#DrNo Sully

#DrNo Sully

Note de l'auteur

sully

 

 

 

Patriotisme et héroïsme… Ça fait maintenant un paquet d’années que Clint Eastwood s’interroge sur ces deux thématiques fondamentales… Si son fabuleux diptyque Mémoires de nos pères/Lettres d’Iwo Jima les remettait violemment en cause en analysant les mécanismes destructeurs de la propagande, les films suivants effectuaient un virage à 180 degrés. Comme pour glorifier des destins individuels devenus légendaires… De la vie de J. Edgar Hoover (enjolivée jusqu’à l’écœurement dans J. Edgar) au destin du sniper Chris Kyle (American Sniper, blindé lui aussi d’omissions sur ce militaire sulfureux), Eastwood a eu tendance a réécrire l’histoire (la petite et la grande). Avec Sully, le voilà qui nous balance la reconstitution d’un fait divers à la fois banal et rocambolesque… L’amerrissage d’urgence d’un Airbus au cœur de New York en plein hiver 2009. Et le procès kafkaïen des pilotes qui suivit…
À la fois proche et éloigné du nawesque Flight de Zemeckis (qui n’osait pas aller au bout de son sujet passionnant, un pilote drogué et héroïque), Sully fait dans l’académisme le plus pur, dans l’anti-film catastrophe (tout en jouant avec ses codes éculés). Tom Hanks et sa moustache se prennent à nouveau pour le clone de James Stewart (comme dans le bouleversant Le Pont des espions) et symbolisent à eux tout seuls la grandeur de l’âme américaine. Une grandeur idéalisée où héroïsme et simplicité s’allient pour défaire une bureaucratie désincarnée forcément médiocre et méprisable. Le discours est aussi naïf que malsain. En prenant fait et cause pour son héros, Eastwood ridiculise une administration qui désire juste comprendre ce qu’il s’est passé. Sully flirte en permanence avec une démagogie assez répugnante… Celle qui glorifie l’individu contre un collectif obligatoirement castrateur. Eastwood excelle dans son portrait, tout en pudeur, d’un héros malgré lui, qui se bat pour rester lui-même, face au monstre médiatique qui s’abat sur lui. Et il impressionne dans la reconstitution clinique de l’accident (avec l’ombre écrasante du 11 septembre qui imprègne chaque image, le héros s’imaginant en permanence s’écraser dans un gratte-ciel new-yorkais). Mais, malgré ses qualités humanistes (l’héroïsme d’Eastwood est à des années-lumière de celui, complètement taré et christique de Mel « Tu ne tueras point » Gibson), Sully se perd dans une reconstitution balourde et un académisme poussif. Tout ça manque cruellement de puissance. Un peu comme les réacteurs de l’Airbus détruits par des oiseaux… Touchant mais totalement anecdotique…

Sully
2016. USA. Réalisé par Clint Eastwod.
Avec Tom Hanks, Aaron Eckhart, Laura Linney…
En salles depuis le 30 novembre

 


Sully : bande-annonce VOST (Tom Hanks) par inthefame

 

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