
Edito : Trop de super-héros ! Vraiment ?
Je ne sais pas si c’est parce qu’on est en plein printemps, que les fleurs bourgeonnent et que cela donne des chaleurs à certains. Je ne sais pas si c’est parce que le festival de Cannes se rapproche et que les petites plumes ont besoin de s’échauffer avant d’aller faire des courbettes sur la Croisette. Je ne sais pas si c’est la conséquence logique d’un trop-plein médiatique ou l’envie de faire son petit rebelle de service en s’attaquant à une cible facile.
Bref je ne sais pas ce qu’il se passe, mais il y une vrai éclosion de textes sur le même sujet. Et quel sujet mes amis Martiens ! Attention tenez-vous bien, ça dénonce, ça prend des risques, c’est de la pratique journalistique de haute volée ! A coté de cela les investigations sur les financements occultes des partis politiques ou les reportages sur le terrain en Ukraine c’est du pipi de chat ! Bon vous êtes assis ?! Alors figurez-vous que :
IL Y A UNE OVERDOSE DE SUPER-HEROS !!!
Personnellement l’overdose que je sens poindre c’est bien celle du genre d’articles sur lesquelles mes yeux ont eu le malheur de tomber cette semaine. Je serais vilain que j’y percevrais non pas une petite pointe d’anti-américanisme primaire, mais surtout de mépris envers un pan de la culture populaire mondiale. Après tout les mangas, l’animation japonaise, les jeux-vidéos, les super-héros¹ ou bien encore les séries TV y ont eu droit. Mais au fait, quels sont ces articles sur lesquels je m’énerve ? Hé bien saluons avant tout Olivier Séguret et Bruno Icher pour leur magnifique Super-héros : l’overdose (tintintin) puis accueillons Marc-André Lussier avec Les films de super-héros : bientôt la surdose ?²
On notera l’emploi de l’interrogatif d’ailleurs. C’est que M. Lussier ne veut pas trop se mouiller on dirait. Ça nous dit que ceux qui aiment ces films continueront à aimer, et que ceux qui n’aiment pas continueront à détester, ça place son petit coup de cœur pour Christopher Nolan, mais au final ça pose une question sans jamais y répondre. Comme seul morceau d’analyse, on se contentera uniquement de l’extrait du texte de Seguret et Icher que cite M. Lussier. Disons le clairement, ce genre de billet creux et sans intérêt n’aurait pas retenu notre attention s’il ne participait pas à la tendance décrite plus haut. Mais s’il est intéressant d’analyser et critiquer un genre cinématographique, ainsi que son contexte, encore faut-il bien le faire. Ce qui n’est pas le cas dans les textes cités plus haut qui relève avant tout de l’incompréhension et du mépris pour le sujet, que d’un vrai travail journalistique.
Ce qui est véritablement désolant dans l’article d’Olivier Séguret et Bruno Icher, ce n’est pas tant le ton méprisant pour un genre cinématographique aussi respectable qu’un autre, ce n’est pas que pour un article traitant de super-héros il n’est jamais fait mention de bandes dessinées mais de licences (dénié l’aspect artistique d’une création c’est pratique pour mieux la dénigrer). Ce n’est pas non plus qu’il soit truffé d’erreurs factuelles telles que celle d’affirmer que Disney a mis en place « le diabolique mécanisme » cinématographique (les films Iron Man et Hulk sont sortis avant le rachat de Marvel par Disney) ou bien qu’ils ont remis la main sur toutes les licences cinématographiques à ce moment-là. Rappelons que les droits d’exploitation de Spider-Man sont toujours chez Sony et que la Fox a toujours celles des X-Men et des Fantastic Four³.
Non au final ce qui est désolant c’est bel et bien cette affirmation : l’overdose de super-héros et le cannibalisme du cinéma, dans sa diversité et son économie.
Rappelons un chiffre, un seul et unique chiffre : quatre.
Seulement quatre films de super-héros sont sortis en 2013. Il s’agit de Wolverine – le combat de l’immortel (Fox), Thor – le monde des ténèbres (Marvel), Iron Man 3 (Fox) et Man of Steel (Warner). En 2014 sont sortis Captain America – Le soldat de l’hiver (Marvel), The Amazing Spider-Man – Le destin d’un héros (Sony) et sortiront X-men – Days of future past (Fox) et Les gardiens de la galaxie (Marvel). La voilà donc la terrible overdose, les voici les terrifiants cannibales ! Face aux dizaines et dizaines de comédies, polars, thrillers, drames et autres films à petits ou gros budgets, ils sont en effet terrifiants. Quatre films par an depuis quelques années quand l’amateur de ces créations mythologiques n’avait quasiment rien à regarder durant des dizaines d’années.
