100 moments de télé, épisode 15 (Veronica Mars, 24, Doctor Who, Hill Street Blues, New York 911)

100 moments de télé, épisode 15 (Veronica Mars, 24, Doctor Who, Hill Street Blues, New York 911)

Veronica Mars saison 2 (indice spoiler 10), 24 saison 1 (indice spoiler : 10),  Doctor Who saison 4 (indice spoiler : 7), Hill Street Blues saison 2 (indice spoiler : 5) et Third Watch saison 4 (indice spoiler : 10) sont au menu du jour.

71. La confrontation entre Veronica et le responsable de l’explosion du bus

par Sullivan le Postec

La série : Veronica Mars

L’année : 2006

Les épisodes :  2 x 22 – Not Pictured

Logan et Veronica.

C’est une scène sur un fil. Une de ces scènes qui, à la moindre erreur d’écriture ou d’interprétation peut virer au nanar et devenir drôle au second degré. Je l’ai revue pas loin d’une dizaine de fois, et je n’ai jamais ri.

Nous sommes au dénouement de l’intrigue principale de toute la saison 2, et en cela l’alerte spoiler maximale est justifiée. Toute l’année Veronica et nous nous sommes demandés qui avait fait sauter ce bus, tué plusieurs élèves et une professeure, pourquoi il l’avait fait, et si le tueur avait voulu viser directement Veronica. Je n’avais pas vu venir l’identité du meurtrier, mais elle s’était avérée être le meilleur genre de surprise qui soit : celle qui semble logique après-coup. Surtout, elle s’inscrivait parfaitement dans le sujet général de la série, qui développait un propos sur la manière dont notre société traumatisait ses adolescents en fermant les yeux sur la violence physique et sexuelle qu’ils subissent.

Certains de ces ados s’en sortent à peu près, comme Veronica – quoi qu’elle soit marquée par des névroses nombreuses. D’autres, comme Cassidy Casablancas alias Beaver, ne s’en remettent pas.

Sur le toit d’un hôtel, Veronica fait face à Beaver, dont elle vient de comprendre qu’il a tout orchestré. La scène est extrêmement bien jouée – Kristen Bell et Kyle Gallner comptaient parmi les meilleurs acteurs d’une série qui en avait plusieurs au casting. Elle est extrêmement bien écrite, et fait même passer un petit moment de n’importe quoi (l’explosion de l’avion, qui passait justement à ce moment précis dans les parages). Si elle m’a autant marqué c’est en partie pour sa conclusion désabusée (‘‘c’est bien ce que je pensais,’’ dit Beaver quand Logan et Veronica échouent à trouver une raison qui pourrait le retenir de se suicider).Mais c’est aussi pour sa petite révélation supplémentaire inattendue, qui nous ramène à une intrigue de la première saison. On découvre en effet que Beaver a effectivement violé Veronica dans cette soirée qui avait donné lieu au meilleur épisode de la première saison (« A Trip to the Dentist »).

Une preuve de la manière dont le showrunner Rob Thomas construisait épisode après épisode un univers cohérent, dans lequel les événements avaient des conséquences et les personnages une mémoire. Malheureusement pour nous, il a fallu que la CW vienne gâcher notre plaisir en s’immisçant dans la, du coup très dispensable, troisième saison.

 

72. La femme de Jack Bauer meurt

par Dominique Montay

La série : 24

L’année : 2002

L’épisode : 1×24 – 11:00 p.m. – 12:00 a.m.

Jack Bauer vient de gagner. Il a empêché les terroristes d’assassiner un candidat à la présidentielle, David Palmer. Il a réussi à mettre fin à la vengeance de Drazen (grand méchant de la saison) envers Jack et sa famille. Oui mais voilà, cette andouille a laissé Teri, sa femme, avec Nina Myers (avec qui il a trompé sa femme quelques mois plus tôt, et, accessoirement, une traitre).

Quand Bauer retrouve sa femme, elle est déjà morte. Et le grand choc de la série est de montrer, comme ultime image, sans laisser de place à un épilogue, Jack Bauer tenant le corps inanimé de sa femme, en pleurs.

Une fin alternative avait été tournée (elle est présente sur l’édition DVD), montrant Bauer réuni avec sa famille. On les remercie d’avoir choisi la première solution, plus mémorable. Et en plus ça nous a permi de retrouver en saison 2, un Jack Bauer désabusé avec une barbe de 2m de long.

