre pas sur Sherlock, solidement pilotée par son épouse.
2) Des auteurs-showrunners sinon rien
C’est un choix délibéré de Steven Moffat. Il veut des scénaristes ayant le statut de showrunner pour écrire les épisodes de Doctor Who. C’est une rupture par rapport à la période précédente au cours de laquelle des scénaristes totalement débutants tels que Tom MacRae, James Moran ou Helen Raynor ont pu faire leurs premières armes.
Évidemment, c’est une charge de travail en moins pour Moffat et pour les scripts editor (l’équivalent de nos directeurs littéraires) puisque ces scénaristes-showrunner ont beaucoup moins besoin d’être accompagnés tout au long de la conception et de l’écriture de leur épisode. Mais est-ce que cela fournit vraiment de meilleurs épisodes ? Finalement, on peut en douter. Les Chris Chibnall, Mark Gatiss ou même Neil Gaiman peuvent aussi défaillir. Surtout, l’accompagnement serré des scénaristes plus verts permettait certainement une meilleure cohérence artistique, sur la caractérisation des personnages ou l’ambiance d’une saison donnée. Qu’une série ait un point de vue d’auteur, c’est bien. Qu’elle empile ceux de cinq ou six showrunners différents pour fabriquer une saison de 13 épisodes, cela l’est sûrement moins.
On peut aussi mentionner que cette exigence renforce la difficulté de trouver des scénaristes de sexe féminin pour écrire sur la série. Aucun épisode n’a été signé par une femme depuis trois saisons.
3) Écrire, c’est réécrire
C’est une conséquence directe du point précédent : un scénariste ayant atteint le statut de showrunner n’accepte plus d’être réécrit par un autre. Si des modifications doivent être apportées à son épisode pour des raisons éditoriales, c’est lui qui sera chargé des versions suivantes.
Il y avait une poignée d’auteurs-showrunners qui n’étaient pas réécrits à l’époque de Russell T Davies (Steven Moffat en premier lieu, ainsi que Chris Chibnall) mais la quasi-totalité des épisodes étaient abondamment revus par le showrunner, comme c’est le cas sur la très grande majorité des séries américaines. La série y gagnait énormément en unité de style et de ton.
Initialement, l’approche de Steven Moffat avait des aspects séduisants : la série laissait de la place à d’autres univers forts, comme celui de Richard Curtis (« Vincent and the Doctor ») ou de Neil Gaiman (« The Doctor’s Wife »). Mais quand Steven Moffat explique (dans sa rubrique de Doctor Who Magazine) que sa lecture sur table préférée fut celle de l’épisode « Night Terrors » de Mark Gatiss tout simplement parce que n’ayant pas lu la dernière version du script, il découvrait les blagues dans le bouche des acteurs (!), on commence à s’inquiéter. De fait, avec le temps s’est imposé l’impression d’une série disjointe dont les épisodes n’ont plus de rapport les uns avec les autres et dont les saisons ne parviennent pas à construire un véritable propos.
4) L’ellipse comme échappatoire
Il existe une faille dans l’écriture de Steven Moffat, béante maintenant qu’il gère une série longue installée dans la durée. Il ne sait pas écrire l’évolution d’un personnage ou d’une relation entre deux personnages. Ces évolutions surviennent malgré tout pendant son run, mais elles sont systématiquement ellipsées : elles surviennent entre deux saisons, ou entre deux épisodes.
A la base, il y a déjà un malentendu sur ce point. Pour Steven Moffat, le Docteur est un personnage qui n’évolue pas, et les histoires de la série sont forcément racontées depuis le point de vue des Compagnons, qui sont ceux qui changent au cours du récit. C’était peut-être relativement vrai dans la série classique (et encore, même à ce niveau, j’ai des réserves sur cette thèse), mais Russell T Davies a résolument changé cela, pour le meilleur. Pendant ses quatre saisons et demie, le personnage du Docteur avait des arches d’évolution claires et graduées qui permettaient une parfaite empathie avec lui.
Rien de tout cela chez Steven Moffat. Les rares changements qu’il insuffle au Docteur sont brutaux et déconcertants (comme celui qui intervient entre « The Angels Take Mahnattan » et « The Snowmen »). Racontée du point de vue des Compagnons, son histoire devient disjointe. Les quatre saisons de Davies racontaient quatre années de la vie du Docteur, en ‘‘temps réel’’. Les trois saisons de Steven Moffat l’ont vu vieillir d’au moins trois cents ans (j’ai même un peu perdu le compte : quand a-t-il donné son âge pour la dernière fois ?). Bref, le Docteur a petit à petit été ramené à un statut de zinzin de l’espace dont il est difficile de partager les émotions. Croire à son histoire d’amour avec River Song, par exemple, était un véritable acte de foi. Je fais partie de ceux qui ont réussi, mais force est de reconnaître que la démarche n’est pas la bonne. Pour combler cette absence de chair et de cœur, Steven Moffat use et abuse de mystères. Au-delà de la répétitivité du procédé, à force de chercher à imbriquer ses énigmes les unes dans les autres et à surprendre, il a surtout réussi à construire un édifice parfaitement dénué de sens. Tout dans la carrosserie, rien dans le moteur.
Des personnages comme les Compagnons, ou River Song elle-même, sont par ailleurs handicapés par le fait de n’exister que lorsqu’ils ont quelque chose d’important à faire dans leur histoire / leur mystère. Rien n’a plus manqué à Song que quelques épisodes de character development, des histoires dans lesquelles elle aurait simplement vécu une aventure avec le Docteur sans révélation particulière sur le personnage.
5) Le pitch façon movie poster plutôt que vraie histoire
Puisque la série ne dispose pas d’un véritable atelier d’écriture (c’est-à-dire qu’elle ne réunit pas des scénaristes dans une pièce pour réfléchir ensemble à la saison, la Grande-Bretagne considérant généralement que c’est une forme d’écriture trop chère, hormis pour les soaps quotidiens ou hebdomadaires qui assurent un volume d’au moins quarante épisodes par an), c’est le showrunner – chef d’orchestre qui distribue la plupart des points de départ d’intrigue aux différents scénaristes. Ceci permet d’assurer une variété de thèmes et de cadre : il faut s’assurer d’une bonne répartition des épisodes situés dans le passé ou dans le futur, sur Terre ou dans l’espace.
Mais la notion de pitch peut grandement varier. Ceux distribués par Russell T Davies étaient précis et fourmillaient de détails, comme le révèle là aussi The Writer’s Tale, notamment au travers de l’exemple de « The Fires of Pompeii » qu’il développe.
Steven Moffat se contente désormais d’instructions nettement plus laconiques, la baseline des fameux posters de blockbusters de cinéma auxquels il veut que la série se compare. ‘‘Des dinosaures dans un vaisseau spatial’’, un ‘‘voyage au centre du Tardis’’, ces briefings laissent beaucoup de place à l’imagination des scénaristes. Une place qu’ils peinent à combler. Ils en portent certes une part de responsabilité, mais c’est une situation typique de la part de scénaristes freelance, partagés entre plusieurs responsabilités, et qui n’ont pas le temps de s’immerger totalement dans l’univers de la série comme le showrunner peut le faire.
Certains rejettent sur la BBC la responsabilité de cette orientation vers des gros épisodes spectaculaires, au détriment de récits plus intimistes qui ont largement contribué succès de la série. Celle-ci chercherait ainsi à renforcer le succès international et la rentabilité de Doctor Who. Je n’ai rien vu ou lu qui l’indique, et je n’y crois pas une seconde. C’est assez éloigné de la sacralisation de l’auteur-scénariste en vigueur à la BBC.
L’horrible BBC capitaliste, c’est un peu une légende urbaine qui tourne en boucle dans le fandom de Doctor Who au moins depuis l’annonce de la séparation de la saison 6 en deux demi-saisons. À la diffusion, il est clairement apparu que celle-ci était motivée par l’histoire, comme l’avançait Steven Moffat depuis le début. Elle permettait d’ellipser la phase de ‘‘deuil’’ après l’enlèvement du bébé d’Amy et de Rory.
De la même manière, je crois que cette approche Movie poster est une envie sincère du showrunner, qui pense objectivement, et en partie à juste titre, que la série devrait évoluer en permanence, comme elle le faisait par le passé. Mais entre la structure bien réglée des quatre premières années (13 épisodes diffusés chaque année à partir de Pâques plus un quatorzième à Noël) et ce qu’il faut bien qualifier de chaos actuel (la série change de période de diffusion, de nombre d’épisodes, et de format dramaturgique chaque année), il y a certainement un meilleur équilibre à trouver.
De fait, si l’horrible BBC capitaliste et interventionniste existait, la première chose qu’elle demanderait serait de faire plus d’épisodes. Alors que Doctor Who produisait 14 épisodes par an, le chiffre est tombé à 6 épisodes en 2012 et 10 épisodes en 2013 pour son cinquantième anniversaire. Le premier obstacle à la rentabilité de Doctor Who, c’est celui-là et la BBC semble avoir choisi de s’en satisfaire pour garder son auteur-star, quand bien même Steven Moffat n’est pas capable d’assurer l’ancien rythme (et plusieurs des problèmes pointés dans cet article découlent clairement de sa volonté d’alléger sa charge de travail).
Et maintenant?
Steven Moffat est-il simplement inadapté au poste de showrunner d’une série longue telle que Doctor Who ? Ou bien n’a-t-il pas su rapprocher assez la série à son univers d’auteur, par exemple en imposant dès le départ des saisons de 6 ou 8 épisodes feuilletonnants dont il aurait écrit l’essentiel, et qui se seraient résolus à chaque fois, à l’image de Jekyll ? En effet sa meilleure saison est clairement celle qui se rapproche de ce format, la sixième, qui aurait bénéficié de la suppression de quelques loners à la fois faibles et déconnectés du propos général. Toujours est-il que son run laisse pour l’instant un goût de superficialité et de chaos qui gâche un potentiel indéniable, celui d’une équipe technique qui s’est dépassée, d’un sens du casting incroyable.
