
Les séries mésestimées : Due South (1994/1998)

Paul Gross, l’agent Benton Fraser, et Diefenbaker, un loup sourd qui lit sur les lèvres.
Pour faire une série de qualité, il suffit parfois d’un agent de la police montée canadienne, d’un flic et d’un loup qui enquêtent à Chicago. Vous pensez qu’on a mangé trop de queue de castor ? On vous explique pourquoi vous avez tort.
Welcome back in 1994. A l’antenne, il y a des séries comme NYPD Blue, Urgences, My So Called Life, Friends, Frasier, Homicide ou encore Law & Order: les networks connaissent une période faste, qualitativement et quantitativement. A ce petit jeu, les drama ont carrément bouté hors du petit écran toutes les buddy séries, ces shows qui mettent en scène des héros bossant ensemble et qui sont aussi amis. C’était bien avant Psych et l’essor d’USA network. Bien avant le câble pantoufle.
Attendez : on a dit « toutes les buddy series » ? Pas tout à fait. Une d’elles, diffusée sur CBS, résiste alors vaillamment et propose un étonnant mix comédie/aventures policières. Si étonnant qu’il parvient à séduire ceux qui faisaient la moue en découvrant la bande annonce et sont allés plus loin. Son nom : Due South, rebaptisé Un Tandem de choc en France.
L’histoire, c’est celle de Benton Fraser (Paul Gross, l’équivalent de Scott Bakula au Canada : un gars qui écrit, joue et chante) et de Ray Vecchio (David Marciano, vu depuis dans The Shield et Homeland).
Agent de la police montée canadienne sous le coup d’une mutation au consulat du Canada à Chicago (après s’être lancé à la poursuite des assassins de son père: c’est l’histoire du pilote ; que l’intéressé répète encore, encore et encore…), Fraser fait équipe avec Vecchio, inspecteur à la criminelle dans la Ville du vent. Et avec Diefenbaker, un loup sourd qui lit sur les lèvres. Oui.
Le pitch a beau être bateau comme c’est pas permis, la série est surprenante. Très bien écrite et n’hésitant pas à fureter avec élégance du côté du polar (Juliette pour toujours, Vacances à Chicago), de la comédie romantique (Invitation à la Romance) ou du récit à énigme (Voir c’est croire), Due South est effectivement une production protéiforme, très divertissante et vraiment attachante.
Le secret ? Son créateur Paul Haggis (scénariste canadien de Million Dollar Baby et réalisateur de Collision au cinéma) décrit une belle histoire d’amitié touchante, bourrée de gimmicks (le « Ohlala » de Fraser est à la série ce que le « Oh Bravo » de Sam Beckett est à Code Quantum) et pleine d’énergie.
Exploitant à mort les clichés sur les Américains vus par les Canadiens (des gens qui parlent vite, mal et sont franchement mal habillés) et ceux des Canadiens vus par les Américains (des personnes toujours très gentilles, très polies. Et très propres aussi), Due South est aussi et surtout une création vraiment drôle et souvent délirante (Dans le genre, L’homme qui n’en savait pas assez, La belle rousse, Les chevaux de la reine et Chambre forte sont particulièrement savoureux).
Le plus important : elle démontre avec brio que lorsque l’on soigne l’écriture d’un script et l’utilisation de ses personnages, on peut revisiter des histoires déjà vues plein de fois et offrir un vrai bon moment de télévision à ceux qui la regardent (Que quelqu’un envoie les DVD à Eric Kripke, Derek Haas et Michael Brandt pour Revolution et Chicago Fire : ils apprendront plein de choses).
Littéralement increvable, annulée deux fois avant de revenir, Due South est une découverte à faire ou à refaire sans attendre, car les quatre saisons ont très bien vieilli. Pas pour voir la série la plus réaliste ou la plus déstabilisante du monde, mais parce qu’elle est souvent émouvante et très bien interprétée. Et aussi parce qu’elle respecte celui qui la regarde, en lui proposant toutes sortes d’histoires qui l’emportent dans un délire joliment maîtrisé.
On précisera aussi que la BO est franchement géniale (The Guess Who, Blue Rodeo, Junkhouse, Sarah McLachlan entre autres), que la VF a son charme (Emmanuel Curtil, qui double Gross, cabotine pas mal mais il n’en fait pas des caisses) et qu’il y a une brouette de guest stars épatantes. Au premier rang desquelles Mooosieur Leslie Nielsen (Y a-t-il un pilote dans l’avion ?). Ah, et sinon David Shore, le créateur de House, y a fait ses premières armes en tant que scénariste.
Callum Keith Rennie et David Marciano : Ray Vecchio et… Ray Vecchio (oui : la série a changé d’acteur tout en gardant un personnage qui a le même nom. Enfin, plus ou moins)
DUE SOUTH
(UN TANDEM
DE CHOC)Série créée par Paul Haggis, showrunnée par Paul Haggis, Jeff King, Kathy Slevin et Paul Gross
(68 épisodes, diffusés entre 1994 et 1998 sur CBS puis CBC)
Avec Paul Gross (agent Benton Fraser), David Marciano (inspecteur Ray Vecchio, saisons 1 et 2), Callum Keith Rennie (inspecteur Ray Vecchio / Stanley Raymond Kowalski, saisons 3 et 4), Beau Starr (lieutenant Harding Welsh) Tony Craig (inspecteur Jack Huey), Camilla Scott (inspecteur du consulat canadien Meg Thatcher), Ramona Milano (Francesca Vecchio)
MISE A JOUR – 14 AOUT 2014 : UN RASSEMBLEMENT A TORONTO POUR LES 20 ANS DE LA SERIE
A quelques semaines de l’anniversaire du premier épisode de la saison 1 (diffusé le 22 septembre 1994) mais plusieurs mois après l’anniversaire du pilote (proposé par CBS en format téléfilm en avril de la même année), les fans d’Un Tandem de Choc se sont donné rendez-vous du 15 au 17 août à Toronto pour célébrer les vingt ans des aventures de Fraser à Chicago.
Organisée par RCW139, cette convention s’articule autour de dîners, d’une visite des lieux de tournage en bus, de diffusion d’épisodes de la série et d’un Jeopardy géant autour du show. Une Buick Riviera de 1971 (la voiture fétiche de la série) fait également partie des animations : elle est amenée par un certain Robert Fraser (ça ne s’invente pas).
Si vous voulez en savoir plus, on vous conseille Due West, le blog d’Anna Lundgren Munoz et de son amie Erica : toutes les deux ont quitté le pays de Zlatan Ibrahimovic et de Abba pour assister à ce rendez-vous. Elle ont fait un passage un détour par Chicago pour s’immerger un peu plus dans l’univers de la série de Paul Haggis. Ca aussi, ça ne s’invente pas.
J’avais complètement oublié cette série que je regardais avec plaisir sur TF1. Merci cher Nicolas pour cette petite bulle de nostalgie !
Oh merci, merci d’avoir osé parlé de cette série! véritable madeleine de Proust pour moi! Dorénavant je n’hésiterais plus à la citer! Merci pour ce délicieux retour dans le passé!
OH MON DIEU!!!!!
Je suis en train de me faire un marathon Due South en VO (merci Youtube) et je pensais être la seule à aimer cette série en France.
Tu as raison c’est vraiment du pur buddy movie. Les histoires sont barrées, les dialogues sont absolument savoureux (mais assez difficiles si on est pas totalement bilingues car pleins de jeux de mots), les personnages ultras attachants et les acteurs Paul Gross et Callum Keith Rennie sont réellement à tomber parterre tellement ils sont beaux.
Bref une série à découvrir ou à redécouvrir.