
Edito : Person of Interest, tout simplement
J’avais prévu de vous parler d’autre chose, mais suite au visionnage de l’épisode final de la saison 3 de Person of Interest, il était impossible que le Daily Mars passe l’année sans au moins consacrer quelques lignes à cette prodigieuse série. Car oui, ce qui paraissait, il y a 3 ans, comme une resucée hi-tech de The Equalizer a non seulement dépassé de loin son modèle, mais est en plus devenue l’une des séries les mieux écrites et les plus prenantes du moment.
Un début laborieux
Et pourtant, il faut bien avouer que l’installation de l’univers fut un brin lente et pas super glorieuse. On était dans le schéma typique du sauvetage de la semaine avec un vague mystère amoureux entourant le monolithique Mr. Reese (Jim Caviezel). Rien de bien folichon à l’horizon d’autant que Jonathan Nolan, créateur de la série, donnait l’impression de nous avoir refourguer l’idée du système de surveillance ultra sophistiqué déjà vue dans The Dark Knight. Seul intérêt de la série, l’énigmatique Harold Finch, l’homme qui inventa « the machine », dont le jeu seul de Michael Emerson réussit à me faire tenir plus de trois épisodes.
Lui et puis ce petit quelque chose qui fait que, même si c’est pas terrible pour le moment, vous y croyez quand même (quitte à se ramasser). Ce petit quelque chose c’est tout d’abord l’analogie à Batman qui du moment où Reese se fait appeler « the Man in the Suit » (l’homme au costume) est de plus en plus marquée et véritablement fun. Et puis les personnages secondaires et parmi eux : l’inspecteur Lionel Fusco (Kevin Chapman), d’abord flic pourri jusqu’à la moelle qui deviendra au fur et à mesure des épisodes l’un des personnages les plus touchants de la série ; Carl Elias (Enrico Colantoni), mafieux de génie, prof d’histoire et amateur d’échec, véritable premier « super vilain » du show (enfin pas tout à fait, c’est nettement plus malin que ça) ; et puis finalement et forcément Root.
Root et les racines du changement
S’il faut attendre le deuxième tiers de la saison une pour que Jonathan Nolan et Greg Plageman s’amusent avec leur univers ultra balisé, du moment où ils introduisent le personnage de Root (Amy Acker), tout explose. On conclut rapidement la petits histoire amourette mystérieuse de notre super agent costumé et on rentre directement dans le vif du sujet, à savoir « the machine ».
Si l’on peut arguer qu’Elias fut un méchant à la hauteur de Mr. Reese, Root est clairement présentée, pour un temps au moins, comme le nemesis d’Harold Finch. Fanatique absolue de sa création, la jeune femme n’a de désire que de libérer la machine de l’emprise de l’homme. Le ton « comics » que les showrunners n’abordaient que du bout des lèvres au début de la première saison, devient ici une évidence et de fait, la structure même de la série s’en trouve chamboulée, pour passer par épisode à une narration quasi continue.
En ayant fait exploser les balises de leurs séries, Nolan et Plageman ont permis à leur univers et leurs personnages de véritablement exister. Ils sont depuis devenus presque totalement imprévisibles et à ce titre, la seconde saison est une impressionnante succession de surprises dans laquelle les showrunners se paient le luxe de multiplier les arches narratives et les personnages principaux tout en gardant une clarté de propos proprement hallucinante.
La méfiance du spectateur est pourtant aux aguets, on se dit que c’est trop beau pour être vrai et qu’à un moment donné ils vont nous balancer une conclusion d’une facilité consternante. Mais à tous les coups, on reste bouche bée devant le résultat et à ce niveau-là, la saison trois bat tous les records.
