
Edito : De l’importance de la représentation des minorités dans les séries télé
Qu’est-ce qu’une minorité ? On pourrait la définir comme une catégorie de personnes partageant un trait commun qui n’est pas représenté par une majeure partie de la population. Elle peut se retrouver au sein d’une communauté ou un personnage seul. Une minorité peut aussi ne pas voir la main sur ce qui est dit d’elle. Elle peut-être stigmatisée, moquée.
Or la télévision, le cinéma, et même les livres sont très importants dans l’image que l’on se fait d’une minorité. Cette technologie à laquelle tout le monde a accès permet une représentation de cette minorité et ancre certains stéréotypes dans les esprits, ils touchent ceux qui appartiennent à cette minorité et ceux qui ne la connaissent pas. Exemple : Gérard des Filles d’à côté. Certains gays sont peut-être efféminés, mais en mettant en scène un seul personnage avec ce seul attribut (à une époque où ils étaient peu nombreux à l’écran), on veut représenter tous les homosexuels. On sous-entend alors que tous les gays ne sont pas viriles.
Or, les séries ont une part de responsabilité dans les modèles qu’ils donnent à voir de ces minorités, de ces stéréotypes. Ils donnent des modèles aux jeunes. C’est aussi ce qui est appelé par Judith Butler, la performativité de l’injure. En gros, à force de montrer que des personnages riches et blancs et des homosexuels efféminés, on ancre cette réalité même dans la tête des jeunes de la communauté. Tout le monde finit par le croire. « Si seuls les blancs sont riches, alors il n’existe ni noir ni arabe qui réussissent ? » « Si je suis gay, donc je suis forcement faible et pleurnichard ? Je dois être plus féminin ? ». Ou le fait que les asiatiques sont meilleurs en sciences. Ce sont les seuls modèles proposés dans certains discours, à travers les séries ou les livres. En donnant une plus grande diversité dans les représentations, on peut alors influer sur les discours et même l’avenir des jeunes.
Ainsi, Lupita Nyong’o est devenue actrice après avoir connu Oprah Winfrey et Whoopi Goldberg dans La couleur pourpre. Whoopi Goldberg elle-même s’est lancée après avoir vu le lieutenant Uhura dans Star Trek. Les acteurs gays ont témoigné des manifestations de soutien qu’ils ont reçu après leur coming out, du modèle qu’ils ont été pour certains jeunes (voir par exemple cet article sur la place de Plus belle la vie et sa dimension politique).
Les séries ont un rôle a joué dans les représentations des minorités. Et dans le dossier de cette semaine, nous vous proposons un petit panorama de ce qui a déjà été fait. Nous serons critiques, nous voulons être positifs. Parce qu’il y a déjà de belles choses à défendre, à rappeler.
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