
#Dossier : Souviens-toi, 7 été-là (1967 – 2017) Chapitre 2 : Punked
Tout comme l’an passé, l’équipe du Daily Mars replonge dans ses archives pour évoquer en votre compagnie un demi-siècle de tubes de l’été… Après l’été de l’amour 1967, voici venir celui de la colère et du rejet pour partie de l’héritage de la décennie précédente. Un rejet incarné d’une part par le mouvement punk qui explose en Angleterre, mais également par différents autres courants musicaux, reggae, disco, soft et hard rock qui vont chacun à leur manière enterrer les hippies sans fleurs ni couronnes.
Le signal de la révolte était parti des USA quelques années auparavant, de New York avec les Ramones et les New York Dolls et de Detroit avec les Stooges et le MC5, un retour aux sources vers un rock n’roll épuré de ses solos interminables qui ne portait pas encore le nom de punk. Toujours prompts à améliorer toute innovation musicale venue d’Amérique, les musiciens anglais se chargèrent de théoriser le mouvement et en ce début d’été 1977, les kids pogottent déjà sur les premiers albums des Damned (Damned Damned Damned), Buzzcocks (Spiral Scratch), The Jam (In the City) et surtout The Clash.
Composé à l’origine par Joe Strummer (chant, guitare), Mick Jones (guitare) et Paul Simonon (basse), The Clash incarnera le punk anglais bien mieux que les Sex Pistols, pourtant cités en référence dès que l’on aborde le sujet. Car au contraire de la bande de Johnny Rotten, The Clash est composé de musiciens ! Influencés autant par le rock n roll classique que par le reggae et le ska, ils ont également conscience du fait que le rock peut servir à influencer les mentalités, à faire passer des messages à la jeunesse, ce qu’ils ne se privent pas de faire en appelant à une White Riot (une émeute blanche) pendant que London’s Burning (Londres brûle) et qu’un oiseau de malheur encore inconnu commence à étendre ses ailes sur l’Europe, le chômage (Career Opportunities).
L’unique album des Sex Pistols, Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols, qui paraîtra en octobre de la même année est certes un monument, tout comme le génial L.A.M.F. de Johnny Thunders & The Heartbreakers publié presque en même temps, mais si l’on veut avoir une idée précise de ce qu’était le punk en 1977, c’est The Clash qu’il faut écouter en priorité.
Dans le même temps, l’Amérique fourbit ses armes et accouche d’une forme de rock moderne plus accessible au grand public, le soft rock. Calibrés pour passer à toute heure sur les stations de radio, des groupes comme Journey (Next), Cheap Trick (In Color), Fleetwood Mac (Rumours), ou encore Foreigner commencent à faire parler d’eux…
En réponse à cette forme aseptisée de rock qui lorgne vers la musique pop, le hard rock arrive également à maturité. Kiss (Love Gun), Judas Priest (Sin After Sin), AC/DC (Let There Be Rock) ou encore Aerosmith (Draw the Line) haussent le ton et entament une petite révolution des décibels qui aboutira quelques années plus tard à la création du heavy metal. Mais nous n’en sommes pas encore là. Quoique ?
Car le 21 août, alors que cet été 1977 s’apprête à laisser place à l’automne, une déflagration en provenance d’Angleterre va aider les feuilles mortes à tomber de leurs branches. Un certain Lemmy Kilmister, fraîchement viré de son groupe Hawkwind et positivement furieux va lâcher sur le monde une bombe en comparaison de laquelle les essais nucléaires français ayant lieu au même moment à Moruroa ne seront que des pets de lapin. L’album porte le nom du groupe, et deviendra synonyme de volume poussé au maximum et d’excès en tous genres, Motörhead.
Mais 1977, c’est également l’année où David Bowie, jeune papa des albums Low et Heroes va s’intéresser à la carrière d’un jeune Anglais fraîchement revenu des USA où il avait semé le désordre comme personne avec son groupe The Stooges. Endossant le rôle de producteur et de compositeur, Bowie offrira à Iggy Pop ses deux premiers albums coup sur coup (autant dire les seuls qui comptent), The Idiot au mois de mars et Lust for Life en août. Qui a dit pic de créativité ?
Alors, bon, d’accord, la période estivale 1977 aura aussi été marquée par des trucs du style ABBA, Village People, Boney M., Donna Summer (bah oui du coup) et autres Bee Gees, mais avons-nous vraiment besoin de revenir sur la parenthèse à paillettes de mauvais goût que fut le disco ? D’autant plus que par chez nous, la résistance s’organisait puisque Carlos nous offrait son Big bisous alors que Chantal Goya, ne reculant devant aucune limite, posait cette question sans équivoque, Voulez-vous danser grand-mère ? Du lourd.
Enfin, il faut noter que cet été 77 sera marqué par un drame qui changera la face du rock n’roll à tout jamais. En effet, le 16 août 1977, s’éteignait dans sa résidence de Graceland le roi du genre, Elvis Presley et avec lui une partie de l’âme de cette musique qui nous rassemble tous. Il avait 42 ans.