Quatre films qui côtoient des dizaines de comédies françaises aussitôt vues, aussitôt oubliées (l’anthropophagie n’est peut être pas là où on l’attend), quatre films dont un seul est dans les dix premiers au box-office en 2013 auprès notamment de deux films d’animations (Moi, moche et méchants 2 et La reine des neiges), un film de fantasy (Le Hobbit : La désolation de Smaug), un western (Django Unchained), un film intimiste (Gravity) et une comédie française (Les Profs). On peut le constater d’ailleurs, la diversité est menacée. Quatre films qui ne sont que la représentation actuelle d’un certain type de cinéma présent depuis des dizaines d’années sans jamais remettre en cause l’existence d’autres genres.
Alors je vous le demande Oliver, Bruno et Marc-André, vous ne vous foutriez pas un peu de notre poire ?
¹ Oui parce qu’il ne faudrait pas croire qu’on assiste là au pionnier de la critique envers ce genre. On est plutôt dans la queue de peloton. A quand un « La série télé est-elle mieux que le cinéma ? »
² Je vous en remets un petit peu pour la route ? Allez zou : Nathalie Chifflet avec Les super comédies tiennent tête aux super-héros n’hésitant pas à nous dire que « Les super-héros américains fatiguent le public français, qui depuis quelques mois a retrouvé le goût du rire et de sa comédie, pour couvrir le bruit et la fureur du cinéma américain ». Merci Nathalie mais j’ai horreur des gens qui parlent pour moi et j’ai du mal à comprendre pourquoi opposer succès des uns et succès des autres.
³ Cet éparpillement des franchises expliquant à elle seule la sortie de plusieurs films au même titres que toutes les chaînes produisent des séries policières.
Sans être totalement de leur avis, je peux comprendre leur ras-le-bol, qui pour moi s’explique par au moins une raison : le rouleau compresseur médiatique qui accompagne chaque nouvelle sortie. A la longue, ça use. D’autant que, comme ils sont issus de studios différents, nous assistons à la sortie de deux mastodontes – Spiderman et X-Men – à quelques semaines près, donnant ainsi l’impression d’une campagne médiatique en continue.
De plus, je suppose qu’ils ont l’impression que les studios se reposent sur les super-héros sans chercher à proposer autre chose – une sorte de valeur refuge – et que les couts faramineux qu’ils nécessitent pourraient être employés pour d’autres productions.
Par contre, je te trouve toi-même partial quand tu dis que « l’amateur de ces créations mythologiques n’avait quasiment rien à regarder durant des dizaines d’années ». Soyons honnête, le fan de comics n’est pas le principal public, et certainement pas celui visé ; pas assez nombreux, trop critique envers les changements apportés pour le bien des adaptations. Non, les studios cherchent à séduire le grand public, en leur proposant un contrat simple : « Avec les super-héros, nous vous garantissons de l’action à gogo, des personnages iconiques, et des films pas trop mal produits ». C’est un accord tacite entre avec les spectateurs, et pour ces-derniers, il s’agit aussi d’une valeur refuge. Ce qui mène à des aberrations comme Watchmen et Kick-Ass, qui se devaient de souscrire à l’équation « super-héros = grand spectacle », alors que les comics d’origine n’allaient justement pas dans ce sens ; ce qui n’empêche, une nouvelle fois, que ces métrages étaient bien produits et divertissants.
Néanmoins, je vois au moins une autre aberration poindre du côté de Marvel Studio : comment proposer des films toujours plus impressionnants, sans pour autant que les personnages n’affrontent des adversaires tels qu’ils devraient forcément appeler les autres Avengers à la rescousse. Maintenant qu’ils forment une équipe, il faudrait justifier dans leur scénario qu’ils continuent de combattre (presque) en solo des menaces mondiales. Mais les seules explications que nous ayons eu jusque-là, c’est que le téléphone du SHIELD sonne occupé (dans Thor 2) et que Nick Fury ne fait pas suffisamment confiance aux Avengers pour leur demander de l’aide, alors qu’il travaille avec une ancienne espionne russe carrément louche (dans Captain America 2).
« Sans être totalement de leur avis, je peux comprendre leur ras-le-bol, qui pour moi s’explique par au moins une raison : le rouleau compresseur médiatique qui accompagne chaque nouvelle sortie. »
Hum hum. Moi même je n’aime pas le football et je peux vous dire que le rouleau compresseur médiatique est quotidien et s’étend à l’année (rien à voir avec seulement 4 films). Et ça encore c’est sans parler des périodes façon Coupe du Monde. Il ne me viendrait pourtant pas à l’idée de vouloir empêcher les gens de regarder leurs matchs. Qu’ils en profitent ! J’ai le droit de zapper et tout le monde est content, chacun sa crémerie. Les films c’est pareil. En tout cas dans ma ville je ne suis jamais tombé sur une patrouille de police qui me forçait à aller voir un film contre mon gré. Donc « l’overdose » est un piège à cons. Personne – à moins d’avoir pour nom Tartuffe – ne peut crier à l’indigestion en parlant d’un plat qu’il ne mange pas. Et si l’argument est « ah oui mais on n’arrête pas de nous parler de ce plat-là dans les menus », ça reste faible.