Après le Special du cinquantenaire et celui de Noël 2013, il sera encore à la barre de la huitième saison. Mais on sait maintenant que celle-ci sera marquée par d’importants changements. En effet, Matt Smith tirera sa révérence lors du prochain épisode spécial de Noël, programmée le 25 décembre prochain sur BBC1.
Le tournage de cet épisode aura lieu à partir d’août prochain (des tournages d’épisodes isolés, qui empêchent de faire des économies d’échelles, sont un des problèmes apparus depuis 18 mois dans la production de la série, et qui expliquent probablement en partie que la deuxième partie de la saison 7 donne l’impression d’avoir subi de sérieuses baisses de budget). Le successeur de Matt Smith, s’il n’est pas déjà choisi (ce qui est le plus probable) le sera dans les prochains jours. Son arrivée doit être l’occasion de donner une nouvelle impulsion à Doctor Who. C’est déjà ce qui se prépare, puisque la saison 8 devrait être constituée de 12 épisodes diffusés d’un bloc entre la fin août et la mi-novembre 2014. Steven Moffat et ses scénaristes ont du temps devant eux pour la préparer. On ne peut qu’espérer que cette huitième saison soit l’occasion d’une réappropriation enfin réussie de la série. Ou alors qu’elle marque la fin de cette période quelque peu poussive, en laissant Steven Moffat aller à de nouvelles aventures qui lui correspondraient mieux.
Très bon article, même s’il manque quelques failles encore. 😉
Je suis absolument d’accord avec toi ! (ça c’est du commentaire pertinent et instructif)
Plutôt d’accord avec les arguments avancés, très bon résumé.
Concernant en revanche le « mythe » de l’horrible BBC capitaliste ( 😉 ) n’oublions pas l’influence de BBC America et le traitement de Torchwood. DW n’est pas devenu une machine à faire du fric, mais certains choix trahissent une légère américanisation de la série, au moins au niveau de la communication (l’effet movie poster, justement évoqué).
Je ne vois pas bien le rapport entre ce qui est arrivé à Torchwood et toutes ces histoires. La principale raison de la coproduction, c’est quand même qu’à ce moment là, Russell T Davies habitait aux Etats-Unis.
Ensuite il a écrit comme avant, avec la même liberté artistique qu’avant (même plus, BBC1 a censuré quelques plans) et l’échec artistique de la saison 4 revient pleinement à RTD et n’a rien à voir ni avec Starz ni avec BBC Worldwide (BBC America n’ayant rien eu à voir avec Torchwood). D’autant que le studio US était dirigé à ce moment la par Julie Gardner et Jane Tranter, ses deux complice de DW.
RTD a simplement vu trop gros et s’est empêtré dans son histoire. Ca arrive et je pense qu’une saison 4 100% UK aurait connue le même destin.
Je parle surtout niveau communication, la façon dont le produit est vendu : la façon dont BBC America communique sur DW, la façon dont Torchwood s’est américanisée (pour diverses raisons), tout ça pèse dans la balance, je pense, dans la façon dont la BBC communique autour de DW. Ils ont sur les bras une franchise qui s’exporte très bien.
L’effet « movie poster » mentionné dans cet article me semble nouveau dans la façon de communiquer sur la série : on vend un « high concept », une idée un peu folle (dinosaures dans vaisseau spatial…). Et ça va de paire avec ce manque d’unité de la saison 7, dont les idées vont dans tous les sens.
Je vois dans l’article beaucoup de ressenti et beaucoup de défauts réels pointés mais les raisons de ces défauts restent globalement de l’ordre de la supposition (sur le rôle de la bbc, sur l’évolution du budget, sur la manière dont Moffat travaille avec ses scénaristes… Tant qu’on n’aura pas le « writer’s tale » de Moffat, je ne vois pas comment on pourrait se prononcer sur ces points).
Sur la manière dont Moffat travaille avec ses scénaristes et l’évolution des conditions de production et du budget, de multiples sources existent : interviews (comme celles de Neil Gaiman sur l’écriture de Nightmare in Silver), reportages, articles du Doctor Who Magazine. Les sources sont un peu plus dispersées et compliquées à réunir, mais elles existent.
Ben justement, quand Neil Gaiman dit qu’écrire du Dr Who c’est crevant parce qu’il faut réécrire et réécrire sans cesse, tout en n’étant pas payé pour les réécritures ( https://lukebenjamenkuhns.wordpress.com/2013/05/15/neil-gaiman-doctor-who-and-writing/ ), ça ne me semble pas corroborer la théorie du Moffat qui laisse les scénaristes se débrouiller tout seul et découvre le scénar le dernier jour.
Ben non, c’est ce que je dis : « Un scénariste ayant atteint le statut de showrunner n’accepte plus d’être réécrit par un autre. Si des modifications doivent être apportées à son épisode pour des raisons éditoriales, c’est lui qui sera chargé des versions suivantes. »
Donc effectivement, à chaque fois que Neil Gaiman rend une version, le script editor et/ou Moffat lui font des retours et il rédige lui-même la V2, 3, 4, etc. Ce qui représente beaucoup d’allers et retours et beaucoup de temps passé, ce qui peut générer de la frustration du scénariste freelance, qui n’est pas pas payé pour toutes ces versions et qui doit réussir à se placer dans l’état d’esprit de l’équipe en place pour comprendre ce qu’ils veulent et réussir à livrer une version satisfaisante pour eux (ceux à quoi un showrunner n’est justement plus habitué).
Si Neil Gaiman n’était pas Neil Gaiman, c’est à dire un scénariste de stature très importante (et si Steven Moffat ne rechignait pas à réécrire lui-même), il ferait une V1 et peut-être une V2 et ensuite une version finale serait écrite par le showrunner lui-même, parfois avec beaucoup de modifications (je crois que RTD disait qu’il changeait de 20% à plus de la moitié des scripts).
La relation de Gatiss et Moffat n’est pas la même que celle avec Gaiman, et Gatiss a plus d’expérience de la télévision. D’où le fait que Moffat puisse lui laisser davantage de marge de manœuvre. Mais de là à découvrir la dernière version du script à la lecture, je trouve ça dément (et c’est Moffat lui-même qui le dit dans sa colonne du DWM).
RTD laissait aussi beaucoup de liberté à Moffat (il demandait à recevoir directement les dialogués en en sachant très peu sur le contenu de l’épisode, pour avoir le plaisir de les découvrir) mais il les lisait dès qu’il les recevait. Et on pourrait assez facilement argumenter que le niveau moyen des scripts de Moffat n’était pas exactement celui de Gatiss.
Eclairage intéressant.. Mais il y a t-il encore un avenir pour le doc avec Moffat? J’y crois de moins en moins!
Vivement le prochain shworunner!
J’étais fan de Moffat… avant qu’il prenne le poste de showrunner de DW. Et j’étais à l’époque très critique sur le travail de Russel T Davies trop américain et midinette dans sa conception du show et des personnages…
Voir mon article sur Davies de 2010 : https://lesfictions.blogspot.fr/2010/01/uktv-doctor-who-la-fin-dune-epoque.html
Les scénarios de Moffat étaient 1000 fois mieux que ceux de Davies, mais ce dernier savait cadrer Moffat.
En tant que showrunner rien à voir. Moffat et Davies sont le jour et la nuit. Et cette fois-ci c’est pas en faveur de Moffat !!
Ça va dans tous les sens, c’est hystérique. On perd tout sens et tout réalisme dans la relation entre le Docteur et ses compagnons (c’était quand même le point fort apporté par Davies).
Bref, je vais être dur mais je suis content qu’une page se tourne avec le départ de Smith, et je serai également content que Moffat laisse sa place de showrunner à quelqu’un d’autre.
Bien vu… en tout cas, je partage cette analyse.
Bon article, mais un regret cependant : pourquoi soulever les failles de Moffat en le comparant quasi-systématiquement à son prédécesseur ?
Parce qu’il n’y a eu qu’un seul autre showrunner de Doctor Who « moderne » et qu’il est intéressant de comparer les méthodes de travail d’une période qui ne fonctionne pas avec celle d’une période qui fonctionnait ? 🙂
En plus, une grosse série UK à effets qui produit 10/12 épisodes par an, c’est assez unique. Les seules autres points de comparaison possibles seraient Merlin et éventuellement Robin Hood mais je ne connais pas très bien les coulisses de ces deux séries et la manière dont fonctionnait leur écriture et leur production.
Dans ce qui m’a clairement manqué depuis l’arrivée de Moffat, c’est pour moi la difficulté de m’identifier à 1 ou à 2 compagnons du Doctor.
Normalement c’est par eux que tu rentres dans l’univers, que tu perçois le Doc qui est bien souvent trop « brilliant » ou différent pour que tu puisses imaginer être à sa place, non c’est le compagnon qui te fait voyager avec le Doctor normalement. On pouvait toutes être une « ado amoureuse » comme Rose (bon faut avouer, à la période Tennant, on était surtout beaucoup de filles à rêver d’être à la place de Rose mais je digresse 😀 :D) ou être une dactylo comme Donna. En gros, on pouvait se dire/imaginer que nous aussi on aurait pu être une compagne.
Mais chez Moffat, les compagnes elles mêmes sortent de la « normalité » : Clara est « The impossible girl » et ne parlons même pas de celle qui depuis son plus jeune âge à vécu à côté d’une faille.
Au final, je ne me suis jamais senti voyager avec le Doctor dans cette ère Moffat, un peu comme Mickey (ni le personnage, ni l’acteur d’ailleurs) n’a réussi à trouver sa place.
