Documentaire « Showrunners » : interview de Des Doyle (2/2)

Documentaire « Showrunners » : interview de Des Doyle (2/2)

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Dans cette deuxième et dernière partie, on aborde la chronologie du film Showrunners : The Art Of Running A TV Show, l’absence de cadres des networks, et la potentielle sortie du film en France avec le réalisateur Des Doyle.

Harte making notes in Bones Writers' Room (2)

Hart Hanson prend des notes dans la writers room de Bones. Crédit : Submarine Deluxe.

Avez-vous essayé d’établir une chronologie pour le film? On voit Matthew Michael Carnahan durant la production de la première saison de « House Of Lies », et une partie des extraits a dû être tournée plus tard. Est-ce que tout a été tourné pendant une période précise, en 2011-2012?

Des Doyle : On a tout tourné sur 18 mois entre 2011 et 2012, et quelques séquences fin 2010. On a filmé en plusieurs blocs puisqu’on n’avait pas assez d’argent pour tourner sans pause. On a dû être à l’affût des emplois du temps des gens, on est restés en contact avec Matthew pour savoir quand certaines choses se passaient, et nous lui avons dit de nous prévenir afin qu’on puisse les tourner. On a fini le tournage en juin 2012.

Depuis 2013, vous avez essayé de sortir le film en salles….

On a monté le film et essayé d’obtenir toutes les autorisations. Ce processus nous a pris plus d’un an. A cause de circonstances indépendantes de notre volonté, par exemple le temps que ça prend à certains avocats des studios ou chaînes pour revenir vers nous et autoriser l’utilisation d’éléments, par exemple. On n’est pas une priorité pour eux donc on doit s’adapter à leur emploi du temps. Le plus étrange, c’est que cela se trouve être en notre faveur, parce qu’on sort Showrunners à un moment où l’intérêt public pour eux n’a jamais été aussi grand. Durant la production, de plus en plus de téléspectateurs se sont pris de curiosité pour eux. On a écrit de plus en plus d’articles sur eux, ils se sont montrés de plus en plus…

Il y a beaucoup de discussions de la part des créateurs au sujet des networks par rapport au câble. On voit quelques producteurs exécutifs venant du câble dans le film, comme Michael Wright de TNT et David Nevins de Showtime. Pourtant, on ne voit personne des 4 gros networks out de la CW. Est-ce que vous avez eu du mal à parvenir à faire parler les gens des networks sur leur processus de création et leur collaboration avec les showrunners? 

Le problème a surtout été de jongler avec les emplois du temps de chacun. C’est une combinaison entre le fait que ces gens sont extrêmement occupés, et le fait que l’on était capable de tourner que pendant des périodes courtes à chaque fois. Kevin Reilly, qui dirigeait la FOX à l’époque, était d’accord pour faire une interview avec nous. Je voulais vraiment avoir quelqu’un d’un network, mais le jour de l’interview, il a du soudainement partir pour New York pour une réunion. Ces choses là sont hors de notre contrôle, et nous avons essayé de reprogrammer l’interview mais nous approchions de la fin du tournage et ce n’a pas été possible. Même chose avec Vince Gilligan, qui était d’accord pour participer, mais cela s’est produit trop tard pendant la production du film. Ces gens sont très pris, et essayer de passer une heure avec eux peut prendre deux mois d’organisation préalable. Leurs vies sont si remplis, à un certain point, que chaque minutes de chaque jour est précieuse. Dans le cas de Bones, il nous a fallu 6 mois et demi pour obtenir l’autorisation de tourner le segment “un jour dans la vie de” avec Hart Hanson. Le film manque un peu de cette voix selon moi, mais au moins nous avons Michael et David qui nous ont donné une idée de la position des networks dans tout ça.

Vous avez projeté le documentaire à travers le monde, à Edimbourg, à Zurich, à la Comic Con de  New York. Que pensez vous de sa réception par le public, plus spécialement vis à vis du Q&A que vous avez fait avec plusieurs personnes ayant participé au film?

