
En attendant… la saison 4 d’Arrested Development
Le 26 mai dans la journée sera mis à disponibilité, par Netflix, de nouveaux épisodes d’Arrested Development, comédie mythique de la télévision américaine, autrefois diffusée sur la FOX pendant trois miraculeuses saisons. 3 années où la série n’a jamais vraiment trouvé son public, mais où elle a été saluée par la critique.
Arrested Development, c’est l’histoire de la famille Bluth. Le patriarche, George, est mis en prison pour avoir falsifié la comptabilité de la compagnie. Michael Bluth, son fils, doit prendre sa suite à la tête de l’empire, et gérer avec sa famille : Gob, son grand frère, magicien raté; Lindsay, sa soeur, fausse activiste; Lucille, sa mère, infâme profiteuse; et Buster qui est… Buster… mais aussi son fils, George Michael, qui est secrètement amoureux de sa cousine, Maeby, fille de Lindsey et Tobias Fünke, analiste et thérapeute qui se targue d’être le premier « analrapist » (si vous voulez être fidèle, c’est « analrapeute », si vous voulez rire, ça se traduit « violeur anal »).
Pendant son existence sur la FOX, la série a repoussé les limites de la comédie en single-camera (1). Elle a prouvée une maîtrise de l’humour par le dialogue, le non-sensique, le slapstick, les cutways jokes (2)… Son rythme est tel qu’il faut souvent regarder plusieurs fois les épisodes pour y déceler toutes les jokes présentes, sachant que parfois, deux se déroulent en même temps.
Du coup, on pourrait se dire que la voir revenir n’est que du bonheur dans un paquet doré enrobé dans un ruban en soie. Sauf que…
Sauf que ça n’est pas vraiment une nouvelle saison d’ Arrested Development. Chaque épisode (15 au total) est censé être centré sur un seul personnage de la série. Tous les épisodes sont censés se dérouler dans la même période temporelle, et il faudra donc être attentif aux entrecroisements (on imagine déjà les fans tordus essayant de remettre la saison dans l’ordre). En soit, l’idée peut être enthousiasmante, mais ce procédé n’a qu’un but : servir de prologue à Arrested Development, le film, le serpent de mer des années 2000.
En gros, si la série est un succès, un film devrait suivre. Mitchell Hurwitz y croit fermement, pour lui, cette saison est un one-shot. Pour Netflix, par contre, l’espoir de faire d’autres saisons de la série est présent. Compte-t-il sur la probabilité que la FOX ne veuille pas faire le film qu’Hurwitz fantasme (rien n’est signé, du coup, c’est une hypothèse à prendre en compte) ?
Depuis l’arrêt de la série, on ne peut pas dire qu’Hurwitz nous ait rassuré. Entre ses adaptations de formats étrangers (le plutôt raté Sit down, shut up, les inaboutis remakes de The thick of it et Absolutely Fabulous) et Running Wilde, rien de bien emballant. Etait-il tellement toujours la tête dans Arrested Development qu’il lui était impossible de retrouver son niveau pour autre chose ? Va-t-il retrouver son allant juste par magie, au contact de la famille Bluth ? Rien n’est à exclure à ce jour. Ni que la série soit au final une déception, ou au contraire, une formidable réussite.
Le grand coup de maître de la production, pour l’instant, a été de réussir à réunir tout le casting d’origine, même si la plupart sont pris sur différents projets. D’après les échos, tout n’a cependant pas été simple. La structure « 1 épisode, 1 personnage » semble d’ailleurs être une résultante directe de cette problématique.
Oui, on a peur. On a peur car les trois saisons d’Arrested Development sont un vrai bijou. Et que sa fin, même si elle est arrivée trop vite, donnait un vrai sentiment de clôture sur la série. On espère que tout le monde n’est pas revenu juste pour revenir, qu’il existe là-dessous une vraie envie de raconter une histoire.
On croise les doigts, sincèrement (3).
ARRESTED DEVELOPMENT, Saison 4 (NETFLIX)
Créée et showrunnée par Mitchell Hurwitz
Avec : Jason Bateman (Michael Bluth), Michael Cera (George Michael Bluth), Will Arnett (GOB), Jeffrey Tambor (George Bluth), Jessica Walter (Lucille Bluth), David Cross (Tobias Fünke), Portia de Rossi (Lindsay Bluth Fünke), Tony Hale (Buster Bluth), Alia Shawkat (Maeby Fünke), Ron Howard (Narrateur)
(1) : A l’inverse des sitcoms tournées sur plateau avec plusieurs caméra, les comédie sans public sont définies comme étant des « single-caméra ». Rentrent dans la définition des séries comme The Office, Malcom in the Middle, Parks and Recreation…
(2) : Coupure dans le récit pour insérer une séquence hors narration juste dans un but humoristique. Parfois une séquence filmée très courte, parfois juste une photo. Un procédé très utilisé sur Family Guy, par exemple.
(3) : Et si c’est fantastique, on sera les premiers soulagés, et prêts à crier au génie. Soyez sûrs qu’on ne boudera pas notre plaisir.