
En rouge et noir (Critique de Deadpool)
Nous l’attendions avec impatience en ce début d’année 2016, le premier super-héros à ouvrir le bal est bien là : Deadpool, roi du cool.
Qu’en est-il de ce nouveau né des studios Fox (X-Men) ? L’acteur Ryan Reynolds est-il à la hauteur de son personnage complètement barré ? Y a-t-il une certaine nouveauté dans cette énième adaptation ? Quel est le résultat final de ce projet passé de mains en mains (Artisan Entertainment, New Line Cinema, 20h Century Fox) depuis plus de 15 ans ?
Synopsis : À la suite d’une lourde expérience, le mercenaire Wade Wilson devient Deadpool. Doté d’un pouvoir de régénération surhumaine, d’une force surhumaine et d’un humour noir et tordu, il se lance à la poursuite de l’homme qui a failli détruire sa vie.
Attention voilà un film survitaminé ! Insolent, dérangeant et surtout hilarant, le personnage de Deadpool est ici retranscrit de manière fidèle au comics. Complètement conscient de son existence fictionnelle, le personnage ne cesse de briser le quatrième mur en nous prenant à partie tout au long du récit. L’avantage de cette mise en scène consciente d’elle-même permet de désamorcer nombre des problèmes du film, tels que son budget par exemple. Chaque petit reproche qui nous vient à l’esprit est assez intelligemment contré (cf : scène du casting des X-Men, où l’on nous explique cordialement que le guest a un cachet un peu trop élevé et que nous devrons nous contenter de peu côté célébrité).
Les clins d’œil pour les fans sont constants et en contenteront beaucoup, car il est toujours agréable entre deux vannes de choper un petit détail dans le décor ou de repérer les easter eggs, tous plutôt bien disséminés.
Mais, passée la belle surprise et la franche rigolade, qu’en est-il réellement des qualités de ce film ? Deux aspects passent directement dans la case négative : la réalisation assez banale et plutôt ordinaire, ainsi que le déroulé dramaturgique. La mise en scène de Tim Miller (co-fondateur de Blur Studio, boîte spécialisée dans les VFX) est surtout axée sur de jolis ralentis et un montage ultra cut. On regrettera que le bonhomme (sur le projet depuis 2011), dont c’est le premier film, ne se soit pas plus lâché. Contrairement à son fond, la forme de Deadpool est assez sage et on regrette une trop fine prise de risque à l’image. Malgré une scène finale aux effets spéciaux maîtrisés (et oui, on est jamais mieux servis que par soi-même), le budget du film s’en ressent et on ne peut s’empêcher de trouver un petit aspect cheap au résultat final.
Mais le réel problème ici, c’est l’épaisseur du scénario en termes de déroulé narratif. Nous sommes clairement dans la présentation d’un nouveau héros, d’un personnage que l’on doit apprendre à connaître ; mais est-ce une raison valable pour ne pas donner au spectateur une histoire de meilleure qualité ? Malgré les allers-retours dans les différentes temporalités de la vie du personnage et la voix off, on se rend vite compte qu’il n’y a pas grand-chose de plus que le schéma classique « transformation-vengeance-enlèvement de la fille », et on s’en retrouve un peu déçu.
Seule grande qualité du scénario de ce film : ses dialogues, taillés à la perfection et efficaces. On rit, de manière quasi continue, et on s’attache à ce personnage complètement fou.
Là voilà d’ailleurs la grande qualité de ce film qui risque de tous nous mettre de son côté : Ryan Reynolds, comédien de talent qui ne demande qu’à s’amuser et qui a toujours mis beaucoup de lui et d’énergie dans le projet. Ici, c’est une sorte de nouvelle génération d’acteurs comiques qui naît. Tel un Jim Carrey qui porte son Mask, Ryan endosse sa combinaison noire et rouge pour nous livrer un spectacle divertissant et sans prise de tête. Il est d’ailleurs aisé de comparer The Mask et Deadpool, deux personnages complètement désinhibés, parfois au service des autres, très souvent au service d’eux-mêmes, deux histoires complètement barrées, aux délires complètement fous. On remarquera également la présence de l’excellent T.J. Miller (Silicon Valley) dans le rôle de Weasel, bras droit de Deadpool, ainsi que de la magnifique Morena Baccarin (Homeland, Gotham). Le méchant, quant à lui, est assez classique, peu effrayant et pas très épais. Assez vite énervant, on se régale des scènes où Deadpool le ridiculise.
Deadpool est donc clairement un film amusant, divertissant, piquant et assez novateur par son ton et ses dialogues décalés. Cependant, il manque quelque chose à la forme et à la mise en scène du film, quelque chose de plus grand, de plus fou. Mention spéciale au générique de début très chouette et à Ryan Reynolds qui nous prouve une fois de plus (après Captives, The Voices, Buried) qu’il fait partie des grands de cette nouvelle génération trop souvent sous-estimée. Espérons que le scénario du suivant (s’il y en a un) sera de meilleure facture, car passé le prétexte de la mise en place d’un nouveau personnage, ils n’auront plus d’excuses…
Deadpool (1h28) de Tim Miller avec Ryan Reynolds, TJ Miller, Morena Baccarin, Ed Skrein, Brianna Hildebrand et Gina Carano. Sortie le 10 février.
Mauvais sur la forme, c’est inquiétant. C’est vraiment là-dessus que j’attends Deadpool, qu’il joue avec le 4ème mur de façon plus inventive que de simples vannes méta.
Tantôt les passages deadpool (combat, taxi…) m’ont bien amusés, tantôt les passages wade wilson avant d’être deadpool m’ont passablement ennuyés. Trop vulgaire, trop lourd, histoire d’amour inutile car totalement niaise. J’aurais bien aimé que l’intrigue soit aussi folle que les dialogues. Trop de vanne « geek » et cul cradingue, on a l’impression d’être tenu par la main pour nous faire adhérer au film. Je suis pas contre mais ç’aurait du être moins lourdingue.