
Et 6 l’été m’était conté… 1976 (première partie)
L’été est finalement arrivé et l’équipe de la section Musique du Daily Mars est partie se faire implanter des souvenirs de vacances factices chez Rekall ou effectuer une retraite de méditation Jedi sur Dagobah. Mais nos sympathiques rédacteurs vous ont laissé leur collection de capsules temporelles pour que vous puissiez vous faire une idée de ce à quoi le monde de la musique ressemblait il y a 10, 20, 30 ou 40 ans.
Chaque mercredi de cet été, le Daily Mars vous propose un petit retour en arrière sur un album (et un titre) emblématique des années 1976, 86, 96 et 2006. Pour commencer cette saga d’été, penchons-nous sur un « tube méconnu » : (Don’t Fear) the Reaper de Blue Öyster Cult. Avant toute chose, même si ce titre et le nom de ce groupe ne vous disent rien, vous connaissez forcément cette chanson.
“All our times have come…”
Si vous n’avez mis ne serait-ce qu’un pied dans la culture pop au cours de ces quarante dernières années, vous avez forcément trébuché sur ce morceau à un moment ou à un autre. Il a été utilisé absolument partout. De la bande originale d’Halloween de John Carpenter en 1978 à son remake de 2007 par Rob Zombie, cette chanson a également servi dans d’innombrables séries télévisées (Orange Is the New Black, Parks & Recreations…). Hors du grand et du petit écran, des livres comme le cycle du Disque-Monde de Terry Pratchett ou Le Fléau de Stephen King y font directement référence. Enfin, pour les anciens gamers – ceux qui ont goûté aux joies des « films interactifs », ce genre faisait florès à la fin des années 90 – elle figure également sur la B.O. du jeu vidéo Ripper (1996).
Avec sa ritournelle arpégée, ses harmonies vocales délicieusement seventies et ses paroles au romantisme suranné, la première moitié du morceau a tout d’un tube imparable. Après deux minutes trente en forme de parfait single radio, le titre vrille complètement et s’engage sur un pont instrumental (où la prouesse guitar-héroïque le dispute au trip psychédélique) avant de retomber sur ses pieds – et sa rythmique initiale – pour un crescendo final… Avec cette chanson à mi-chemin entre ballade pop et trip halluciné, Blue Öyster Cult (BÖC) réussit une synthèse quasi-parfaite de toutes les influences qui traversent leur musique. Au passage, ils en profitent également pour signer le plus gros succès de sa carrière.
“This ain’t the summer of Love!”
C’est sur cette sentence sans appel que s’ouvre Agents of Fortune, le quatrième album des rockers new-yorkais. Nous sommes en mai-juin 1976. Depuis ce fameux « Summer of Love » (à l’été 1967), qui a marqué l’apogée du Flower Power, les temps ont bien changé. En août 1969, Charles Manson a tué les sixties, le mouvement hippie… et neuf personnes (dont l’actrice Sharon Tate, la femme de Roman Polanski). En décembre de la même année, le concert des Rolling Stones au festival d’Altamont est marqué par la mort d’un spectateur noir, Meredith Hunter, tué sous les yeux du groupe par les Hells Angels chargés d’assurer la sécurité de l’événement. Ce clou (macabre) du spectacle vient définitivement refermer le cercueil sur cette décennie.
C’est dans cette époque bizarre et désenchantée du début des années 70, entre le premier choc pétrolier et une guerre au Vietnam qui refuse obstinément de s’achever, que le hard rock prend peu à peu la place de la folk music et à l’acid rock sur le devant de la scène musicale. Blue Öyster Cult, c’est le versant « côte Est et intello-chic » de cette première vague de groupes, à l’opposé des bikers canadiens de Steppenwolf (les auteurs du mythique Born to Be Wild) par exemple. BÖC se démarque, grâce à des textes ésotériques, mâtinés de science-fiction et un aréopage de collaborateurs prestigieux parmi lesquels l’auteur de fantasy Michael Moorcock ou encore Patti Smith (qui, avant de devenir une icône du rock doublée d’une poétesse punk, était la petite amie d’un des membres du groupe).
BÖC est un groupe dont la discographie est à (re)découvrir… en commençant par ce qui est peut-être leur chef-d’œuvre : l’album Secret Treaties, sorti en 1974.

© Eric Meola, Columbia Records
Dans notre mange-disque, à l’été 1976, il y avait aussi…
Après le classique, The Boys Are Back in Town, les rockers irlandais de Thin Lizzy continuent d’égrener en 45 tours les tubes de l’album Jailbreak.
Pendant ce temps, en France, un chanteur frisé, prénommé Alain, qui prétendait avoir dix ans deux ans plus tôt, sort son deuxième album, Bidon. Carton plein !
Et parce qu’une mode chasse l’autre, les faux-frères (new-yorkais, eux aussi) des Ramones, annoncent la déferlante punk qui arrive. “One-two-three-four!”
Ah, et sinon, en réponse aux Dents de la mer de Steven Spielberg, sorti l’année précédente, dans l’hexagone, on a… Gérard Lenorman et son Gentil dauphin triste.
Bonus
En titres bonus, deux reprises de (Don’t Fear) The Reaper, radicalement différentes de l’original : la première, folk, par le chanteur Gus, qui figure sur la B.O. du premier Scream de Wes Craven (1996), et une seconde, électronique, tirée du premier album des Anglais d’Apollo 440, Millenium Fever (1995). Si, avec tout ça, vous n’y trouvez pas votre compte…