
Dossier Final Fantasy : Les Épisodes I et II
Dans le monde des jeux vidéo, il y a des séries mythiques comme ça qui transcendent le temps et les générations de joueurs. Final Fantasy, de Square (aujourd’hui SquareEnix), est l’une de ses séries. Véritable icône du RPG (ou J-RPG) et ambassadeur du savoir-faire nippon en matière de jeux, Square a marqué à tout jamais l’industrie gaming. A l’occasion de la sortie de Final Fantasy Type 0 HD et pour préparer l’arrivée de Noctis et son boys band (la démo Duscae vu par Florian ici), le Daily Mars vous présente son dossier spécial Final Fantasy. Amis lecteurs, préparez votre café et mettez en fond sonore la magnifique bande son de Nobuo Uematsu (retrouvez l’article du Herr Professor sur la musique de la série ici), le cours d’Histoire du Professeur est sur le point de commencer. Nous ouvrons le bal aujourd’hui avec les deux épisodes fondateurs de la série. Un voyage lointain dans un passé qui ne parlera peut-être pas aux plus jeunes d’entre vous. Pour cette raison, et aussi pour rafraîchir la mémoire aux vieux gamers séniles, nous verrons dans les grandes lignes l’histoire des jeux mais aussi l’évolution du gameplay. Attention aux spoilers donc ! Si vous comptez rejouer (ou jouer) à ces deux classiques, arrêtez-vous ici et revenez plus tard.
En Septembre 1983, Masafumi Miyamoto fonde Square, filiale de Denyusha Electric Company dans la ville de Yokohama. A ce moment précis, la petite boîte est loin de s’imaginer que ses RPG marqueront l’univers des jeux vidéo à tout jamais. Square se focalise sur les jeux d’ordinateurs avec une nouvelle philosophie intéressante : pour Miyamoto, une équipe de spécialistes (graphic designer, programmeur et scénariste) serait plus efficace qu’un programmeur seul comme c’était le cas pour beaucoup de jeux dans les années 80. Dans cette logique, il embauche plusieurs étudiants prometteurs comme Hiro Sakaguchi et Hiromichi Tanaka devenus plus tard deux grands pontes de Square Enix.
Les deux premiers jeux, The Death Trap et Will: The Death Trap II, rencontrent un bon succès. Au début, la petite bande n’était pas favorable aux consoles, mais décide finalement de développer pour la Famincon de Nintendo à partir de 1985. Une histoire d’amour compliquée entre les deux géants qui durera jusqu’en 1996. C’est en effet à cette date que Square divorce de Nintendo pour se jeter dans les bras de Sony et sa nouvelle Playstation.
Tout n’a pas été rose dans la longue vie de Square (32 ans maintenant !). En septembre 1986, Square devient une société à 100% indépendante mais ne réussit pas à percer sur le marché. Plusieurs jeux ne rencontrent pas le succès espéré, comme 3D World Runner ou Space Harrier. Après voir dû déménager l’entreprise faute de moyens, Hiro Sakaguchi, le leader de l’équipe décide de revoir la stratégie de Square. Et c’est en regardant du côté de son éternel rival et aujourd’hui frère, Enix, qu’il va trouver son inspiration, notamment du jeu à succès Dragon Warrior. Hironobu Sakaguchi de son propre aveu confie : « Je ne pense pas avoir ce qu’il faut pour faire un bon jeu d’action. Je suis bien meilleur pour raconter une histoire ». Le jeu de la dernière chance, un dernier baroud d’honneur avant de disparaître du monde des jeux vidéo ou briller à tout jamais, voilà ce qui se cache derrière le nom FINAL FANTASY. Et c’est en reprenant les bases du RPG mais les amenant à un tout autre niveau que Square va enfin connaître le succès qu’il espérait.
Final Fantasy : Temporal Paradox
Le premier opus sort au Japon en décembre 1987 et trois ans plus tard en Occident. Si Final Fantasy est entré dans l’Histoire, c’est tout simplement parce que la série a réinventé la formule du RPG. Elle a changé à tout jamais les RPG sur consoles et définitivement populariser le genre chez nous autres occidentaux.