C’est intéressant de regarder le film avec un public. Quand nous avons montré un extrait du film au Comic Con de San Diego nous étions nerveux car nous savions que ce public là était constitué de fans de séries hardcore. Ils ont finalement bien réagi à l’extrait et cette bonne réception nous a soulagé. Le film a été très bien reçu à Edimbourg où nous avons fait un Q&A avec Ron Moore qui s’est vraiment bien passé. J’étais nerveux au sujet de la projo de Zurich parce que je ne pensais pas qu’on intéresserait là-bas. On a projeté le film à midi un vendredi et environ 220 personnes étaient présentes, ce que je trouve fantastique. Ils ont ris quand je voulais qu’ils rient, on été ému quand il le fallait… Ils ont très bien reçu le film. Nous avons aussi fait une projection à New York, ainsi qu’une projection privée aux studios Pixar.

 

La writers room vide de Person Of Interest. crédit : Submarine Deluxe.

La writers room vide de Person Of Interest. crédit : Submarine Deluxe.

Comment cela s’est-il passé?

Ils connaissaient l’existence du documentaire et nous on expliqué que de temps en temps ils organisent des projections pour leurs employés, et ils ont pensé que ce film pourrait intéresser leurs équipes. Il fallait qu’il projette quelque chose qui apporterait, dans une certaine mesure, quelque chose à leurs employés. Ce fut un jour extraordinaire pour nous. C’était assez fou parce que Peter Docter, qui a fait Monstres et Compagnie, Là-haut et Vice-Versa était là à me poser des questions. Toutes ces choses nous ont fait réaliser que le film marche. Nous sommes aussi allés au festival du film documentaire Stranger Than Fiction à Dublin, et c’était complet. Le film a été projeté dans les cinémas irlandais et on nous a dit qu’il allait être programmé pendant une semaine supplémentaire. Tout ceci c’est grâce à la compétition et le bouche-à-oreille.

Tout ce que vous avez tourné mais n’avez pas pu mettre dans le film a été utilisé pour donner naissance à un livre l’accompagnant, écrit par Tara Bennett. Est-ce que l’idée de faire ça vous est venu tôt dans le processus de création du film, quand vous vous êtes aperçu que tout ne pourrait pas tenir dans un documentaire de 90 minutes ?

En réalité, c’est Tara qui nous a approché, après avoir vu la bande-annonce de Showrunners. Nous étions toujours en train de tourner. Je savais qui elle était, car j’ai acheté certains livres sur lesquels elle a travaillé, comme l’Encyclopédie Lost.  En gros, c’est elle qui nous a proposé l’idée. Nous étions vraiment intéressés à ce moment là mais nous avons du garder l’idée de côté jusqu’à ce que le film soit terminé. Nous avons vraiment pu commencé à travailler sur le livre une fois que le film fut fini, afin que le livre reflète le film correctement. Tara nous a mis en contact avec la maison d’édition Titan, avec lesquels elle a déjà fait plusieurs livres. Les choses se sont faites assez vite, nous avons commencé le livre en janvier et l’avons terminé aux alentours de mai/juin.

 Comptez vous sortir le film en DVD et rendre les interviews que vous n’avez pas pu inclure dans le film disponible?

Nous voulons absolument rendre publiques les interviews que nous n’avons pas pu mettre dans le film, mais nous sommes toujours en train de chercher comment on va faire ça. Certaines personnes sont dans le film et non dans le livre, et certaines personne sont dans le livre mais pas dans le film. La principale raison à cela repose dans des histoires de contrats, ou dans le fait que l’on ne pouvait pas montrer les éléments relatifs à la série de telle ou telle personne. Mais je voudrais vraiment les sortir pour que les gens puissent les voir, car ces interviews sont toutes bonnes. C’est le plus gros problème que nous avons eu : tout le monde était vraiment bon et avait des choses intéressantes à dire.

 Vous sortez le film au cinéma en Irlande et aux Etats-Unis, ainsi que sur iTunes aux USA. Y-a-t-il là dedans une volonté de rendre Showrunners accessible au niveau international, et êtes-vous déterminé à ce que le film soit vu au cinéma, même s’il parle de télé?

Peu m’importe comment les gens voient le film, du moment qu’ils le voient. On a essayé de donner un look au film : on l’a filmé avec des RED, j’ai utilisé des objectifs de film. On a travaillé dur pour rendre le film attrayant visuellement, et je pense qu’il rend très bien sur grand écran. Malheureusement, beaucoup de gens n’aurons pas la possibilité de le voir au cinéma. Il faut que les gens puissent y avoir accès, quelque soit l’endroit où ils sont. La VOD nous aide à toucher un maximum de gens. La distribution via iTunes est réservée exclusivement aux États-Unis, mais sera accessible après sur d’autres plateformes. Ce sera ainsi disponible sur iTunes au Royaume-Uni et en Irlande en Novembre. Je croise les doigts pour que dans un futur proche, le public pourra l’acheter directement depuis notre site Web. Je ne peux pas être plus précis, nous travaillons actuellement dessus.

Qu’en est-il de la France ?

Hé bien, Submarine Deluxe qui distribue le film aux US possède aussi les droits mondiaux. Donc c’est à eux de voir s’ils veuillent le vendre dans d’autres pays? On nous a demander des droits de diffusion depuis la France, l’Argentine, le Brésil, du monde entier en fait.Vu que la télévision américaine est exportée dans le monde entier, le sujet intéresse les gens mondialement. Une sortie au cinéma est vraiment chère pour un si petit film. C’est un travail en cours en ce moment.

J’ai lu que vous étiez déjà en post-production pour votre prochain documentaire. Pourriez-vous me dire un peu plus à ce sujet et s’il sera réalisé un peu plus rapidement que celui-ci ?

Je ne peux malheureusement pas vous dire ce qu’est ce projet, pas maintenant. Nous ne sommes que dans les premières étapes de développement. Nous allons filmer les premières images dans deux semaines. J’espère pouvoir le tourner en à peu près un an, c’est le plan originel. Beaucoup de facteurs ont influé sur la sortie de ce documentaire, et vu que c’était ma première fois comme directeur, cela a été une grande période d’apprentissage. Mais nous allons filmer à Los Angeles pour ce nouveau projet, et il y aura autour de moi une équipe que je connais et en qui j’ai toute confiance.

Vous pouvez suivre la progression du projet sur Facebook et Twitter. Article réalisé avec la collaboration de Déborah Gay et Marine Pérot pour la traduction. Livre « Showrunners : The Art Of Running A TV Show » par Tara Bennett disponible chez Titan Books (en anglais). Première partie ici.

 

 

Did you try to establish a timeline for the documentary? We see Matthew Michael Carnahan during production of the first season of « House Of Lies », and some stuff that must have been shot later. Was it shot during a definite period of time, 2011-2012?

We shot everything over 18 months in 2011-2012, and some stuff in late 2010. We did several blocks of filming, since we didn’t have the money to continuously try to do stuff. We had to kind of track people’s schedules. We kept in touch with Matthew to figure out when certain things were happening, and we tried to get back to make sure we got those events on camera. We finished the main photography in June 2012.

Over the past year, you’ve been trying to get the documentary in theaters, from 2013 until now…

We’ve been editing and trying to get all the clearances. That process has taken well over a year to finish it. Due to circumstances very much beyond our control, like how long it takes for certain lawyers to get back to us and clear material, for example. We’re not a priority for them so you have to wage on their timeline. The weird thing is that long wait has worked in our favor, because we’re releasing it at a time where the interest in showrunners has never been higher. Over the whole course of making the film, people were invested more and more. They’ve been written about, seen more and more.

There is a lot of creative talk about network vs. cable. There are a couple executives from cable talking in the film, Michael Wright from TNT and David Nevins from Showtime. Yet there are no executives from the big 4 networks or The CW. Did you have trouble getting people from the networks to talk about their process and their collaboration with showrunners?

A huge amount of that comes down to schedule. It’s a combination of the fact that these people are incredibly busy, and the fact we’re able to film for a very limited period of time, each time. Kevin Reilly, who was running FOX at the time, had agreed to do an interview with us. I very much wanted someone from broadcast in the film. But the day we were scheduled to do the interview he suddenly had to fly to a meeting in New York. Things like that are just beyond our control, and we tried to reschedule but that was near the end of our filming. Same with Vince Gilligan, who agreed, but that happened very late in our production. These people are so busy, trying to get an hour with them can take you two months in advance to set up. Their lives are very full, to a certain extent, every minute of every day is accounted for. In the case of “Bones”, it took us 6 and a half months to get the approval to do the “day in the life” segment with Hart Hanson. The film is missing that voice a little bit for me, bit at least we have Michael and David to try to get us a sense of the networks’ side of things.

