Dragon Ball FighterZ : un peu, Goku, à la folie

Dragon Ball FighterZ : un peu, Goku, à la folie

Note de l'auteur

Dragon Ball est probablement l’une des licences les plus populaires, parvenant à réconcilier toutes les générations, que ce soit les trentenaires du Club Dorothée préférant les pérégrinations de Goku face à l’armée du Ruban Rouge, ou les plus jeunes découvrant le manga sur le tard et attendant fébrilement le nouvel épisode de l’itération Super. Les jeux Dragon Ball se succèdent donc à un rythme soutenu, mais aucun n’a autant enflammé les foules que ce nouvel épisode, bichonné par les équipes d’Arc Systems Works (Blazblue, Guilty Gear).

Cell-Shading : forme ultime

Autant le dire tout de suite : si le jeu figure déjà dans l’étagère fournie des fans les plus hardcore de la série, c’est avant tout pour son grand feu d’artifice visuel. Doté d’un solide moteur graphique hérité des derniers impressionnants épisodes de Guilty Gear et proposant une 3D cell-shading au top niveau, Dragon Ball FighterZ est d’ores et déjà l’adaptation la plus fidèle de l’animé d’un point de vue purement artistique. Les personnages crèvent l’écran, les effets 2D sont légion et même les mouvements de caméra sont totalement calqués sur les scènes les plus emblématiques de la série. On sent tout l’amour que porte les équipes d’ArcSys à l’œuvre de Toriyama, que ce soit sur le respect quasi religieux des mouvements des personnages ou dans les références et petits détails bien sentis. Les plus curieux tenteront de combattre dans des conditions particulières et ainsi d’assister aux scènes les plus emblématiques de l’histoire : la mort de Krilin par Freezer dans l’arc des nameks ou encore le final spectaculaire de Gohan dans son combat contre Cell, tout est superbe, grisant, et l’effet madeleine de Proust fonctionne à plein régime.

Une fois dans l’arène, le boulot abattu est visible à chaque frame, et ce ne sont pas juste les caractéristiques physiques des personnages qui les distinguent, car leur comportement et leur caractère rendent les héros foutrement crédibles. Le petit jeté de pierres de Krilin, la déflagration de Trunks juste après son enchaînement à l’épée voire les simples combos portés en l’air rappelant les grandes heures des tournois Tenkaichi, tout est soigné, emballé et verni avec un soin assez maniaque du détail. Et l’on n’oubliera pas la petite larme lors de l’attaque spéciale de Tenshinhan qui permet de sacrifier sans pitié Chaozu dans une cruelle déflagration. Les bruitages renforcent l’immersion du joueur dans son dessin animé préféré, et pour les aficionados que nous sommes, il ne restera plus qu’à déverser quelques deniers afin de récupérer les musiques originales de la série lors d’un DLC spécial prévu pour mars, si jamais l’idée de sortir le porte-monnaie pour quelques morceaux ne vous fait pas peur. Un poil dommage, mais on devine que les droits ne sont pas gratuits.

Animal ou Végéta ?

Oubliez vos habitudes de jeux de combats en trois dimensions : Dragon Ball FighterZ revient sur une logique de baston 2D, que les récents Street Fighter ont remis sur le devant de la scène. Les personnages se déplacent uniquement sur deux plans, et sont limités par l’espace de l’écran. Histoire que le joueur moyen ait une chance de lancer sa super-attaque sans être regardant sur les manipulations requises, Arc Systems Works a tout misé sur l’accessibilité et propose une vraie courbe d’apprentissage afin de maîtriser son super guerrier comme un grand. Le joueur détermine son équipe de trois personnages parmi la vingtaine disponibles (et trois à débloquer), en prenant en compte l’importance de l’ordre de vos combattants pour assurer la défense derrière. Il pourra alors switcher facilement, soit en plein combo aérien, soit simplement grâce à une gâchette, voire en grillant une barre de Ki pour que votre perso lance une attaque supplémentaire avant de prendre la relève. On se retrouve avec une logique assez proche d’un Marvel VS Capcom 2, où la sélection de votre équipe sera peu à peu déterminante pour garantir votre victoire et ainsi jongler avec ses personnages pour les laisser se reposer ou continuer un furieux combo à 40 coups.

Trois touches de votre manette gèrent les puissances d’attaques (faible, moyen, fort), la quatrième gère les tirs d’énergie. Les attaques spéciales se règlent à coups de quart-de-cercle, tandis qu’une barre de Ki se remplit au fur et à mesure (ou même manuellement, mais c’est fortement déconseillé pour ne pas prendre de rouste) et permettra de balancer la sauce quand l’occasion se fait sentir. Lorsque la confiance en votre skill grimpera en flèche, vous pourrez vous frotter aux techniques plus avancées coûtant un peu d’énergie, comme la téléportation dans le dos de l’adversaire suivi d’une délicate torgnole dans sa figure, simplement en appuyant sur deux touches simultanément. C’est peut-être le défaut du titre : en facilitant l’accès aux combos et aux coups spéciaux, il suffira au joueur rompu à l’exercice d’enchaîner deux combos aériens sur votre Vegeta durement entraîné, suivi d’une attaque spéciale combinée pour exploser littéralement sa barre de vie. C’est généralement ce qu’il se passe quand on tente de mettre un pied dans le mode en ligne Combat Mondial, qui ne fera aucun cadeau. Et ce, même en « Combat amical », le terme « amical » n’ayant apparemment pas le même sens au pays des super saiyens.