Le joueur est catapulté dès le début du jeu dans le monde magique de Final Fantasy sans aucune autre indication sur ce qu’il doit faire. Vous contrôlez quatre personnages, qui se révèlent être les quatre guerriers de Lumière, porteurs de cristaux. Aucune explication sur leur background ni d’où ils viennent, plutôt curieux. Après avoir exploré la première ville dans le Royaume de Cornelia et parler aux nombreux PNJ, nous apprenons par la bouche du Roi que la princesse Sara a été kidnappée (un thème visiblement très apprécié par Nintendo) par le chevalier et traître Garland. Le joueur part donc à la rescousse de la princesse et après avoir localisé le vil félon dans un lugubre temple du chaos, engage le combat contre ce qui sera le premier boss du jeu. Une fois tué Garland et ramené la princesse auprès du Roi, ce dernier nous récompense en faisant construire un pont en notre honneur qui relie son royaume au reste du continent. Nous traversons le pont, l’écran principal s’affiche avec ce petit texte « And so, their journey begins… ». Imaginez un instant la surprise des joueurs qui pensaient que le jeu était fini alors qu’en réalité ils venaient juste de terminer l’introduction. Cependant, le joueur reste encore une fois dans le flou, ne sachant pas vraiment quoi faire ni pourquoi. La seule bribe d’histoire est une vieille prophétie concernant nos quatre héros. Et rebelote pour l’exploration et taper la discute avec les PNJ pour essayer tant bien que mal d’aller dans la bonne direction.
Après moult péripéties, nos héros trouvent le cercle des sages et nous expliquent le pourquoi du comment. Dans le monde de Final Fantasy, les quatre éléments (Feu, Vent, Eau et Terre) sont contrôlés et régulés par quatre cristaux. Nous apprenons aussi que durant les siècles qui précèdent notre arrivée, les cristaux dévorés et noircis par les ténèbres voient les quatre éléments perdre peu à peu leur harmonie. Par conséquence, les civilisations du monde dont chacune se basait sur un des éléments, se retrouvent aujourd’hui proches de l’extinction. Mais l’espoir est toujours là, puisqu’une vieille prophétie annonce l’arrivée des quatre chevaliers de Lumière (Warriors of Light), chacun d’eux portant l’un des dits cristaux. Pour terminer, les sages nous apprennent que ce sont quatre démons (Liche, Malyris, Kraken et Tiamat) qui ont dévoré la lumière des cristaux et plongé le monde dans le chaos.
La quête principale devient enfin claire : vaincre les démons et rétablir l’harmonie. Une fois les démons tués, les cristaux brillent de nouveau et la paix semble être de retour. Mais, contre toute attente et ce fut une grosse surprise, la quête n’est toujours pas terminée. Garland le félon, que le joueur pensait avoir tué au début du jeu, est non seulement encore en vie mais aussi le principal cerveau du plan démoniaque. Les héros apprennent que les quatre démons ont ressuscité Garland et l’ont envoyé plus de deux mille ans dans le passé. Mais ce n’est pas tout, puisque c’est ce même Garland, maintenant devenu un puissant démon nommé Chaos, qui a envoyé les quatre démons dans le futur pour dévorer la lumière des cristaux, entraînant une perpétuelle vengeance contre nos héros. Un foutu paradoxe temporel digne de Doctor Who n’est-ce pas ?! Le combat final contre Chaos est épique, long et difficile. Mais une fois battu, et cette fois de façon définitive, le paradoxe temporel prend fin et l’harmonie est de retour. De retour dans le futur, les quatre héros et le reste du monde n’a aucun souvenir de la machination de Garland, une belle fin à mon avis.
L’histoire du jeu, qui peut paraître au premier abord simpliste et bourrée de clichés, se révèle être au final une bonne surprise. Et ce n’était pas gagné, car une fois le jeu commencé, nous n’avions pas vraiment d’éléments clés sur le synopsis du jeu. Pour en apprendre plus sur l’histoire, il faut donc parler aux nombreux PNJ dispersés un peu partout de par le monde. Ces PNJ se révèlent toutefois être très frustrant, car ils vous donnent en effet des informations précieuses pour mieux comprendre ce qu’il se passe, mais ces dernières restent partielles, faisant par exemple allusion à certains lieux pour continuer la quête, sans toutefois indiquer où est ce lieu ni comment y arriver, frustrant donc. Cela pousse le joueur à explorer de fond en comble la vaste map, livrer de nombreux combats et leveler tant bien que mal ses héros. Le système de combat est d’ailleurs résolument très old school, basé sur un menu sobre mais efficace. Mais pour les standards de l’époque et de la machine, les graphismes étaient très avancés ; comme les petites animations de nos personnages durant les combats qui peuvent prêter à sourire aujourd’hui, mais en 1987 c’était quelque chose d’assez exceptionnel. Autre différence avec nos Final Fantasy plus modernes, la magie dans le premier opus n’a pas de système de Mana mais un nombre de charges spécifiques pour chaque sort. Toutefois le nombre de charges étant trop faibles, le joueur a tendance à garder sa magie pour des combats difficiles ou contre les Boss. Par conséquent, nos petits sorciers sont un peu à la ramasse et ne servent pas à grand-chose pendant une grande partie de l’aventure, dommage. Même si le système de combat peut paraître simpliste, comme tout bon jeu old school il est tout sauf facile. Final Fantasy est un jeu clairement difficile, qui demande de la patience et une bonne dose de stratégie. Malgré son côté frustrant, c’est une vraie perle du RPG. Square a su révolutionner le genre et commencer de la plus belle manière une série qui marquera à tout jamais le jeu vidéo.
Final Fantasy II : Apocalypse Now
Presque un an jour pour jour après la sortie de Final Fantasy, Square sort la suite sobrement intitulée Final Fantasy II, toujours sur Famincon (en décembre 1988 donc). Beaucoup de joueurs à la sortie pensaient que la suite reprendrait les mêmes codes, univers et gameplay avec quelques améliorations par rapport au premier opus. Mais à la surprise générale, Square ne s’est pas contenté de faire une suite toute bête. Nouveau monde, nouvelle histoire, nouveaux mécanismes, bref encore un coup de poker de Square réussi, ou presque.
Exit cette fois les cristaux et le paradoxe temporel. Faites place à une histoire digne de la saga Star Wars! Palmécia, empereur avide de pouvoir, pactise avec les forces obscures et veut asservir le reste du monde à sa volonté. Devenu tyrannique, il n’hésite pas à détruire ceux qui s’opposent à lui et c’est exactement ce qu’il se passe pour le Royaume de Fynn d’où sont originaires nos quatre héros (et oui, encore ce fameux chiffre quatre). Firion, Maria, Guy et Léon assistent à la destruction de leur village natal et la mort de leurs parents, tués par les légions de l’Empereur. Après qu’ils aient réussi à se sauver grâce à l’aide d’une faction rebelle, Léon est séparé du reste du groupe. Les trois autres héros, cultivant à présent une haine féroce contre l’Empire, décident de rejoindre la rébellion de la princesse Hilda. C’est en effet à partir de la ville d’Altea que se rassemblent les dernières forces libres capables de s’opposer à l’Empire. Les jugeant trop jeunes pour rejoindre la rébellion, Hilda refuse dans un premier temps. Inquiet pour Léon leur ami disparu, les héros décident donc de partir à sa recherche à travers le Royaume de Fynn. C’est à ce moment que la princesse nous apprend le mot de passe rebelle qui va nous servir durant tout le jeu : « Wild Rose ».
Grâce à ce mot de passe, plusieurs PNJ nous donneront des informations précieuses ou pourront même nous rejoindre pour un court moment. Pendant leurs recherches infructueuses, ils tombent sur le fiancé mourant de Hilda : le prince Scott qui les avertit d’une trahison. Ayant rapporté les dernières paroles et l’anneau du prince à Hilda, la princesse accepte enfin que notre petit groupe rejoigne la rébellion. Il s’en suit alors de nombreuses missions, allant du sabotage à la libération d’une ville en passant par le sauvetage de la princesse capturée plusieurs fois par l’Empire. C’est d’ailleurs durant l’un des sauvetages que Maria pense avoir reconnu Léon parmi les ennemis impériaux.
Le Roi de Fynn, mourant, confie une dernière mission à nos héros : apporter de l’aide aux chevaliers dragons contre l’Empereur. Les chevaliers dragons sont un peuple de guerriers (que nous retrouvons plus tard dans la série) dont la lance est l’arme emblématique. Redoutables et se battant à dos de dragons, ils représentent pour l’Empereur une sérieuse menace. Mais une fois les héros arrivés à Deist, le joueur découvre que les chevaliers dragons et leurs montures ont été exterminés à part une mère, son fils et un œuf de dragon. De retour dans la base rebelle d’Altea, un combat féroce s’engage contre les impériaux pour sauver une fois de plus Hilda. La bataille faisant rage, les rebelles réussissent tant bien que mal, et au prix de terribles sacrifices, à repousser l’Empire hors du Royaume de Fynn. Mais l’Empereur est toujours là, et la guerre semble encore loin d’être gagnée. Envoyés à l’Ouest à la recherche de puissants artefacts capables de les aider contre l’Empire, les trois personnages font la rencontre d’un chevalier dragon. Gareth, le dernier représentant de son peuple, décide de se joindre à eux dans leur quête de vengeance. Mais à leur retour, le royaume de Fynn est à feu et à sang, dévasté par un cyclone invoqué par l’Empereur. Avec l’aide du dernier dragon (l’œuf de Deist qui a éclot), ils s’infiltrent de façon spectaculaire dans le château de Palmécia, la capitale de l’Empire où ils font face à l’Empereur et le tue. La paix semble enfin de retour, mais la joie est de courte durée. Le joueur apprend qu’un chevalier noir s’est emparé du trône et menace de détruire les rebelles avec l’armée impériale. A la surprise des héros, cet homme n’est autre que leur ami disparu Léon. La bande s’infiltre une fois de plus dans le château de Palmécia et confronte Léon dans la salle du trône. C’est à ce moment précis que l’ancien Empereur refait son entrée sous une forme démoniaque avec l’intention de détruire le monde.
