
Edito : vers un nouvel exode ?
C’était l’objet d’un précédent édito, l’invasion des super-héros au cinéma. Il n’est guère étonnant de voir aujourd’hui ce même mouvement vers la télévision. Peu surprenant parce que c’est un genre explosif du point de vue comptable. Les chiffres ne cessent de grimper, le succès est au rendez-vous. Aux échos lointains qui tonnent une industrie en crise, le comic book devient sirène aux oreilles des responsables. Un produit tout prêt, ancré dans l’inconscient collectif qui ne demande pas des heures de conception. Eldorado du PDG qui voit dans ce rêve devenu réalité, sa nouvelle et fulgurante réussite financière.
Bien évidemment, ce n’est pas si simple. Il faut que cette approche transversale soit nourrie d’une réelle ambition artistique. Le terme d’adaptation prend tout son sens. Respect du matériau original, compréhension de ses codes narratifs, appropriation des thématiques et transposition vers un nouveau médium. Ce simple enchaînement d’action devrait permettre d’accomplir un travail honnête et sans bavure. L’histoire nous a prouvé que ce n’était pas souvent le cas.
Le passé télévisuel est pavé d’adaptation de comic books. Réussite honorable pour certains, purge pour d’autres, rares sont les œuvres suffisamment significatives pour imposer une règle. Le phénomène des super-héros sur écrans reste récent (année 2000). Au cinéma, le Superman de Donner et le Batman de Burton sont espacés de presque dix ans. Entre les deux, c’est plus ou moins la disette. Ce qui change, c’est la place qu’occupent les super-héros dans l’espace médiatique. Et c’est ce point précis qui risque de modifier la perception qu’auront les auteurs qui adapteront les comics. A la télévision, Batman (1966), Hulk (1977), Wonder-Woman (1975), ces trois exemples montrent bien l’approche problématique du genre : on adapte un super-héros en exploitant les gimmicks sans se soucier du matériel de base. Les séries, exceptée l’exploitation des costumes et personnages récurrents/fondamentaux n’entretiennent que peu de rapport avec leurs homologues papiers. Plus qu’une oeuvre, c’est un produit que l’on adapte. Une marque dont on n’a que faire de sa mythologie et du vivier d’histoires qu’elle contient.
Aujourd’hui, le genre super-héroïque bénéficie d’un support public conséquent qui impose une nouvelle attitude. Une forme de respect de l’oeuvre et de sa nature réelle. Cette mutation, rendue possible grâce aux succès colossaux des adaptations cinématographiques, risque de toucher considérablement la télévision. Car si les mentalités ont suffisamment évolué pour voir dans ce genre autre chose qu’un programme pour enfant, dans le monde des comics lui-même, beaucoup de choses ont changé. Il est dès lors intéressant de dresser un parallèle entre la série et les comics, comment ces deux médias ont suivis un parcours similaire (et chaotique), comment leurs codes narratifs sont semblables jusqu’à leur conception.
A l’heure où quatre nouveautés des networks sont des adaptations de comics (Gotham, Flash, Constantine, iZombie), que l’on attend une salve Marvel sur Netflix (Daredevil, Iron Fist, Jessica Jones, Luc Cage), que Heroes semble renaître de ses cendres, la perspective de dresser un état des lieux semblait indispensable. Si l’histoire entre la télévision et les comics est longue, jamais les deux médias n’ont été aussi proches. C’est pourquoi, cette semaine au Daily Mars, nous allons nous pencher sur la question à travers un dossier thématique où, plutôt que de dresser un simple inventaire, il sera question de consommation, de média, de supports, de l’écriture de Bryan Fuller, de la représentation du super-héros, ou des séries qui ont prolongé leur existence dans les comics. Une programme homérique qui vous tend les bras.
« super-héros sur écrans reste récent (année 2000) »
Pas vraiment, non : Superman, Lois & Clark, Flash, Batman, X-Men, Hulk, Fantastic Four, Avengers, Iron Man, et même Wild C.A.T.s, nous avons eu toutes ces adaptations dans les années 90 à la télévision. Alors, je sais que pour certains, tout ce que la télévision a produit avant Lost n’existe pas ou est bon à jeter, mais il faudrait quand même se renseigner avant de proférer de fausses vérités.
Gémini : l’article dit « Le phénomène des super-héros sur écrans reste récent (année 2000). » Ca ne veut pas dire qu’ils n’ont jamais été adapté sur les écrans avant les années 2000 (bien au contraire), ça veut seulement dire que c’est à partir des années 2000 qu’ils sont devenus quasiment incontournables auprès du grand public et des producteurs en faisant des audiences records.
Plus d’une dizaine de séries TV populaires dans les années 90, je n’appelle pas ça un phénomène tardif.
The Flash, la série, n’a duré qu’une saison (sept 90 – mai 91).
Lois & Clarck, de sept 93 à Juin 97.
Superboy de 1988 à 1991.
Superman, la série live date de 1951.
Comme indiqué dans l’article Batman (1966), Hulk (1977), Wonder-Woman (1975).
Je parle de séries live diffusées en prime time. Pas d’animation. Le retentissement n’est absolument pas comparable. Si vous connaissez des séries live des Avengers, Iron Man ou des X-men diffusées en prime time,je suis preneur. Quand bien même ma culture série ne commence pas en 2004, je n’en ai jamais entendu parler.
Les adaptations ont toujours existé. Chaque décennie semble accueillir au moins une adaptation (live) d’un super-héros. Actuellement, on peut suivre 4 adaptations (au sens large) de comics la même semaine et l’année prochaine, le chiffre pourra presque être multiplié par deux. La différence d’échelle est suffisamment significative pour parler de phénomène.
Enfin ce texte est une vue générale et ne tient pas rentrer dans les détails, ce sera l’objet d’autres articles publiées tout au long de la semaine.
« Pas d’animation. »
Comme d’hab…
« et même Wild C.A.T.s »
(mon dieu et moi qui pensait avoir oublié)
(nonnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn)