Edito : Au revoir Jimmy

Edito : Au revoir Jimmy

La nouvelle est tombée à la fin de la semaine dernière. (Canal) Jimmy va fermer ses portes après 24 ans d’existence et avec elle, c’est une page de l’histoire de la télévision et des seriephiles français qui se tourne.

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Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. En 1990, quand Jimmy débarque sur le câble sous l’égide de Michel Thoulouze, un des créateurs de Canal + et producteur des Nuls, elle va marquer sa différence de ton et d’esprit. Jimmy, c’est la chaîne des rebelles, des passionnés : on y parle de cinéma, de rock, de voiture, d’années 50 et 60 et très vite… de séries.

En 1992, soit 2 ans après sa création, Jimmy diffuse sa toute première série inédite Dream On et très vite d’autres suivront en VF ou en VOST, c’est sur Jimmy que vous avez pu découvrir en tout premier Friends en France (ou comme c’est mon cas, grâce à une VHS sur laquelle un pote avait enregistré les épisodes). C’est aussi sur cette chaîne qu’on a pu voir une émission sur les séries bi-mensuelle appelée Destination Séries et présentée par Alain Carrazé et Jean Pierre Dionnet. Si les séries sont là où elles en sont en France aujourd’hui, c’est en partie grâce à cette chaîne et ces passionnés, qui ont permis de faire connaître de nombreuses séries, bien avant les 3 derniers « âges d’or ».

Jimmy, c’était alors un refuge, une chaîne où on trouve tout et n’importe quoi, car elle rassemblait tous les sujets que les chaînes de télévision généraliste ne voulaient/pouvaient pas traiter car elles devaient captées une large audience. Un 14 juillet sur Jimmy, vous pouviez voir simplement un panneau avec la mention « Plutôt que de regarder la télé, allez danser. » Vous avez pu y découvrir aussi de joyeux zozos s’appelant Edouard Baer et Ariel Wizman qui racontaient tout et n’importe quoi dans Nonante. C’était ça aussi cette chaîne.

Depuis le début des années 2000 et le rachat par le groupe Canal +, Jimmy se cherchait. Si la chaîne a essayé de rester fidèle à ses racines sérielles, elle a aussi fait des pas de côté pour trouver sa place, dans un paysage audiovisuel de plus en plus éclaté. Les passionnés ont trouvé leur espace sur internet et Jimmy est devenue une chaîne brute et sans concession avant de revenir à ses racines 100% sérielles en janvier 2014. Quand des chaînes comme Canal + ou OCS dépendent de leurs abonnements, le financement de Jimmy dépendait de sa part d’audiences sur le satellite.

La fermeture de Jimmy s’inscrit dans un mouvement. Maison+ et Cuisine+ vont fermer leurs portes prochainement, TF6 a déjà fermé son antenne, tout comme Stylia. Toutes ces fermetures sont les conséquences d’une réflexion plus grande, quelle est la place de la télévision payante en France ? Dans les années 90, elles dépendaient des programmes inédits qu’elles proposaient, mais à une époque où l’inédit est à la portée de quelques clics (légaux ou illégaux), cette place est à redéfinir.

Aux Etats Unis, le câble est l’eldorado des projets originaux, en France, l’économie des chaînes du câble est un défi quotidien, dans laquelle les projets originaux ont peu de places. La fin de Jimmy, c’est un coup dur pour les sériephiles nostalgiques, mais c’est surtout le signe de plus, que la télévision est en train de changer. Il est plus que jamais temps de se demander, quelle place on peut donner à une télévision pour laquelle les gens ont envie de payer, avant que tout le temps ne la déserte totalement.

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