Très bon article, je suis d’accord sur la globalité de ce que tu évoques. La saison 7 en particulier semble souffrir de ces failles… Pour moi la saison 5 était très bonne également, mais quelques épisodes restent un peu faibles depuis que Moffat a repris le flambeau, un peu comme s’il n’exploitait pas tout son potentiel… C’est dommage mais bon, personnellement ça me va quand même plus ou moins.
Quant à Matt Smith, je suis un peu triste d’un côté (le départ d’un Doctor n’est jamais agréable) mais c’est vrai que j’ai hâte de voir qui sera le prochain et ce que Moffat (ou un autre) en fera !
Je fais plutôt partie de ceux qui apprécient l’ère Moffat, mais à vrai dire il y a pas mal de vrai dans cet article.
Si les saisons 5 et 6 sont de loin mes préférées de la « nouvelle série », j’ai eu beaucoup de mal avec cette septième. Et ce n’est pas à cause de Moffat le scénariste (tous les épisodes qu’il a écrit vont de bons à excellents dans mon appréciation – excepté l’épisode de Noël Narniaesque assez soporifique, je le concède volontiers), mais bien Moffat le showrunner… c’est simple, aucun épisode de la saison 7 qui n’a pas été écrit par Moffat ne m’a vraiment accroché – il n’y en a eu aucun de vraiment mauvais, mais aucun de vraiment bons – si l’on excepte The Crimson Horror qui a tout a fait rempli son contrat d’épisode léger à intrigue efficace. Le seul épisode qui a vraiment réussi à me prendre est The Rings of Akhaten et son magnifique discours – malheureusement, l’intrigue en lui-même est plutôt faible…
De même pour le personnage de Clara qui n’en est vraiment un que lorsqu’écrite par Moffat et Cross. L’avantage du début de la saison 5 est que 4 des 5 premiers épisodes étaient écrits par Moffat, permettant de poser les bases sur le personnage d’Amy. Là, c’est plus hasardeux ; le final (contrairement à toi, Sullivan), me donne de l’espoir, car j’y ai enfin revu de la personnalité en Clara, et j’ai trouvé son sacrifice assez beau (et pas incohérent), car il s’accordait avec la vision du personnage que j’avais. Pareil pour River Song, dont j’ai trouvé l’adieu sublime. Un épisode parfait selon mes critères.
Quoiqu’il en soit, je suis plutôt optimiste pour la suite : j’attends avec impatience ces deux prochains épisodes qui mettront fin au règne de mon Docteur favori jusqu’à présent et j’espère que le nouveau Docteur et le nouveau producteur exécutif relanceront la machine. Je suis confiant !
Très bon article, je suis d’accord avec toi sur tous les points que tu soulèves…excepté sur le timing ! Je me sentais très seule à la fin de la saison 6 avec ma déception assez forte vis-à-vis du finale et de l’arc de la saison…alors que cette fin de saison 7 est meilleure (même si elle est loin d’être parfaite) !
En effet, pour moi on touche le fond avec la fin de la saison 6 et la première moitié de la saison 7. La saison 6 a eu un excellent démarrage et quelques très bons loners, mais sa résolution mythologique a été bâclée (on nous promettait du timey-wimey impossible et excitant et on a eu le droit à un bête double robotique cliché), au rythme beaucoup trop rapide (alors que l’épisode avec Craig était dispensable, un finale en 2 parties aurait été beaucoup mieux), et un mariage peu crédible du fait de l’absence de développement de River et de sa relation avec le Docteur.
Ca n’a fait qu’empirer avec la première moitié de la saison 7 : pas du tout de continuité, des blockbusters aux scénarios faibles, des Ponds sur le départ dont on a rallongé l’arc artificiellement (ils auraient du partir en fin de saison 6)…pour ne pas tenir compte du peu de développement durant les épisodes au final (ils semblaient décider à se poser, et puis non) ! Ne parlons pas des trous scénaristiques de « Angels in Manhattan » qui m’a totalement fait décrocher au niveau émotionnel (là encore, un double épisode aurait été le bienvenu pour développer ce départ de façon plus naturelle et/ou épique !) !
Enfin, l’épisode de Noël ne m’a plu du tout avec une Clara artificielle et Mary Sue, un Docteur qui change trop brutalement, un monstre peu convaincant (les bonhommes de neige ne sont pas du tout effrayants) !
Par contre, j’ai trouvé qu’on remontait un peu la pente avec cette seconde moitié de saison : la Clara moderne se révélait plus attachante et réaliste que sa version victorienne, on avait un brin de continuité et il y a eu des épisodes agréables (The Bells of Saint John, Rings of Akhaten) voire très bons (Hide) !
Pour finir le finale sert d’introduction au téléfilm, ce qui est une très bonne chose à mes yeux : on revient à un finale en 2 parties, on aura moins une sensation de précipitation !
De plus on a plus d’émotion : le trio victorien est une des rares réussite au niveau des personnages secondaires de l’ère Moffat et Alex Kingston et Matt Smith arrivent à nous faire des adieux superbes !