Bêta-test et dieux antiques
Cette saison fut celle de tous les bouleversements. Tout d’abord, avec la conclusion ultra-dramatique de l’arche HR, Person of Interest abandonne le vigilante classique pour passer plein pot au thriller d’anticipation et terminer sur une explosion totale de son univers. On s’attendait bien à ce qu’un jour ou l’autre notre fine équipe se prenne un sévère retour de bâton, mais un comme ça, certainement pas. « This was never about winning, it’s just about surviving », lance Root sur la séquence finale alors qu’au fond Radiohead entonnent leur désormais classique Exit Music. Toutes les cartes ont été redistribuées et l’assurance de voir nos héros toujours s’en sortir, n’est maintenant plus aussi certaine qu’avant. En gros, c’est la super méga merde.
Mais plus encore, c’est sur la promesse d’un combat de titan que se termine cette saison trois. Deux entités virtuelles, surpuissantes, omnipotentes et omniscientes qui vont se battre par personnes interposées tels des dieux de la Grèce antique. Je ne vais pas en dire plus de peur de spoiler, et ceux qui ont suivi la saison savent pertinemment de quoi je parle. Hein ? Franchement, « what is your command? », non mais woooa quoi !!!
Il est assez remarquable de voir tout le terrain qu’ont couvert ces trois saisons et la manière dont Nolan et Plageman ont petit à petit plongé dans le comic book hyper malin et foutrement bien ficelé. Aujourd’hui Person of Interest n’est plus du tout ce qu’elle était à ses débuts, à savoir une série policière un brin basique. Après avoir passé un moment sur les rivages de Batman, elle regarde maintenant du côté de Ghost In The Shell et quelque chose me dit qu’on a encore rien vu.
Ah enfin un article sur cette formidable série.
Je trouve dommage que cette série n’est pas plus de visibilité dans les médias.
Tout le monde parle de The Good Wife ou de Hannibal comme étant les meilleures séries de network mais c’est dommage que tout le monde oublie POI qui n’a rien à leurs envier.
Je tire également mon chapeau à Jonathan Nolan d’avoir réussi à faire une série de sf d’anticipation juste après NCIS.
Super papier ! La claque des networks. Avec Good Wife et Hannibal, on a le trio de choc qui fait plaisir. Après une saison calamiteuse, networks et cable confondu, la fin de l’année se rattrape ardemment. Quelle orgie de bonheur sériephile : Fargo, Veep mais aussi Louie, Orphan Black et même Legit, y a pas à dire on est gâtés.
Merci pour ce papier, Mr Sheppard. Oui, on ne cause pas trop de POI et pourtant cette série TV, parait-il très regardée aux US, envoie du lourd niveau questionnements sur l’actualité chaude du moment : systèmes de surveillance type PRISM, éventualité de l’émergence d’une 1ère vraie IA (la façon dont c’est amené dans POI est juste hyper-réaliste), politique sécuritaire des US post 9/11 (un show comme ça rend le péquin lambda plus intelligent, vraiment, en lui faisant se poser les bonnes questions), légitimité de l’usage de la violence, drones, etc. Je suis fan de cette série et les différents arcs narratifs ont été plutôt bien articulés tout au long des 3 saisons. La dernière a été un peu plus faible me semble-t-il avec un excellent début, un milieu mou du genou mais une belle remontée en force à la fin. La conclusion de la saison 3 est étonnante, véritablement apocalyptique et donne grave envie d’embrayer sur la 4. Du divertissement de masse pas si con qui fait le job et ne peut que contenter les fans de cyberpunk !!!
Oui ! Je parle beaucoup autour de moi de cette série que pas mal de gens ont arrêté après les premiers épisodes certes un brin classiques, voire poussifs ! Mais quelle claque que cette fin de saison 3 ! Des scénaristes qui osent, ça fait plaisir ! Et ce papier aussi ! Merci donc 🙂
Bon, ben pareil les amis !
Début très classique, juste sympa en se disant qu’on va lâcher rapidement, puis on reste… puis on aime bien… puis c’est de mieux en mieux (avec peut-être un bémol pour le petit coté love-affair qui se termine heureusement par une balle … !!!).
Et puis le final de la saison 3 … la claque !!!! tout est parfait. L’idée, la réalisation, la musique … la claque quoi !