You’ve been showing the documentary around the world : in Edinburgh, in Zurich, at the New York Comic Con. What are your thoughts on the public response, especially with the Q&A you did with several people featured in the film?

It’s interesting to watch it with an audience. We did a sneak peek for the first time at the San Diego Comic Con, and we were nervous about that because we knew that audience was gonna be filled with the most diehard, hardcore TV fans. When we got such a great response from that audience, that was a little relief for us. We got a fantastic response in Edinburgh, with a Q&A with Ron Moore that went really, really well. I was nervous about Zurich, because I didn’t think we had a profile there. We screened it at noon on a Friday, and 220 people showed up, which I thought was absolutely amazing. They laughed when I wanted them to laugh, got emotional when I needed them too…. That was a great response. We did a screening in New York, and a private screening at Pixar headquarters.

How did that happen?

They were aware of the documentary, and explained to us : from time to time, we do screenings for employees, and they thought there was something interesting for their teams. They had to show something that their employees were gonna get value out of, to some extent. That was an amazing day for us. It was kind of mindblowing because Pete Docter who did “Monsters Inc.”, “Up” and “Inside Out”, was asking me questions. All of these things made us realize the film works. We also went at the Stranger Than Fiction documentary festival in Dublin, which was sold out. The film opened in cinemas in Ireland, and we were told they were gonna play it one more week. It’s just the competition and word-of-mouth.

The extra material you shot was used to make a companion book, written by Tara Bennett. Did that idea come sort of early in the process, when you realized you couldn’t fit it all in a 90-minute documentary?

Tara actually reached out to us, after seeing one trailer for “Showrunners”. We were still filming. I knew who she was, because I bought the books she was involved with, like the “Lost Encyclopedia”. She basically pitched this idea to us. We were definitely interested at that point, but we actually had to park that idea in order to get the film finished. We were not able to start working on the book properly until the film was done, so that the book would accurately reflect the film. Tara put us in touch with Titan [the publisher], which she had done a number of books with. Things happened pretty quickly, we started with the book in January and finished around May or June.

Are there plans for home video release and to make some of the extra footage available?

We definitely want to release interviews we couldn’t include, but we’re still figuring out the better way to do that. Some people in the film are not in the book ; some people in the book are not in the film. A lot of that has to do with contractual issues, or that we couldn’t include the material that goes around some of the people. But I absolutely would like to get them out there for the people to enjoy, because they’re all good. That’s the biggest problem we had : everyone was really good and said interesting things.

You’re releasing it in theatres in Ireland and in the US, but also on iTunes in the US. Are there plans to make Showrunners available internationally, and are you bent on the idea that it should get seen in theaters, even though it talks about TV?

I don’t mind people watching it, as long as they watch it. We tried to get a look for the film : we shot on RED cameras, I used film lenses. We worked hard to make it appealing, and I think it looks very well on the big screen. However, most people are not going to have an opportunity to see it that way. You want people to get access to watch it wherever they can. The VOD thing helps us get to the largest number of people. The iTunes window is exclusive for the first month in the US, but after that, it becomes accessible on other platforms. It will be available on iTunes in the UK and Ireland in November. Fingers crossed, in the very near future, people will be able to buy it from our website. I can’t give the specifics because it’s being worked out.

What about France?

Well, Submarine Deluxe which is distributing it in the US also has the global rights, so it’s up to them to shop it around in other territories. We’ve had requests to screen the movie from a lot of people from France, Argentina, Brazil, literally from all over the world. Since American television travels all over the world, the subject matter has people interested from all over the world. A theatrical release is an expensive thing to do for a small film. But it’s a work-in-progress at the moment.

I read you were already in preproduction for your next documentary. Could you tell me more about it and can we expect it to be done a little more quicker than this one?

I can’t unfortunately tell you what the project is about at this point in time. It’s still very early stages. We’re filming the first footage for that in 2 weeks. I do expect to be done and turned in in about a year, that’s the plan, anyway. A lot of different factors affected this documentary coming out, and me being a first-time director, it was a huge learning curve for me. Because we’re gonna be filming in L.A. for the new idea, there’s a team of people around me that I know and trust.

 

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