 

73. River Song : la fin (et le début)

par Sullivan le Postec

La série : Doctor Who

L’année : 2008

L’épisode : 4×09 – Forest of the Dead

Sacrée rencontre pour le Docteur.

Prenez une actrice géniale (Alex Kingston), un scénariste qui l’est tout autant (Steven Moffat), et une intrigue incroyable qui exploite à fond les possibilités de sa série. Pas étonnant dans ces conditions de parvenir à créer une scène appelée à figurer parmi nos 100 moments de télé. Dans les années 5000 et des poussières, le Docteur se rend sur The Library, une planète bibliothèque en quarantaine depuis qu’un siècle plus tôt, elle a été le théâtre d’un incident mystérieux dans lequel tout ceux qui s’y trouvaient ont disparu. Il y rencontre une certaine River Song, archéologue à la tête d’une expédition.

En fait, c’est River Song qui a invité le Docteur à venir. Celui-ci se retrouve dans une position étrange, face à une femme qui, visiblement le connaît. Très bien. Mais lui, il la rencontre pour la première fois. C’est le problème de voyager dans le temps : on peut y croiser des gens dans le désordre. Les rencontres du Docteur avec River Song se situent dans son futur.

Mais la conclusion de l’épisode amène à une révélation supplémentaire. Cette première rencontre du point de vue du Docteur est aussi la dernière, cette fois du point de vue de River. Celle-ci se sacrifie en effet, démontrant que pour elle, rien ne serait plus terrible que d’effacer son passé avec le Docteur. Une introduction incroyable pour un personnage qui m’enchante encore cinq ans pus tard, en 2013.

74. La partie de basket

par Dominique Montay

La série : Hill Street Blues

L’année : 1982

L’épisode : 2×16 – Personal Foul

Bien avant The Wire,  une série montrait des flics et des malfrats évoluer dans la même cité, tout en prenant bien garde de montrer l’humanité de chacun, sans manichéisme. Hill Street Blues n’est pas seulement une grande série, c’est aussi la série (avec SElsewhere), qui a tout changé à la télévision américaine. Grâce à ces séries, les chaînes vont se dire qu’il faut prendre plus de risques. Il vont aussi prouver que le téléspectateur moderne peut digérer une narration éclatée, suivre plusieurs personnages, garder l’oeil sur des fils rouges…

Sans Hill Street Blues, The Wire n’aurait jamais vu le jour à la télévision.

La scène choisie n’est peut-être pas la plus importante de la série mais c’est pour moi une véritable madeleine. Cet épisode, je l’ai vu sur FR3 à l’époque lors de la diffusion de la série sous le titre Capitaine Furillo (gros non-sens de traduction, qui met en avant un héros unique à laKojak, à l’inverse de ce que représente cette série chorale). L’épisode est un long match de basket entre les flics et les « truands » de la ville. Le but est de serrer les liens, limiter la violence, prôner l’humanisme. Au final du match, les flics vont gagner grâce à un panier pendant la dernière seconde.

Des gradins, quelqu’un tire dans le ballon, qui sort de l’arceau. Les flics ont perdu plus qu’un match ce jour-là, une action de pure violence venant clore un évènement qui jusqu’ici s’était bien passé.

75. La mort d’Alex Taylor

par Nicolas Robert

La série : Third Watch / New York 911

L’année : 2003

L’épisode : 4 x 22 – The Price of Nobility

Une disparition coup de poing.

Les season finale, chez New York 911, on sait faire. Après la fusillade dans un lycée (saison 2) et la panne de courant qui déclenche une émeute (saison 3), John Wells et Edward Allen Bernero décident, en 2003, de tuer un de leurs personnages. A l’époque de la diffusion de la saison 4, on savait qu’Amy Carlson ne repartirait pas pour un tour. On s’attendait à ce que sa disparition soit marquante. Elle est carrément traumatisante.

Alors que les pompiers de la caserne 55 interviennent sur un accident de la route, Alex Taylor, son personnage, donne un nouveau coup de main aux secouristes. Problème : les soldats du feu n’ont pas eu le temps de tout sécuriser. Une explosion survient. Taylor finit coupée en deux.

La scène est une de plus choquantes que j’ai jamais vues. En tout cas sur un network. Parce que si on la voit arriver, on ne se doute pas de l’horreur qui va vous sauter à la figure. Christopher Chulack, le  réalisateur, joue adroitement sur la prise de vue pour susciter un gros choc psychologique, avant que la caméra ne prenne de la hauteur pour filmer les lieux du drame. Le mot que vous cherchez, c’est « horrible ».

Partager