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Dream Theater – The Astonishing (Roadrunner Records) [Music Mini Review]

Dream Theater – The Astonishing (Roadrunner Records) [Music Mini Review]

Note de l'auteur

C’était peu de dire que ce nouvel album de la « dream team » du métal progressif américain s’annonçait mal. Leur précédent album (Dream Theater), sorti en 2013 était plutôt décevant. Le battage numérique autour de ce nouvel opus laissait craindre le pire. Le premier extrait, The Gift of Music, publié en décembre constituait un bien piètre cadeau de Noël… et le résultat est sans surprise : médiocre.

Dream Theater - The Astonishing (pochette)

© 2016, Dream Theater

Modestement intitulée The Astonishing1, le double album-concept du guitariste John Petrucci et de sa bande ambitionne donc de prendre place dans l’histoire du rock derrière Tommy des Who, The Lamb Lies Down on Broadway de Genesis ou The Wall de Pink Floyd… rien que ça. Or, même pour un amateur éclairé, la perspective de passer deux heures à écouter les Pères Castor du « prog’ » vous raconter une histoire sans grand intérêt à grands renforts d’orchestre symphonique n’est pas forcément une bonne nouvelle. À plus forte raison si c’est pour voir un groupe, qui a fêté ses 30 ans l’année dernière, se fracasser sur absolument tous les écueils du genre.

Commençons donc par l’aspect le moins important et – ça tombe plutôt bien – le moins intéressant du projet : l’histoire. Expédions-la, « façon Pyramide », en trois : empire, rébellion, élu… Vous aurez saisi l’idée. Ajoutez à cela une poignée de personnages aux noms de médicaments pour des pathologies improbables ou honteuses (Nafaryus, Arhys) quand ils ne sont pas sursignifiants (Evangeline, Faythe). Enfin, couronnez le tout, une métaphore des plus pataudes sur les vertus curatives et spirituelles de la musique et vous pourrez compulser un parfait petit précis des choses à ne pas faire si vous souhaitez maintenir l’intérêt de votre auditeur pendant deux heures.

Dream Theater - The Astonishing - Nomac (dessin)

© 2016, Dream Theater

Car, encore plus que d’un manque certain de bon goût et d’originalité, l’album souffre surtout d’une construction et d’un découpage extrêmement maladroit. L’histoire est divisée en trente-quatre morceaux, répartis sur deux disques. C’est, tout à la fois, beaucoup trop (long) et pas assez (varié). Nous voilà bien au cœur du problème. Pour une œuvre censée être une ode au cinquième art et exalter ce qu’il a de plus beau et de plus humain, il paraît insensé que cet album contienne aussi peu… de musique, justement. Aucune piste ne se sort du lot. Aucune mélodie ne reste en tête. Par contre, ça parle. Ça parle… beaucoup… trop. Et s’il est bien un domaine dans lequel les Nord-Américains n’excellent pas, ce sont les paroles. Ces dernières oscillent ici entre des platitudes et d’autres moments tout simplement grotesques (une déclaration d’amour à… un lecteur MP3).

Dream Theater - Groupe (2016)

© 2016, Dream Theater

Dream Theater avait remporté un pari assez fou au début des années 2000 : séduire un public plus large sans dénaturer l’essence du style musical (assez confidentiel) dans lequel ils évoluaient à l’époque, le métal progressif. Cet assemblage savant – à défaut parfois d’être intelligent – de soli, duos et tutti (quanti), sertis dans des morceaux aux structures complexes et aux changements de tempos incessants, se trouve ici réduit à sa plus simple expression. Le résultat ne satisfera personne. Les fans de la première heure ne retrouveront pas les qualités des albums précédents. Les nouveaux venus, quant à eux, seront bien en peine d’en trouver de nouvelles sur celui-ci.

Plutôt que cet album de métal prog’ en kit à monter soi-même (un interlude par-ci, un refrain par là), il est compréhensible (voire recommandé) de préférer, dans la discographie de Dream Theater, Metropolis Pt. 2: Scenes from a Memory (1999) ou, dans un registre moins « conceptuel », Black Clouds and Silver Linings (2007).

1 Stupéfiant, ahurissant…

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