Enfin, on a une résolution mythologique satisfaisante et logique au sujet de Clara (même si il vraiment dommage que le personnage n’est pas été développé sur toute la saison pour augmenter l’impact de cet épisode !).
Pour ma part j’ai également aimé les clins d’œil à la série classique (même s’il est vrai que les incrustations ne sont pas toujours réussies).
Enfin, je ne peux m’empêcher d’être prise par le nouveau mystère présenté par John Hurt et la pirouette scénaristique sur le fameux nom est bien amenée !
Bien sûr, il y a des failles scénaristiques si on l’analyse de près, mais c’est quand même beaucoup mieux qu’à la fin de la saison 6 (avec l’abus de la question
« Doctor Who ? ») !
Moffat a toujours ses défauts, mais il a réussi à les atténuer un peu sur ces derniers épisodes…mais j’avoue que j’ai hâte de voir arriver un nouveau showrunner : je suis d’accord avec vous que l’ère RTD était beaucoup plus cohérente et Moffat devrait vraiment se cantonner au format court (sans compter sa difficulté à développer des personnages sur le long terme) !
Article très intéressant comme toujours
Je permettrais de faire quelques remarques, car je trouve qu’un bon article doit amener forcement un peu de débat
Il semble à te lire qu’une série se doit de posséder une unité de ton sur l’ensemble d’une saison via possiblement un fil conducteur et permettre une certaine empathie vis-à-vis des personnages.
J’avoue que sans contredire cela, il me semble que de nombreux cas ne suivent pas au moins un de ces deux principes. De mon point de vue l’empathie n’est pas nécessaire pour apprécier une série, le succès public ou critique de série comme breaking bad ou dexter en est un exemple non ? Dans le cas de doctor who, que l’on ne ressente pas forcément d’empathie pour un extra terrestre de 1200 ans, ne me semble pas un défaut. Il est clair qu’après Tennant et RTD ayant humanisé de façon très importante le personnage, je peux comprendre une forme de rejet du 11 eme docteur, que j’avoue personnellement préférer.
Sur l’unité de ton, j’avoue aussi humblement qu’à titre personnel sur cette saison 7, je n’ai pas eu l’impression de voir une série différente chaque semaine. En plus certaine série se passe de fil conducteur, de moins en moins aujourd’hui, il est vrai. Une bonne série comme new york district (découverte sur France 3 à 1 heure du matin à l’époque, merveilleuse diffusion française), ne présente aucun lien entre les histoires. Un autre exemple, qui me vient, en partie pour caractériser la saison 6, c’est x-files avec cette alternance d’épisodes mythologiques et indépendants, formule qui je pense à au moins marché 3-4 saisons.
Sur l’impossibilité de moffat à écrire l’évolution d’un personnage et en particulier River, est-ce une incapacité, un choix ou une impossibilité (disponibilité d’alex kingston ?), je pense qu’à ce niveau l’étude sur AMY qui me semble avoir subi une certaine évolution au cours de ces deux saisons et demi aurait été plus intéressante. De plus je n’ai pas vu la série, mais d’après ta critique que tu avais publié sur feu le village, Press Gang n’est il pas un contre exemple ? Il est cependant vrai que moffat à complètement abandonné l’épisode du compagnon au milieu de sa famille et que visiblement seul la vie entre le compagnon et le doctor semble avoir de l’intérêt à ces yeux.
Enfin une dernière petite remarque à ce bien trop long commentaire. En lisant les critiques de professionnels ou de fans, une chose m’a frappé et me fait considéré que cette saison ne peut pas être aussi raté que certain semble le penser. Lorsque les gens citent leur(s) épisode(s) préféré de la saison, on se retrouve face à une immense diversité ce qui me semble n’a jamais été les cas avec les saisons précédentes où généralement 2-3 épisodes étais cité. J’ai honnêtement vu cité 10 episodes differents (asylum, a town call mercy, angels, snowmen, ring of akhaten, hide, journey, crimson horror et bien sur le final). N’aurais t’on pas eu une saison festif essayant de montrer toutes les facettes de la série doctor who pour fêter le cinquantième anniversaire? Pour ma part, mes préférés restent snowmen et ring
Bonne continuation et au plaisir de te lire à nouveau (désolé pour les fautes d’orthographes qui je suis sur sont présentent)
PS: Vis-à-vis du silence et ces incohérences cités dans ta critique the name of the doctor. Pour moi, il y’a deux explications cohérente simple pour la saison 5, soit il n’avait pas anticipé que l’explosion du tardis impliquerait la destruction de l’univers, ou plus tordu et nécessiterait une explication, il savait que pour refermer les failles, il faudrait que le docteur se sacrifie mais n’avait pas anticipé l’idée du docteur implanté dans amy. En ce qui concerne le plan de mme Kovarian par rapport à celui de la great intelligence, ils veulent détruire le docteur l’une car elle considère le docteur comme un élément néfaste et dangereux dans l’univers et l’autre par revanche en détruisant ce qu’il a réussi à faire. Cela ne me semble pas être la même chose. De plus les conséquences engendré n’ont rien à voir entre les deux plans (disparition du docteur contre disparition de la moitié de l’univers) et justifie encore plus la volonté du silence de le faire disparaitre non ?