Plus proche de vous, et dans un style plus fleuri, vous avez ce bon Dr. No qui semble en avoir plus qu’assez de ces gentils personnages costumés.
Tout ce que je dirais, pour ma part, c’est qu’à une époque, nous avions des blockbusters débiles sans scénario qui sortaient, maintenant nous avons des films de super-héros qui au moins ont le mérite d’en avoir un (de scénario), aussi basique soit-il. Je crois que nous avons gagné au change.
Ce n’est pas une référence. Ce mec en a assez de quasiment de tout de qui sort…son dénigrement du genre est aussi méprisant que les articles que cite Lord, les insultes en plus.
hum, je voulais écrire « de quasiment tout ce qui sort »?
J’ai tapé trop vite 🙂
A la manière des grands event ou crossovers de mes comics d’amour, je vous annonce que nous nous rencontrerons le Dr No et moi afin de régler nos comptes, concernant cette affaire, lors d’un combat épique qui détruira les villes et rasera les campagnes.
Dr No aura sa plus belle combinaison jaune et j’arborerais mon magnifique kilt rouge et noir.
Que cela soit dis et placardé sur tous les murs du web
En même temps, on ne voit jamais d’articles sur le trop-plein de ces comiques ou acteurs français qui font la tournée des popotes télé au moment de leur promo (dimanche chez Chazal, lundi chez Pujadas, mercredi chez De Caunes,…).
C’est sûr qu’une promo par Sony ou Fox, c’est autre chose qu’une promo Pathé ou Studio Canal…
Toute ma pensée résumée, merci Jérôme Tournadre : « La voilà donc la terrible overdose, les voici les terrifiants cannibales ! Face aux dizaines et dizaines de comédies, polars, thrillers, drames et autres films à petits ou gros budgets, ils sont en effet terrifiants. Quatre films par an depuis quelques années quand l’amateur de ces créations mythologiques n’avait quasiment rien à regarder durant des dizaines d’années. »
Soit dit en passant, il a oublié des films dans son équation. Kick-Ass 2, au hasard ? Il est pourtant bien sorti en 2013, ce me semble.
Bon, cela ne change pas grand chose au final, mais les bons comptes font les bons amis.
C’est volontaire. Outre que j’estime que Kick Ass n’est pas une histoire de super-héros, le fait que les personnes que je cite ne l’ont pas pris en compte dans leur logique ne m’incite pas, de même, à le faire.
Effectivement, il n’était pas dans leur propre liste. Après, Kick-Ass nous a été vendu comme un film de super-héros par son studio, même si le comics n’a rien à voir. Et, en même temps, l’adaptation n’a pas grand chose à voir avec l’original.
Le problème n’est pas tant qu’il y ait trop de films de super héros mais qu’ Hollywood ne prenne plus de risques en ne finançant presque (important le presque) plus plus les films plus exigeants ou originaux. Quand je lis que Spielberg a du mal à financer ses films, je me dis qu’il y a un gros problème à Hollywood.
Oui je l’avoue, de mon côté je sens poindre une overdose des films de super-héros, mais plus dans le sens où j’ai tellement l’impression de voir des films codifiés, formatés, qui se distinguent très peu les uns des autres.
Je pense surtout à Marvel en disant cela. Pour moi un film de super héros doit me faire m’évader, rendre incroyable ce super héros en le magnifiant. Plus je vois de super héros, plus ceux-ci se normalisent et ne sont plus des évènements qui nous font réellement rêver et nos évader puisque l’on en voit tellement. Et en même temps à chaque fois ou presque je laisse sa chance au film de super héros espérant des chocs comme les Batman de Nolan, ou plus récemment une bonne surprise comme Captain America 2.
Personnellement je sens peut être arriver une overdose si les films de super héros continuent à être aussi mauvais. Leur nombre ne me dérangent absolument pas, 4 films par an pour 3 studios c’est normal, mais j’avoue que voir q’un film médiocre a déjà trois suites de prévus avant sa sortie m’irrite légèrement.
Malgré ça je te rejoins dans ta démarche, ce genre d’articles sans aucun fond sont des aberrations.
(un détail : Iron Man 3 c’est Marvel pas Fox, tu as fait une faute de frappe ^^^)