Pour un joueur un peu débutant, la déculottée risque d’être grande. Dragon Ball FighterZ est là pour ratisser plus large qu’à l’accoutumée où l’investissement sur ce genre de titre est plus important qu’une partie du dimanche. C’est dans cette différence entre le joueur lambda et le féru de combats que le jeu tire sa plus grande force et sa plus grande faiblesse : il sera parfait pour le nouveau venu qui parviendra sans mal à y prendre du plaisir, mais également à l’inconditionnel de versus fighting venu chercher un nouveau candidat à observer lors du prochain tournoi Evo. Mais la rencontre entre les deux risque d’en laisser un sur le carreau, au même titre qu’un Street Fighter IV en son temps, qui été parvenu à réconcilier les deux mondes en donnant la possibilité de pousser plus loin la maîtrise de chaque personnage. Krilin a par exemple lui aussi un Kaméhaméha, mais peut feinter un adversaire trop sûr de lui en bondissant partout avant de déclencher l’attaque à sa convenance. Son assist permet même de lancer une graine de Senzu pour donner un coup de pouce à son partenaire et le fameux Kienzan peut se tripler dans la foulée si la barre de Ki le lui permet. Yamcha peut appuyer son spécial grâce à une touche supplémentaire pour mettre une mandale de plus, et offre une vraie palette de coups aériens pour maintenir l’ennemi au-dessus du sol. Autant de subtilités susceptibles de provoquer l’ire de votre adversaire.

Il faudra rivaliser d’intelligence pour mettre le joueur d’en face à terre . Il ne faudra pas hésiter à bombarder de coups son opposant sans lui laisser une chance de prendre la relève avec un personnage, car chaque assist possède des particularités aussi bien offensives que défensives. Chaque coup répond à un autre, et pour peu que vous ne soyez pas embarqué dans un combo sans fin, il y a toujours moyen de contrer l’attaque de son adversaire. Les boules d’énergie peuvent être absorbées d’un contre bien placé, mais les protections deviennent inutiles contre un Enchaînement Dragon qui vous projettera dans les airs avant le combo aérien obligatoire tandis qu’une Super Charge foncera à travers les projectiles pour pousser l’ennemi dans ses retranchements. Un Enchaînement Dragon qui peut aussi être utilisé pour sortir temporairement un adversaire de l’arène et forcer le retour d’un personnage auparavant au repos, une manière comme une autre de mettre la pression. Tout le système de jeu devient un véritable dosage audacieux entre la facilité de réaliser n’importe quel coup, et la maîtrise de savoir les utiliser au bon moment. Autant dire qu’une bonne session d’entraînement est indispensable si vous voulez tenir le choc contre la violence des joueurs en ligne.

Un Freezer de toutes les Cooler

Pour les joueurs solo, Dragon Ball FighterZ est loin d’être en reste, même si tout n’est pas au même niveau de qualité. Le mode arcade permet de tester plusieurs routes différentes (3, 5 ou 7 combats) dans lesquelles votre performance influe sur la difficulté du combat suivant. En déverrouillant le mode difficile, on aura même l’opportunité de débloquer deux personnages cachés, les versions SSB de Sangoku et Vegeta. Les combats en local permettent de s’entraîner contre l’ordi ou un autre joueur, voire d’organiser des tournois lors de soirées entre potes, fonction propice aux règlements de comptes entre deux tournées de bières. En entraînement, le mode libre donne l’accès à moult informations pour s’entraîner durement, et le Défi Combo permet d’enchaîner et de maîtriser les timings particuliers pour réussir des combos de folie.

En revanche, le mode histoire inédit censé être scénarisé par Toriyama lui-même est un modèle d’ennui. Divisé en trois arcs narratifs (super-guerriers, méchants et C-21, personnage inédit du jeu), le mode s’étale sur une bonne vingtaine d’heures (sic), représenté par un plateau de jeu où votre pion se déplace de case en case pour déclencher un combat et ainsi libérer son camarade afin de le sélectionner dans son équipe (au prix de cinématiques molles du genou). On peut même monter les niveaux de son personnage avec une légère et anecdotique composante RPG. Mais les combats se limitent généralement à affronter des hordes de clones de personnages (les mêmes, mais avec des couleurs différentes) tandis que le scénario avance aussi lentement qu’un nuage magique en panne d’essence. Quand on voit le dynamisme des séquences en plein combat, on se demande vraiment quelle est l’utilité de tout ceci, mis à part le déblocage de C-21 dans les autres modes de jeu.

Qu’on se le dise, Dragon Ball FighterZ est un excellent jeu de combat, doté d’un système riche et ultra dynamique, qui pourra rebuter les habitués des récents opus 3D pour leur manque d’envergure, sans pour autant laisser de côté le sens de l’épique. D’une beauté insolente, c’est probablement le jeu Dragon Ball le plus fidèle au manga, poussé par l’amour inconditionnel des équipes d’Arc Systems Works pour l’œuvre de Toriyama. Il faut juste avoir à l’esprit que le titre peut se révéler punitif par un système peut-être trop permissif sur l’usage des combos et le spam des attaques qui peut transformer un duel en une vraie boucherie si l’un des joueurs est débutant. Hormis ceci, et un mode histoire aussi soporifique qu’une émission de cuisine lituanienne, Dragon Ball FighterZ est une vraie preuve que la baston 2D peut proposer quelque chose de complexe et accessible tout en restant fédérateur, comme a pu le faire Street Fighter IV en son temps. Et ça, c’est un vrai tour de force.

Dragon Ball FighterZ

Disponible sur PS4/XBOX ONE/PC
Développeur: Arc Systems Works
Éditeur : Namco Bandai
Prix : 60 euros environ

 

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