Merci de ton intéressant commentaire qui me donne l’occasion de quelques précisions et d’éclairer quelques trucs qui sont probablement en partie du jargon d’écrivant.
– Il y a confusion – elle est très courante – entre deux notions : l’identification et l’empathie. On peut ne pas s’identifier à quelqu’un mais avoir de l’empathie pour lui. L’empathie, c’est le fait de partager (de ressentir avec) les émotions de quelqu’un d’autre. Les exemples que tu donnes sont très parlants. On ne s’identifie pas à Dexter mais on est TOTALEMENT en empathie avec lui. On veut avec lui attraper les méchants. On a peur avec lui quand son secret risque d’être découvert. Il y a un dispositif très lourd (trop lourd à mon goût, je n’aime pas cette série) pour générer de l’empathie dans Dexter. On a aussi de l’empathie pour Walter de Breaking Bad. On comprend parfaitement au départ ses raisons – ça ne veut pas dire qu’on les approuve, qu’on les soutient, qu’on ferait les mêmes, en clair on ne s’identifie pas – mais on est avec lui. Breaking Bad est un exemple extrême puisque le personnage d’homme ordinaire qu’était au départ Walter devient petit à petit un monstre, mais je maintiens (c’est le signe d’une écriture de haute volée qui repousse les limites) qu’on reste en empathie avec le personnage. C’est marrant, j’écoutais hier la dernière interview de Vince Gilligan dans le Nerdist Writers Panel, et il expliquait que quelque fois il avait lâché devant Brian Cranston que Walter était un sale type, et il avait vu, Cranston tiquer, être déçu par cette remarque. Parce que Cranston ne peut pas jouer le personnage de Walter en pensant qu’il est un monstre, c’est aussi l’empathie de l’acteur qui permet l’empathie du spectateur ensuite.
Il n’y a pas toujours eu d’empathie pour le Docteur. Clairement, au début de la série classique, l’empathie va pour les deux profs, et même à Susan, mais pas Docteur un peu distant et effrayant. Mais même le premier Docteur a connu une évolution.
Ce serait possible qu’il y ait un dispositif dans lequel le Compagnon serait à nouveau le vecteur total de l’empathie et que le Docteur soit mis à distance. Sauf qu’on ne peut pas avoir ça d’un coté et nous demander de partager ses sentiments pour River Song en même temps. Surtout, le problème de l’ère Moffat, c’est que comme les compagnons sont eux-mêmes des mystères (Amy qui a grandit prêt d’une faille qui avait fait disparaître l’essentiel de sa famille, l’impossible girl Clara), l’empathie est compliquée aussi. C’est dur de partager les émotions d’un personnage qui n’a pas de sens / dont les émotions ne sont pas du tout naturelles.
Le problème d’Amy, qui fait que ses évolutions ne tiennent pas beaucoup la route, c’est que le personnage est tellement chargé coté mystères / complications, que ça en devient impossible.
Déjà, il y a deux Amy. Celle de la saison 5 (qui a grandit sans sa famille aspirée dans la faille) et celle de la saison 6 (qui a toujours eu sa famille auprès d’elle) devraient être radicalement différentes en terme de caractérisation. Rory, qui se souvient de plusieurs vies, dont une de 2000 ans passée dans la peau d’un soldat en plastique, est dans le même cas. Et pas mal d’éléments ont été traités par ellipses, comme pour River Song – par exemple leur ‘‘divorce’’
C’est marrant parce que je repensais récemment à l’interview que Steven Moffat a donnée à Alain Carrazé et Romain Nigita pour la Nuit Doctor Who de France 4. C’était filmé en février ou mars 2012 et à un moment il répond sur les compagnons de l’ancienne série, qui parfois venaient du passé ou du futur plutôt que du présent en terme de diffusion. Il disait que parfois ça avait plus ou moins marché, mais qu’il valait quand même mieux revenir à un compagnon contemporain, parce que le Docteur est assez extraordinaire en lui-même et que sinon, on avait l’impression de regarder par un œilleton dans une maison de fou. C’était juste le moment, on le sait maintenant, où il changeait d’idée sur Clara, abandonnant l’idée que la vraie Clara vienne de l’époque victorienne pour en faire un personnage contemporain.
Mais le truc, c’est que je trouve que ce qu’il a fait avec les compagnons est bien pire que s’ils venaient du passé ou du futur, et que l’impression de regarder par un œilleton dans une maison de fou, en ne pouvant que très difficilement partager les émotions de ceux qui y habitent, c’est exactement l’impression que me donne son Doctor Who.
Et la faiblesse de ses caractérisations – Clara n’a que très, très, très, peu de personnalité, et carrément aucune dans la plupart des épisodes qu’il n’a pas écrit. Amy en avait un peu plus mais était loin d’être un monstre d’épaisseur et de cohérence psychologique, en partie pour les raisons que j’ai mentionné plus haut – renforce vraiment ces problèmes.