Les quatre héros réussissent à s’enfuir du château, qui devient un palais des enfers : le château Pandemonium. Léon accepte alors d’aider ses anciens compagnons à se débarrasser une bonne fois pour toute de l’Empereur. A travers un passage dans les enfers, ils retrouvent l’Empereur. Et après un long combat, nos quatre héros sont finalement victorieux et la paix est enfin de retour. Mais à quel prix ? C’est là toute la question que nous pose Final Fantasy II.
Vous l’aurez compris, Final Fantasy II possède une histoire extrêmement riche, profonde et épique. Durant votre aventure, de nombreux personnages hauts en couleurs viendront se joindre à vous : comme Gorgon le Prince de Kas’iaon, Josef un simple citoyen, Leila une pirate et Minwu le magicien blanc (non pas Gandalf). Mais tous ne survivront pas, et c’est là quelque chose de nouveau pour l’époque dans un jeu vidéo ! Loin des clichés habituels, Sakaguchi met en lumière les horreurs de la guerre. Le Japon moderne a une relation particulière vis-à-vis de la guerre et nous pouvons retrouver quelques éléments de cette mentalité dans le jeu. Final Fantasy II met aussi en valeur le véritable héroïsme, des gens normaux comme vous et moi, qui motivés par la liberté, la vengeance, l’amitié, l’amour et le devoir, vont faire face à tout un Empire. La métaphore de la rose qu’on retrouve tout au long du jeu représente évidemment l’amour, mais aussi la jeunesse (nos quatre jeunes héros) et la fragilité de la vie humaine. Final Fantasy II c’est donc des thèmes très sérieux au service d’une histoire tellement prenante que le joueur a vraiment l’impression de faire partie de quelque chose, qu’il a un rôle déterminant à jouer dans cette guerre. D’un point de vu scénaristique, le jeu est une vraie réussite, renforcée par la magnifique musique de Nobuo Uematsu donc voici un extrait.
Pour le gameplay, ça souffle le chaud et le froid. Square, dans sa volonté de révolutionner le genre a revu beaucoup d’éléments par rapport au premier Final Fantasy. Tout d’abord l’évolution des personnages, qui n’est plus basée sur des points d’expériences mais sur des attributs (Force, vitalité, magie etc.). Pour améliorer vos compétences, il va falloir s’exercer. Je m’explique : si vous voulez que votre personnage ait plus de force, il faudra utiliser des attaques physiques. Si vous voulez qu’il ait plus de vitalité, votre personnage devra prendre des coups. Même chose pour les armes et les magies ; plus vous en utiliserez une, plus elle sera efficace. Mais attention, et c’est là que ça devient intéressant, si vous n’améliorez pas une de vos compétences, elle finira par stagner, voire même se dégrader. C’était assurément une brillante idée, mais légèrement buggée.
Et nous touchons là au point faible du jeu. Final Fantasy II, avec une seule petite année de développement, n’a pas été peaufiné comme il se doit. De nombreux petits bugs, parfois frustrants, empêchent Final Fantasy II d’atteindre les sommets qu’il mérite. Autres nouveautés que nous retrouverons plus tard dans la série : les fameux chocobos, créature emblématique de Square, mais aussi le personnage de Cid qui sera présent dans chaque épisode. En conclusion, Final Fantasy II est assurément le jeu de la série le plus ambitieux (pour son époque) et aussi le plus sous-estimé par les fans.
C’est tout pour cette fois, en espérant que ça vous a plu ! N’hésitez pas à poster des commentaires ou remarques, si vous avez des questions je me ferais une joie d’y répondre. Rendez-vous la semaine prochaine pour la suite avec Final Fantasy III et IV !
Super intéressant, merci !
La sensation d’être perdu dans FF1 est vraiment présente. N’ayant commencé les FF qu’avec le 4 sur SNES, j’ai découvert plus tard le 1 lors de sa remasterisation.
Je pense qu’aujourd’hui, il est presque infaisable pour des joueurs habitués à être guidé.
Il faut clairement s’accrocher.
Hâte de lire l’article sur FF4, 5 et 6 !
Encore une fois merci au Professeur pour un article super bien ecrit sur ma serie de jeux videos preferée. J’ai très hâte de lire la suite et je conseille vivement aux plus jeunes de se lancer dans les jeux FF de la periode SquareSoft avant de jouer les episodes post-X, peut-être qu’ils comprendrons alors pourquoi beaucoup d’entre nous ont été déçus par les décisions qu’à pris Square-Enix par la suite.
Bah, on peut jouer à Bravely Default maintenant ! ^^