
#Dossier : Souviens-toi, 7 été-là (1967 – 2017) Chapitre 1 : Summer of Love
Tout comme l’an passé, l’équipe du Daily Mars replonge dans ses archives pour évoquer en votre compagnie un demi-siècle de tubes de l’été… Alors certes, nous ferons quelques impasses, point de danse brésilienne sponsorisée par une marque de tonic au programme ni de chorégraphie reprise en chœur par des hordes de cadres supérieurs en short ! C’est la section musique ici, et c’est donc de musique que nous allons parler histoire de pimenter vos playlists estivales en commençant par l’été 1967, car something is happenin’ here…
Oui, quelque chose est en train de se passer comme le chantent Buffalo Springfield au début de l’année 1967. Le groupe composé alors de Stephen Stills et Neil Young entre autres, préfigurant les futurs Crosby, Stills, Nash and Young, saisissent d’instinct l’esprit de ce que l’on appellera le summer of love, l’été de l’amour avec leur titre, For What It’s Worth (« Pour ce que ça vaut »). La jeunesse est dans la rue, consciente et engagée dans une protestation contre ce qui symbolise l’ancien monde, la guerre (du Vietnam notamment), les discriminations (raciales, sociales, sexuelles), le tout dans un esprit festif où l’amour et l’humour remplacent la violence puisqu’elle « chante des chansons et porte des pancartes où l’on peut lire Hourra pour nous ! ».
Mais ce qui donnera véritablement le coup d’envoi du summer of love viendra d’Angleterre, lorsque les Beatles offriront au monde encore inconscient de ce qui allait lui arriver l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Inutile de revenir dessus, nous en avons déjà longuement parlé ici. Nous dirons juste que la parution de ce disque peut être comparée à l’arrivée de la couleur dans le regard de gens qui voyaient leur quotidien en noir et blanc.
L’été 1967 verra également paraître les premiers albums d’une poignée de groupes qui deviendront emblématiques de cette période, le Grateful Dead, The Doors, Canned Heat et les Small Faces avec leurs albums de même noms, un petit groupe expérimental nommé Pink Floyd avec The Piper at the Gates of Dawn au mois d’août et surtout un certain Jimi Hendrix accompagné de son groupe Experience qui publiera le 12 mai 1967 Are You Experienced?.
Avec des titres comme Foxy Lady, Purple Haze, Hey Joe, Fire ou encore The Wind Cries Mary, ce premier album ressemble déjà presque à un best of ! Le jeune prodige de Seattle exilé à Londres après avoir croisé la route de la petite amie de Keith Richards dans un club de New York va imposer sa conception d’une révolution musicale du jour au lendemain.
Du blues électrifié comme on en avait encore jamais entendu, une virtuosité qui dégoûtera Eric Clapton lui-même – celui-ci en jettera sa guitare de colère lors de leur première rencontre – tout en le motivant pour composer le futur chef-d’œuvre de son groupe Cream, (Disraeli Gears, en novembre de la même année) et un charisme couplé à une beauté parfaite, si le summer of love avait besoin d’un visage, ce serait celui de Jimi Hendrix.
Et ce visage passera au statut d’icone ce même été 1967 durant le festival de Monterey Pop lorsqu’il aura l’idée de mettre le feu à sa guitare pendant son interprétation du Wild Thing des Troggs… Ce festival verra par ailleurs d’autres artistes exploser à la face du monde, des Jefferson Airplane (auteurs en février de la même année du génial Surrealistic Pillow) à Janis Joplin alors accompagnée de son groupe Big Brother and the Holding Company, en passant par Simon & Garfunkel, The Mamas and the Papas, The Byrds et autres Quicksilver Messenger Service.
Quelle meilleure façon de saluer la fin de cet été d’anthologie que de faire un petit tour par la plage avec les Beach Boys ? En effet, en septembre 1967 paraît Smiley Smile, une version tronquée du projet initial de Brian Wilson (Smile) jugée trop ambitieuse par la maison de disque, imparfaite par son auteur en pleine dépression et par le groupe qui subit de fortes tensions internes. L’album en lui-même n’est pas un chef-d’œuvre mais juste pour Heroes and Villains et Good Vibrations, il vaut le coup d’oreille et donne une idée de ce qu’aurait pu être la réponse américaine à Sgt. Pepper…
Rendez-vous dans deux semaines entre punk et rock progressif au cœur de l’été 1977 !