Quand à Press Gang, de par sa nature, c’était une série jeunesse, elle tendait à présenter des choses que j’aurais pu mettre sur le dos du genre, mais qui tenaient peut-être davantage à Steven Moffat finalement. En l’occurrence, une tendance à rebooter les personnages entre chaque épisode, à ne pas leur conférer une grande mémoire, et à profiter des coupure entre saisons, très visibles avec des acteurs en pleine croissance, pour faire bouger les choses.
– Sur la question de l’unité de ton. On peut avoir des intrigues totalement indépendantes et avoir une unité de ton. Là aussi, tu donnes en fait de très bons exemples. X-Files (qui est probablement la série que je connais le mieux) était une série très changeante. Il y avait la mythologie et les loners, et à l’intérieur des loners, de l’horreur, du thriller, de la comédie, de la SF, du merveilleux… Mais c’est une série qui avait une unité de ton très, très forte et qui porte énormément l’empreinte de Chris Carter. Il y a eu une quantité impressionnante de scénaristes qui n’ont fait qu’une demi-saison de X-Files, ou moins, avant de partir / d’être renvoyés parce qu’ils n’arrivaient pas à écrire la série. Il y avait notamment une écriture de l’émotion et de l’intériorité des personnages très particulière (pratiquement unique) à la télé US – tout cela ne quittait pratiquement jamais le sous-texte, une écriture visuelle, une vraie vision du monde.
Je pourrais dire exactement la même chose des très bonnes périodes de Law & Order, notamment celles que j’ai effectivement vues à cette heure sur France 3.
Donc cette histoire de ton, ce que j’appelle le point de vue d’auteur, c’est vraiment indépendant de la question d’épisodes indépendants ou de feuilletonnant.
– Pour moi, le fait que la liste des épisodes préférés soit si large et si diversifiée est plutôt une preuve des soucis. Quand il y a un ou deux vrais chef d’œuvres dans une saison, un Midnight ou un Blink, ils se dégagent forcément. Il n’y avait aucun chef d’œuvre dans cette saison 7, aucune formidable réussite.
Merci pour cette réponse,
Je ne pensais pas répondre car tout ce que tu dis est clair pour moi et bien que je ne ressente pas une rupture de ton, j’en comprend le principe.
Non si je reviens écrire une courte réponse, je l’espère, c’est par rapport à ta remarque sur les deux amy à la fin de la saison 5, j’ai été en passant relire ta critique de cette épisode. Et après réflexion , je pense que tu mésinterprètent le final.
Je pense au contraire de toi qu’il y’a qu’une seule amy et que son enfance n’a pas été réécrit. Je pense que le monde a été récrée pile au moment de l’explosion du tardis donc la nuit avant le mariage selon les souvenirs incorporés dans la pandorica, donc amy a bien vécu une large parti de son enfance seul au moins à partir de la rencontre entre amelia et le docteur. Ayant toujours perdu ces parents jeunes, on peut ainsi comprendre que sa vie ne soit pas globalement différentes. Au cours du processus du big bang , la volonté d’amy a seulement permis de faire revenir ces parents par magie je te l’accorde mais pas de recréer une histoire entre eux. Ce déroulement permet d’expliquer le choix du réveil d’amy le jour de son mariage et la surprise de voir ces parents puisqu’elle n’a pas de souvenir d’eux récent, après je penche que la suite est une compensation mentale pour assimiler leur présence similaire de façon inverse à flesh and stone avec les soldats. Ces parents sans rendre compte ont donc perdu une vingtaine année de leur vie. Je n’ai pas revu l’épisode mais il semble me souvenir aussi que lorsque amy commence à parler de son ami imaginaire qui est donc bien toujours le docteur dans ma théorie, seul sa tante s’exclame ’’pas encore’’ et le père est juste circonspect peut être simplement, parce qu’il ne comprend pas de quoi elle parle vu qu’il n’existait plus. Cette théorie pourrait peut être même expliquer la présence de River Song, si le monde a juste été restauré comme il était , se trouvant dans le tardis à cette date précise, elle s’est retrouvé coincée sur terre comme bloqué dans l’œil du cyclone et c’est son caractère de time lady qu’il lui permet de se souvenir de tous les éléments et donc d’essayer par l’intermédiaire d’amy de ramener le docteur et pour rentrer chez elle.
Je pense que ce schéma est plus en adéquation avec ce que moffat essayait de montrer et permet de gommer certaine incohérence. En revanche elle en crée au moins une autre, une fois le docteur ramenée, je ne pense pas que la réaction la plus logique soit de s’enfuir avec le docteur alors que d’une certaine façon elle a des années à rattraper avec ces parents.
Désolé encore un long pavé mais j’avais besoin d’exorciser ce raisonnement que tu ne liras peut être jamais, et merci pour ce jeux de logique qui m’a bien amusé.